Aujourd'hui que les jours te font loin de mes mains, je pense à ces caresses qui me sont restées, à ces phrases de presque rien qui t'auraient amusée, à des histoires drôles - j'ai mal de ton rire lointain qui n'a pas résonné.
Elle en parle sans larmes, avec au fond des yeux le poids de l'habitude du chagrin.
Il faut partir ou bien rester, cela revient au même gris. Je t'écris ça ce soir avec cette envie de mourir, la fatigue si longue; le chagrin seul me tient ici, brûlure au creux de la poitrine.
C'est toi qui donnes la couleur, ce jour de juin l'été dernier. Tu me regardes et tu le sais. Parfois tu en auras assez de dessiner le jour, de mener les images. Mais ce soir tu veux bien. Plus tard quand nous ferons l'amour des caresses framboise me viendront. Car je ne voulais rien que ressembler au temps de toi. Tu es partie framboise.
Les filles sont un autre monde, et je m'en souviendrai. Elles deviendront cet ailleurs difficile où je te reconnais, pays à inventer pour le bonheur de passer la frontière.
Si tu n'étais pas morte... Ces mots ne dansent pas sur mon cahier, mais blessent le silence de la marge.
Il est simple et fort d'aimer tout seul.
Tu ne revivras pas, mais il y a ce chemin des mots qui mène un peu plus près de ton sourire ; le souvenir ne te rend pas, mais tu sourds quelquefois de cette folie douce de t'écrire, avec au bout le son-vertige de ta voix.
Je me souviens de ce bonheur-désordre sur ta table.
"Le temps n'apporte rien que la moitié du monde."