J'attendais ce troisième tome avec impatience (certaines personnes de mon entourage ont pleuré de joie quand je l'ai eu, se pensant enfin débarrassées de mes jérémiades. Haha, quelle naïveté… C'était sans compter la phase de lecture. Mais bref.) Ce roman s'inscrit parfaitement dans la lignée de ses prédécesseurs. L'autrice l'a saupoudré de son habituel humour incisif, de débats très actuels (écriture inclusive, consentement et féminisme, entre autres) et d'un peu de destruction de monuments parisiens (c'est en quelque sorte une tradition dans cette trilogie).
C'est aussi l'occasion de découvrir de nouveaux personnages, dont les soeurs de coven d'Agnès que j'ai beaucoup appréciées. Leurs personnalités tranchées enrichissent le roman, malheureusement elles donnent parfois l'impression d'être là afin de justifier l'évocation de combats sociaux. J'aurais aimé qu'elles soient un peu plus développées.
Le récit est toujours conté du point de vue d'Agnès, ponctué par les commentaires d'Herfie (trop peu présent à mon goût. Je sais, j'ai mauvais goût, faites avec), mais surtout agrémenté de notes extraites des carnets de Navarre. Mais si, vous savez, ces carnets dans lesquels il écrit ses souvenirs afin de lutter contre la dégénérescence qui guette les vieux vampires. Dans ces passages, il nous conte sa vie d'avant la transformation, pour ce qu'il s'en souvient et ce qu'il a envie d'en dévoiler. Cette partie de sa vie, souvent évoquée dans d'autres ouvrages, n'en est pas moins intéressante et l'on regrette au final de s'arrêter en si bon chemin, même si c'est juste ce qu'il fallait à ce roman-ci.
Si ces souvenirs ne sont pas de tout repos, ces extraits permettent au lecteur de se poser un peu entre deux courses poursuites ou combats, ce qui n'est pas du luxe. Cependant, j'ai beau adorer Navarre et savoir qu'on ne doit pas regarder les dents d'un cheval gracieusement offert, j'avoue m'être demandé à plusieurs reprises quel rapport ses mémoires entretenaient avec le récit principal. Il s'avère qu'il y en a bien un en fin de compte, ténu mais réel, qui éclaire sous un autre jour l'idée que l'on s'est forgée jusqu'à présent des relations entre les personnages.
Néanmoins, le vrai secret que recèlent les pages d'Humain.e.s trop humain.e.s, celui après lequel le lecteur court depuis le premier tome, concerne les origines d'Agnès. On le sait, tout a conspiré pour nous mener à ce point précis de l'existence de la jeune femme, et l'autrice nous offre enfin les réponses tant attendues, démontrant, s'il en était besoin, toute la cohérence de son univers.
En lisant
La Fontaine aux serpents, fabuleuse nouvelle au demeurant, je m'étais posé de nombreuses questions, que je n'ai eu de cesse de mettre en perspective de ce que je savais déjà de l'histoire d'Agnès. Humain.e.s trop humain.e.s a répondu à mes interrogations comme je m'y attendais.
Les romans de la trilogie Testaments peuvent se lire dans le désordre, mais quand même, je vous conseillerais de ne pas commencer par celui-ci. S'il se suffit à lui-même, il perdrait beaucoup de son charme à être lu sans avoir créé au préalable des attaches avec les personnages. Je l'ai trouvé un peu moins consistant que les précédents.
En toute franchise, ce troisième tome n'est pas mon préféré, en revanche il remplit bien son office. Je quitte à regret le personnel de l'Étude, mais j'ai bon espoir de retrouver Navarre dans d'autres aventures.
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