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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un petit roman assez difficile, en effet, directement inspiré d'une oeuvre d'art contemporain. En fait, même sensation que devant certaines oeuvres ou performances d'art contemporain, dans ce livre-tableau où rien ne bouge, où on oscille entre étrangeté fascinante, sentiment de toucher un truc génial, et vide absolu. Sensation de passer très près de quelque chose, mais parfois aussi, à côté de quelque chose, sans dévoiler l'intrigue – il y en a tout de même une, très mince -, j'aurais aimé un récit plus long, plus consistant (sur le thème de la guerre notamment), on peut rester un peu insatisfait, mais charmé aussi, de cette impression d'effleurer les choses, le thème, les personnages, le décor… La beauté n'est pas absente, elle est fugace et se mérite, ne se laisse pas toujours attraper (comme dans un musée donc). Ma partie favorite est au début, simple et brillante, dans la description de cet homme qui assiste à la projection au ralenti (sur 24h) de Psychose, d'Hitchcock, et qui se coule dans le film, dans le temps immobile… de très belles phrases sur la psychose, et en définitive une nette impression, très psychanalytique, de ‘rencontre manquée avec le réel'. Curieux objet littéraire, qui mérite qu'on y revienne pour l'apprivoiser autrement, ou simplement pour se confronter à son altérité… comme au musée.


Lien : http://laclefdefa.wordpress...
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Jim Finley, jeune cinéaste se rend dans un con perdu en plein désert afin de rencontrer Richard Elster, un septuagénaire sur lequel il a l'intention de réaliser un documentaire. Ce vieil universitaire de 73 ans l'intéresse en effet au plus au point de par les expériences qu'il a vécues et notamment sa participation à la guerre d'Irak. Ce dernier est assez solitaire et a du mal à se confier, tentant toujours de dévier la conversation vers un autre sujet. La solitude des deux hommes est bientôt rompue par l'arrivée de Jessica, alias Jessie, la fille de Richard Elster. Celle-ci va leur apporter dans le coeur de ceux-ci une lueur de joie ...jusqu'au jour où elle disparaitra d'une mystérieuse façon, disparition qui, bien que suggérée, ne sera jamais réellement expliquée et le lecteur ressentira l'effet de quelque chose d'inachevé, de non-dit.
Point oméga est en fait une réflexion sur la vie et sur notre présence sut terre. Que sommes-nous sensés accomplir durant le peu de temps qui nous est octroyé en ce vaste monde ?
Magnifique roman de Don de Lillo qui pose des questions existentielles et nous invite à mener notre propre interprétation. À lire !
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. Petit ouvrage planant haut, au contenu énigmatique, au style pur, et dont le thème porteur semble être le temps, le temps perdu surtout, ou la vie « en dehors des infos et de la circulation ».
Le roman part de la vidéo d'un artiste américain, 24 hour psycho, projeté au Museum of Modern Art (MoMa) de New York, et qui étire le film Psychose de Hitchcock sur 24 heures, sans bande-son associée. Un spectateur y passe ses journées, fasciné par ces sortes d'arrêts sur images, de mouvements décomposés, scènes connues du meurtre de Janet Leigh par Norman Bates (Anthony Perkins), sous la douche, chute dans l'escalier du détective privé, le visage tailladé, chaque scène durant des heures, en tout cas « un segment de temps radicalement modifié ». Devant cet écran, comment échapper, face à ce temps presque arrêté, à « la profondeur des choses, si faciles à manquer dans l'habitude superficielle de voir » ? À se demander si on n'est pas dans le réel dans cette installation, alors que le film original ne serait qu'une fiction ? le réel, quel réel ?
Avant de revenir au musée à la fin de l'ouvrage, l'auteur nous amène dans le désert où l'on retrouve deux personnes aperçues au musée, un jeune cinéaste, Jim Finley, et un vieil homme qu'il voudrait filmer, Richard Elster, ancien expert en stratégie militaire, conseiller écouté, un conservateur qui eut un rôle dans la guerre en Irak, tout en étant longtemps resté extérieur aux staffs gouvernementaux. La fille d'Elster les rejoint dans un deuxième temps.
Là se déploie tout l'art de DeLillo, entre le sens donné aux propos des protagonistes et l'esthétique du texte, le rythme, la succession des dialogues entre les deux hommes et des impressions du cinéaste-narrateur. On peut se laisser bercer par la musique des mots, ou chercher à approfondir les propos d'Elster, qui fuit les villes où tout est conflit pour cette maison dans le désert, lieu de retraite spirituelle, où « il ressent le paysage plus qu'il ne le voit », car «  le temps ralentit, devient aveugle ».
Volontairement mystérieux, le stratège militaire qu'est Elster semble s'opposer aux stratèges qui complotent, monde fermé qui mène une guerre abstraite, envoyant des armées à des endroits sur des cartes, qui ne correspondent à aucune réalité, et sont pourvoyeurs de mots, d'images, de slogans. Partisan de « la guerre haïku, une guerre en trois vers avec un nombre fixe de syllabes », à la recherche « d'un ensemble d'idées ayant à voir avec des objets éphémères », au coeur de l'histoire vivante de son pays, il moque « les estimations, les statistiques, les rationalisations » de ses collègues. Il n'obtiendra pas les habilitations nécessaires. Il aura tout de même une brève carrière gouvernementale, confirmant son opinion que « tout gouvernement est une entreprise criminelle », qui entretient des fantasmes comme les armes irakiennes de destruction massive, ou qui se repose sur des empires financiers mafieux, malhonnêtes.
Puis, se soustrayant à cette agitation urbaine, il s'installe dans le désert, se laissant gagner par le temps à perdre, par des dialogues ou monologues sur le point oméga, le paroxysme et la convulsion du monde à quoi vise la société, le rêve d'extinction, la reddition, etc.
Ce livre n‘est pas que réflexion théorique sur la guerre, le temps et la vie, c'est aussi une relation vivante entre un aîné et son disciple, entre un jeune homme (le cinéaste) et une jeune femme (la fille d'Elster), d'ailleurs surtout faite de fantasmes, enfin un questionnement sur une disparition qui révèle l'amour fou du vieil homme pour sa fille et sa détresse devant ce qu'il ne comprend pas. On redescend sur terre, et la réception est douce. DeLillo nous désarme insensiblement.
Le lecteur est captivé par cette écriture, limpide dans sa complexité, imagée, cette narration souple, variant de la réflexion à l'action, avec un brin de mélancolie. Si l'on est par moment désarçonné, il faut s'en remettre à cette réflexion de DeLillo : un roman est un challenge pour le lecteur, il l'est aussi pour l'écrivain.
Lien : http://lireecrireediter.over..
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Après ma lecture ratée d'Americana, j'avais à coeur de comprendre pourquoi Don DeLillo était considéré comme un des grands écrivains américains. On m'a conseillé Outremonde et L'homme qui tombe (qui sont donc du coup tous les deux dans ma PAL) mais ils sont juste énormes. Alors quand j'ai vu à la librairie que le nouveau Don DeLillo était tout compact (140 pages) et qu'en plus ma libraire avait beaucoup aimé … je n'ai pas trop hésité !

J'ai eu raison parce que j'ai trouvé le livre réussi dans son propos. Il y a des histoires communes avec Americana, notamment le jeune homme qui veut faire un film pour expliquer ce qu'est vraiment l'Amérique, et notamment qui a décidé la Guerre en Irak. Il montre notamment que Richard Elster est très affecté par cette guerre, et que maintenant il se laisse aller jusqu'à ce que seul sa fille puisse compter pour lui. Cette partie n'est pas du tout exploité par Don DeLillo comme si finalement c'était vain.

Son personnage principal est le temps, les personnages secondaires les humains qui gravitent autour de ce temps, un temps différent suivant l'endroit où on se trouve. le temps quand on est en Californie, le temps quand on est sur la côte est, le temps quand on est dans le désert, l'avancée du temps, le temps quand quelqu'un disparaît. Pour figurer tout cela, il était obligé d'avoir des personnages secondaires pour décrire les sensations. J'ai beaucoup aimé les parties sur 24 Hour Psycho qui parle de ce que serait un film si on le ralentissait au rythme de la vie, de tous les détails que l'on pourrait percevoir alors. L'entremêlement des personnages, et surtout de qui est qui, est à mon avis très subtil et très fin et marque l'importance des coïncidences dans la vie.

Americana était un des premiers livres publiés de Don DeLillo : il marquait une sorte de désespérance par rapport à l'Amérique que l'on ne voit pas dans les journaux. Dans Point Oméga, c'est un Don DeLillo de la maturité qui a appris à vivre avec son Amérique et qui s'intéresse au temps et surtout à ce que le temps gardera.

En conclusion, ce livre m'a permis de me réconcilier avec un auteur !
Lien : http://cecile.ch-baudry.com/..
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"L'art est la vie. La vie est l'art." disait l'artiste allemand Wolf Vostell.
"Chaque moment perdu est la vie" dit Don de Lillo (écrivain américain)
dans Point oméga (ce point qui, selon Teilhard de Chardin, est "hors de notre biologie", point de convergence de l'évolution vers Dieu) et il fait un arrêt sur images "sans dialogue, ni musique, ni bande son" du film Psychose passé au ralenti sur 24 heures dans une exposition d'art conceptuel. Puis, au coeur du désert ( moment suspendu dans le temps à durée indéterminée) il fait filmer Richard Elster "un intellectuel de l'armée", "détaché des évènements", qui voulait une "guerre haïku" éphémère ("voir ce qui est là puis se tenir prêt à le voir disparaître"), par un jeune cinéaste, Jim Finley, intellectuel aussi, qui s'interroge sur "le bon droit de la guerre" et "le temps qui s'effondre dans l'immobilité des images", puisqu'ils ont vu tous deux l'expo new-yorkaise. "Sur la pellicule, le visage c'est l'âme" et Elster est plus vulnérable qu'au prime abord surtout lorsque sa fille se volatilise !!Point oméga, qui manie des concepts d'art et de philosophie hermétiques est un infini embrumé bien éloigné de mes petits bains quotidiens dans l'infini des vagues!
Donc(pour moi) intéressant pour comprendre un peu ce qu'est l'art conceptuel, mais bien trop conceptuel!
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Récit court mais très intéressant et surtout extrêmement riche. La richesse ne se situe pas dans la trame de l'histoire mais dans les différentes réflexions philosophiques et esthétiques du narrateur qui est aussi le héros du livre.
Un questionnement sur le temps, sur la place de l'individu, sur la nature des rapports affectifs, des questions esthétiques sur la nature de l'oeuvre d'art et sur l'intentionnalité de l'artiste.
Ce pourrait être pompeux, mais le style lapidaire et fluide de Don DeLillo surmonte cet obstacle sans souci.
Les personnages paradoxalement ne sont pas plus approfondis que cela, ils semblent davantage servir le propos même de l'auteur, et ne sont que des facettes de ses interrogations, ce qui rend notre identification à ces problématiques très efficaces. Les dialogues sont fins, ils sont subtiles et rythmés, on ne s'ennuie pas et l'on aime les traits d'esprit distillés ça et là.
J'ai vraiment beaucoup aimé, il est court comme il faut, davantage il nous aurait lesté, moins il nous aurait frustré, il nous laisse cependant en suspens avec nos questions, il ne tient qu'à nous de trouver des réponses.
Une réussite.
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