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Citations sur La Vieille Anglaise et le Continent (23)

Je lis dans ses yeux toute l'indifférence que je lui inspire. Infirme, femme et juive, je n'ai pas plus de valeur à ses yeux qu'un cafard. C'est en tout cas le message qu'il essaie de me faire passer. Et ça ne fonctionne pas, car je ne le crois pas On ne tente pas d'effrayer un cafard, on l'écrase.
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Nous pénétrons ensemble dans les entrailles de Garnier. Mes deux chiens de garde sont mal à l'aise, je les comprends. Le contraste entre la partie publique de l'opéra et les couloirs obscurs réservés au personnel et aux troupes de spectacle est saisissant. D'un côté les ors, les cristaux étincelants et le velours rouge, et de l'autre la nuit, la poussière et les toiles d'araignées. Les sources de lumière, parfois trop violentes, diffusent une atmosphère étrange. On plisse les yeux et tous ceux que l'on croise prennent des allures inquiétantes d'apparitions fugitives entre deux lacs de ténèbres. Les ombres transforment un machiniste pliant sous le fardeau d'un projecteur en un monstre grotesque, une danseuse entrant et sortant de sa loge se fait vaporeuse et fantomatique. Garnier a toujours enflammé l'imagination. Les rats se chuchotent des légendes où le Destin, la Fatalité et la Mort sèment les larmes, les échecs et les drames dans les coursives sombres, croisant de temps en temps le fantôme de l'Opéra. Celui-ci on l'espère en tremblant de terreur. La tradition veut qu'il choisisse parfois une cantatrice et lui donne le talent pour affronter le rôle de sa vie. On ignore le prix à payer pour cette faveur insigne.
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Elle avait choisi le corps d'un très grand mâle.
À son âge, elle ne tenait pas à assumer les conséquences du rut dans la peau d'une femelle dont le partenaire atteindrait les quarante tonnes en moyenne. En milieu aquatique, qui plus est, alors qu'elle n'avait déjà guère d'expérience à l'air libre. Et le peu qu'elle avait n'était pas vraiment concluant, c'était le moins qu'on puisse dire.
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Voyez-vous, l'amour, ce n'est pas un simple truc encodé par nos synapses et notre chimie interne. Ça n'est pas un virus que notre corps peut décider d'éliminer à l'aide d'anticorps plus ou moins idoines. L'amour c'est nous. Il ne disparaît qu'avec nous.
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Le silence et la pression la saisirent dans leurs rets de ténèbres.
Elle avait atteint une profondeur qu'elle estimait aux alentours des quatre cents mètres. Les fonds étaient mi-rocheux, mi-sablonneux. Des espèces de pics et de parois découpées tranchaient le sable noir, comme des îles obscures. Les habitants luminescents des abysses apparaissaient déjà ici et là. L'eau était plus froide et elle avait un goût différent de celle de la surface. Elle était dure, presque métallique tant elle était pure...
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Au XIXe siècle, les populations de grands cétacés se comptaient en centaines de milliers d'individus.
En 2005, 71 000 cachalots, 50 000 rorquals communs, 11 000 grands rorquals bleus, 5 000 baleines à bosses, 3 000 baleines franches croisaient encore dans nos eaux. Certaines sous-espèces ne comptaient déjà plus que quelques centaines d'individus, ce qui ne constitue pas un réservoir génétique suffisant et viable.
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La longue nuit australe lui plut. Elle restait des heures en surface, couchée sur le côté, à contempler le ciel piqueté d'étoiles plus brillantes que nulle part ailleurs en Europe. Elle rêvait, l’œil perdu dans les branches de la Croix du Sud pour y distinguer les fulgurances de la boite à Bijoux,un amas ouvert dont le nom l'avait toujours séduite. Ce qui était assez ironique, elle l'admettait, au regard de son mépris terrestre pour ces ornements qu'elle jugeait inutiles.
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Elle avait choisi le corps d'un très grand mâle. A son âge, elle ne tenait pas à assumer les conséquences du rut dans la peau d'une femelle dont le partenaire atteindrait les quarante tonnes en moyenne.
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Elle avait choisi le corps d'un très grand mâle.

À son âge, elle ne tenait pas à assumer les conséquences du rut dans la peau d'une femelle dont le partenaire atteindrait les quarante tonnes en moyenne. En milieu aquatique, qui plus est, alors qu'elle n'avait déjà guère d'expérience à l'air libre. Et le peu qu'elle avait n'était pas vraiment concluant, c'était le moins qu'on puisse dire.

Le docteur Ann Kelvin chassa ses vains regrets par son évent. Un geyser d'air et d'eau d'une demi-douzaine de mètres emporta les rêves rapiécés et le romantisme suri qui avaient survécu à quatre-vingts années parmi les hommes. L'animateur du Marineland assis en tailleur sur le rebord d'émail bleu en fut trempé jusque dans ses sandales. En cette fin mai, c'était une douche assez fraîche, mais il rit et agita sa casquette avec enthousiasme tandis que les premières vannes s'ouvraient.

La nageoire caudale du grand cachalot battit avec douceur les vagues qui arrivaient dans la piscine. Devant lui, les écluses s'emplissaient une à une, et l'odeur des eaux du large lui parvenait de plus en plus forte, de plus en plus attirante. La peau épaisse et blanche, qui l'avait fait appeler évidemment Moby Dick pendant la première partie du séjour – jusqu'à ce que le responsable du projet s'avise des résonances sinistres et péjoratives de ce surnom –, frissonna lentement, une petite vague de rides qui parcourut dix-huit mètres de la queue puissante à l'énorme tête en forme de rostre. Ann ouvrit la gueule et laissa le goût des créatures marines et des carburants dégazés emplir la vaste ouverture ceinte de dents impressionnantes.

Oh, Seigneur, rien que pour cela, ce goût de sel et d'algues explosant dans sa bouche en étincelles minuscules et brûlantes de vie, rien que pour cela, vraiment, elle avait eu raison de dire oui !
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Call me Ann. Elle ouvrit sa gueule énorme en une parodie comique de sourire humain. Mais il n'y avait personne alentour pour rire du spectacle. La mer était déserte. Le soleil se couchait doucement et l'eau tiède venue du rivage, mêlée aux doigts glacés et insinuants de l'Atlantique tout proche, faisait courir des frissons de plaisir fugace le long de ses flancs gigantesques. Elle se laissa porter par le courant, surprise de savoir d'instinct qu'elle se dirigeait vers le Sud. L'air était idéal, adamantin et riche d'une saveur nouvelle. C'était le premier soir de sa deuxième vie.
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