Tout d'abord, je remercie Babelio et les éditions
Bayard Jeunesse pour m'avoir fait découvrir ce livre et cet auteur dont je n'avais jamais lu la plume .
J'ai passé un bon moment de lecture, même si j'ai mis un peu de temps avant d'entrer complètement dans le monde dystopique imaginé de
Joseph Delaney.
En effet, le livre s'ouvre sur un premier « chapitre » qui n'en est pas un, nous expliquant les règles du combat dans l'arène. Je vous avoue que j'étais complètement perdue car le vocabulaire technique de ce combat est inconnu du lecteur (lacres, wurde, Min, Mag...)
Puis viennent le prologue et le véritable premier chapitre, qui m'ont très peu éclairée sur l'histoire et la signification de ces termes étranges (au contraire, je me sentais encore plus perdue).
J'ai donc pris mon mal en patience en me disant que l'auteur avait pris le parti de disséminer les informations par petite touches dans le récit plutôt que de nous livrer la genèse de ce monde étrange en bloc ; ce qui aurait semblé de toute évidence artificiel car le récit est écrit à la première personne et Leif, le personnage principal, évolue dans un monde qui lui est familier.
Mais Leif étant un apprenti combattant, il se montre parfois aussi ignorant que le lecteur. Alors son mentor Tyron, ou ses compagnons interviennent pour lui expliquer certaines choses (sur l'histoire du monde, le combat avec les lacres, la programmation).
Petit à petit, les éléments prennent sens, on comprend mieux le fonctionnement de cet univers et la lecture devient plus agréable.
J'ai définitivement accroché à partir de la seconde moitié du roman. L'histoire devient plus profonde. On en apprend plus sur notre jeune héros qui restait jusque-là assez discret sur son passé ; et c'est à partir de ce moment que j'ai pris conscience du potentiel de l'histoire.
Le monde imaginé par
Joseph Delaney me semble très complexe ; je pense d'ailleurs qu'on n'a pas encore tout vu de la partie émergée de l'iceberg. A la fin du roman, il reste beaucoup de questions en suspens et de mystères à résoudre, ce qui promet une suite intéressante.
J'ai été agréablement surprise par l'originalité de l'histoire.
Et surtout cela change - enfin ! - des dystopies actuelles (du moins celles que j'ai pu lire après Hunger Games). L'auteur ne se contente pas de rester dans les sentiers battus de la dystopie et nous fait un savant mélange de différents genres (dystopie, science-fiction, fantasy, « péplum littéraire »), du moins c'est ce que m'a fait ressentir l'atmosphère très particulière du roman.
Par contre, je suis une âme sensible. C'est peut-être aussi pour cela que j'ai eu du mal à entrer dans l'histoire : c'est violent.
L'auteur ne nous montre pas une version édulcorée de son univers. le récit comporte donc son lot de sang, de sueur et d'odeurs écoeurantes mais j'ai apprécié que l'auteur assume, en n'hésitant pas à faire vomir ses personnages par exemple. Cela rend son récit crédible, vrai : on y croit.
On ressent aussi très bien le malaise de Leif face aux « lacres », ces êtres qui ressemblent à des humains sans en être vraiment, que les combattants utilisent pour se battre dans l'arène. Leur description est d'ailleurs répugnante...
J'ai beaucoup aimé les questionnements de Kwin (la fille de Tyron) lorsqu'elle emmène notre héros dans les sous-sols de la Roue (sur le traitement des lacres par les humains, les activités lucratives à La Roue et les paris, etc.) Jusque là je la trouvais simplement capricieuse et intrépide, mais je pense qu'elle peut devenir très intéressante. Elle se bat contre sa condition de femme au sein d'un univers très masculin, et remet en question le monde dans lequel elle vit.
J'ai aussi apprécié la personnalité de Leif même si parfois je l'ai trouvé un peu trop impulsif (du fait de son âge je pense). Il semble intelligent et déterminé et forme un duo maître-apprenti prometteur avec le sage et expérimenté Tyron.
J'utilise des termes vagues sur mon ressenti vis à vis des personnages car j'ai l'impression de ne pas avoir eu le temps de les connaître vraiment. Cela ne m'a pas dérangée car je vois ce premier roman comme un tome de présentation et de mise en place de l'univers ; j'espère simplement qu'ils auront plus de reliefs par la suite. Cela dit la fin du roman me rassure dans cette voie.
Bilan : je me trouve un peu sévère avec ma note mais j'ai mis trop de temps pour entrer dans le roman, comprendre la complexité de cet univers et son vocabulaire particulier, même si je remercie l'auteur de nous avoir épargné l'encyclopédie en guise de prologue.
Disons que j'attends de voir la suite, mais ce roman n'est pas loin des quatre étoiles !
J'ai quand même passé un bon moment et lirai la suite sans hésitation car elle me semble pleine de promesses !