A certaines heures, dans certaines lumières, la mer, c'est le ciel.
J'allais emmener Aurore à la mer, parce qu'elle me l'avait demandé, parce que je le lui avais promis, et parce que j'y aimais plus que tout ce miracle des vagues qui meurent sur la plage et pourtant revivent sans cesse.
À certaines heures, dans certaines lumières, la mer, c'est le ciel.
J’esquisse un bref sourire en pensant à ce qu’aurait dit ma mère, Bouge, bouge, sinon on va te confondre avec quelqu’un d’autre. Quelqu’un d’autre. Elle n’aurait jamais osé dire pute.
Et me voilà soudain telle une asphalteuse de cinquante-cinq ans, belle encore, un brin classieuse, une vieille garde, et je me demande si je n’aurais finalement pas préféré cela.
"Je crois que l'on ne devrait mourir que d'amour. Sinon il n'aurait servi à rien."
Les femmes ont des racines dans le coeur des hommes.
J'aimais ta peau, sa terrifiante douceur des débuts, je disais qu'elle était du lait. Et puis le temps a passé, des grains de beauté sont apparus ici et là, traçant des cartes du monde, et j'ai aimé tous ces voyages sous mes doigts.
"Le silence est un mot cruel.
Un mot de miséricorde, mais aussi de reddition."
"On n'est jamais soi, on est toujours ce que l'autre s'est inventé."
Mais je ne suis pas un ange, Simeone, j'ai juste le cœur mal placé, je l'ai sur ma main !
Il me rejoint dans l'ascenseur. Quelques secondes de stagnation entre nous. D'apesanteur. Les habitants de la Terre de Feu nomment ce moment "Mamihlapinatapai". Un mot yaghan qui définit cet instant où deux personnes qui s'attirent, aimeraient que l'autre initié quelque chose, mais aucun des deux ne bouge.