[JRR Tolkien] Un certain nombre de personnes confondent, à mon avis, les effets de résonance d'une oeuvre avec l'allégorie qu'elle développe. Les premières résident dans la liberté du lecteur, l'autre dans la suprématie supposée de l'auteur.
"Imaginer la mythologie me plaît, au même titre que le mystère de la création littéraire [...] Dès mon plus jeune âge j'ai été affligé par la pauvreté, sur ce plan, de mon pays que j'aime tant. Il ne possédait pas d'histoire propre présentant la qualité que je désirais et que je rencontrais dans les langues étrangères. Il y en avait de grecques, de celtiques, de romaines, de germaniques, de scandinaves, de finnoises ; mais rien d'anglais, sinon une matière appauvrie jusqu'à la banalité". Là était l'ambition de Tolkien, et son obsession atteignait un tel degré qu'on pourrait soutenir que les mérites littéraires de son conte épique, ce Seigneur des Anneaux, s'en trouvèrent presque relégués au second plan.
L'une des plus célèbres déclarations de Tolkien est venue en réponse à la question de l'origine des Hobbits. "Tout ce dont je me souviens, à propos du point de départ de mon livre Le Hobbit, c'est que j'étais assis, corrigeant des devoirs du certificat d'études et habité par la fatigue permanente née de cette tâche annuellement imposée aux universitaires impécunieux. Sur une page blanche j'ai griffonné ceci : "Dans un trou du sol vivait un Hobbit." Pourquoi l'ai-je fait ? Je ne l'ai pas su. Je l'ignore encore."
J.R.R. Tolkien a raconté, autrefois, que la découverte de l'anneau, dans la caverne d'un Orque, par Bilbon Sacquet, fut aussi surprenante pour l'auteur que pour le Hobbit, son héros. Tolkien était aussi peu connaisseur de cette histoire que Bilbon Sacquet, sur l'instant.