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Monsieur Chatel, instituteur, perd dans un tragique accident de la route sa bien-aimée. Tel un journal intime, il lui écrit et lui raconte ses journées, ses élèves, sa vie sans elle, le creux de son absence, ses peines et ses douleurs. Il se livre à elle comme si elle était encore là, il écrit certaines choses qu'elle aurait pu faire et s'invente même ses souvenirs. Et il a encore le courage de continuer à écrire, continuer à la faire vivre à travers ses écrits...

Philippe Delerm décrit ici le chagrin, la tourmente, les souvenirs, la douleur et surtout l'amour de cet homme pour sa femme. Elle, que l'on ne nomme qu'à travers ses héroïnes des contes qu'elle écrivait, prend une dimension intemporelle, presque irréelle. Lui, cet instituteur de campagne, lui redonne vie. Derrière une écriture tellement poétique, touchante, sans être larmoyante, légère ou parfois plus grave, l'auteur a vraiment réussi à donner un sens à cet amour.
Bien plus qu'un roman, c'est une véritable déclaration d'amour...

La cinquième saison... intemporelle...
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Bien plus qu'un roman, cet ouvrage pourrait être qualifié de journal intime ou plus exactement d'une longue lettre que le narrateur écrit à son amour perdu. En effet, celle qu'il a aimé et qui n'est jamais précisément nommé dans le livre est morte mais l'auteur ne peut faire totalement son deuil. Il continue à lui écrire, ravive des souvenirs qu'ils ont partagé ensemble (ou non) simplement pour continuer à la faire vivre dans sa mémoire, et par là, la faire continuer à exister. Lui, un petit instituteur à Saint-Lauren-des-bois, un petit village sur la Risle et elle, une ancienne illustratrice et auteure de contes pour enfants. Aussi, dans ce livre, est-elle plus connue par les noms de ses héroïnes tels ceux de Cécile et de Clémence qui reviennent régulièrement.

Un ouvrage sur la vie qui, bien que l'on ait perdu l'être qui comptait le plus pour nous, doit continuer et dans laquelle on doit s'impliquer si l'on ne veut pas passer à côté.
Un très bel ouvrage basé sur la base des regrets mais à la fois rempli d'espoirs et qui nous fait méditer, nous, lecteurs, sur la fragilité de la vie. A découvrir !
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Un journal intime écrit après le décès d'une femme aimée. Beaucoup de pudeur,tendresse ,passė ,présent et futur s'entremêlent sous forme d'impressions fugaces ,un petit livre d'une poésie tout en douceur qui coule sereinement au fil des pages ,comme Philippe Delerm sait si bien le faire : un très grand poète aupres de qui nous cheminons et qui parfois nous fait retrouver sous sa prose ,le goût des choses anciennes.A conseiller pour les lecteurs sensibles à la poésie. ⭐⭐⭐⭐
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N°954– Août 2015

LA CINQUIEME SAISONPhilippe Delerm – Gallimard.

On a tous dans le coeur un tableau noir et sa poussière de craie, la portée bleue d'un cahier d'écolier avec des mots écrits à l'encre violette dans le crissement d'une plume d'acier, pleins et déliés, le doux ronronnement des tables de multiplications, le lourd silence des dictées, les blouses grises et les punitions, la cour de récré poudreuse et les derniers jours d'école dans la touffeur naissante de l'été, les jeux de billes, de marelle ou de corde à sauter. Tout le parfum de l'enfance ! Plus tard ce seront des nattes et des taches de rousseur, les regards maladroits et les paroles timides, les garçons hâbleurs qui voudront se faire remarquer des filles qui les ignoreront du haut de leur beauté naissante. Leur indifférence et leurs yeux annonceront déjà les femmes qu'elles seront bientôt. Ce sera le temps des amours inventées, des menthes à l'eau, des illusions qui ne manqueront pas d'éclater, avec cette volonté de grandir vite et cette fascination de l'avenir mais aussi ce désir un peu fou de demeurer encore un peu dans le giron tiède de l'enfance.

M. Chatel est un instituteur, un Maître d'école comme on disait avant, soucieux de l'avenir de ses élèves à qui il transmet son savoir. Ils le respectent pour cela, parce qu'il leur apprend le calcul et la grammaire, même si ce n'est pas passionnant et qu'ils n'aiment pas vraiment cela. Ce n'est pas tout à fait un copain, pourtant il joue à l'occasion avec eux au foot sur la place du village, organise la kermesse de fin d'année scolaire. On l'appel « M'sieur » entre crainte et une complicité feinte. C'est un petit village où on a déjà abandonné la gare, sans doute non rentable, avec sa dernière épicerie qui fermera à la mort de sa propriétaire, son café à la lisière de la faillite, l'école elle-même disparaîtra bientôt, faute d'élèves. Ils partiront vers d'autres horizons ou au collège et ne seront pas remplacés parce que les temps changent et qu'on n'y peut rien.

Il se souvient de cette tranche de vie où il aimait cette jeune fille trop tôt disparue dans un accident. D'elle il n'a plus que des souvenirs, les albums pour enfants qu'elle a crées, ses aquarelles aux couleurs chaudes. Ils avaient tout pour vivre ensemble une vie heureuse et longue mais le destin en a décidé autrement. Parce que c'est un baume, il choisit de de lui écrire avec des mots d'encre bleue, de crier dans l'écriture tout cet amour perdu, tout ce gâchis, tout ce deuil impossible à faire. Ces mots, elle ne les lira jamais mais ils lui viennent à travers ses souvenirs qui renaissent dans la couleur d'une robe, la langueur d'une soirée d'été, une chanson de Duteuil ou de Souchon, une photo de David Hamilton... Il la fait revivre dans sa mémoire, habille ces années heureuses de phrases, entre leur enfance différente, leur rencontre, leur vie amoureuse, leurs vacances au soleil de Provence, leurs projets… Même si écrire est une forme de folie, entre vertige et exorcisme, c'est une sorte de longue lettre, tissée à petites touches intensément poétiques, un journal confié aux feuillets blancs d'un cahier où le deuil est présent à chaque page sans pour autant être exagérément larmoyant, mais à certains moments du roman j'ai pourtant eu l'impression d'un veuf qui parlerait à une tombe.

Bien sûr la vie continue mais l'absence reste et lui s'accroche aux mots qu'il investit de son chagrin. Ce sera une nouvelle rentrée avec ces feuilles qui tombent déjà et les matinées qui rafraîchissent, les encriers en porcelaine qu'on remplit d'encre mais cette femmes diaphane disparue sur une route rappelle que nous ne sommes que les pauvres usufruitiers de notre vie, même si nous choisissons de ne pas y penser, de vivre comme si nous étions immortels.

Hervé GAUTIER – Août 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Un livre dans la tradition du journal intime, ou de l'oeuvre épistolaire. On aime ou on n'aime pas. Moi j'aime ! Il y a beaucoup de poésie, de sensibilité dans ce texte. On n'y trouvera pas tous la même chose, mais on sera tous saisis, happés par un passage quelconque.
Aujourd'hui, dans chaque témoignage ou journal d'information, on nous parle de "faire son deuil". (Personnellement, j'ai du mal à définir vraiment cette expression malheureusement devenue à la mode)
Cet ouvrage peut peut être aider à comprendre. En tout cas c'est une belle écriture, et un beau résultat.
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« La cinquième saison » est celle de la mort. Dans ce recueil de poèmes en forme de paragraphes, l'auteur évoque l'absence, le passé qui est révolu, les souvenirs tantôt inventés comme le futur qui ne sera pas car la mort a fait son oeuvre. le protagoniste est instituteur. Les chroniques, certaines sont des confessions et la mémoire sont des sortes de reliques, des cicatrices. le présent est douloureux mais il s'apprivoise grâce aux élèves. L'instituteur joue de la guitare. Cet instrument semble le rapprocher de la femme aimée défunte. le lieu principal est Rouen mais le lecteur voyage en Provence et jusqu'à Prague. Pour cette destination, c'est un mythe non consommé. Les paragraphes sont anarchiquement posés. Il n'y a pas d'harmonie. le temps ne s'écoule pas linéairement. J'ai été désorientée. Et puis il y a des clichés qui font mal aux yeux et aux oreilles : « Une lumière blonde un peu tisane descend sur nous, la poussière danse. »
« C'est toi dans l'ombre des tilleuls et les rires d'enfants, dans les regards qui s'évadent par la fenêtre, dans la fraîcheur de l'eau quand il y a dessin ». C'est évanescent. J'ai aimé les paysages de Normandie que j'ai bien connue pour y avoir vécu dix-neuf ans. J'y retournerais peut-être rien que pour revoir la Risle.
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La cinquième saison est le premier livre publié de Philippe Delerm (en 1983) et moi, c'est mon premier Philippe Delerm.
Vous dire que ce n'est certainement pas mon dernier serait un gros mensonge car si les ouvrages qui ont suivi sont dans le même style, je crois que ce n'est pas la peine que j'insiste.

D'un côté, ça confirme ce que je pensais : je suis hermétique à la poésie, du moins, à la prose poétique.
C'est ainsi, et j'aurai beau insister, essayer de, je ne m'y ferai jamais.
J'aime les récits clairs, les phrases qui ont un sens direct.
Bon, un petit peu de poésie par ci par là, je sais apprécier, mais un livre entier, fusse-t-il que de 150 pages, je n'y arrive pas.

La cinquième saison, c'est le récit d'un homme, instituteur, qui a perdu son amoureuse, morte dans un accident de voiture. Elle était auteur illustratrice de livres pour enfants.
L'homme n'arrive pas à faire son deuil et se met à écrire dans un cahier blanc les souvenirs qui lui viennent, de sa vie avec elle, de son enfance à lui, de son enfance à elle, souvent inventée. Il écrit aussi les souvenirs hypothétiques qu'ils auraient pu avoir, tous les deux, si elle n'était pas morte, dans une maison en Provence. Ou bien il imagine sa venue dans son école.
Les imparfaits côtoient allègrement les futurs simples et les conditionnels présents et ce joyeux mélange m'a souvent donné le mal de mer.

Un livre où il est beaucoup question de regrets mais où la vie quotidienne et ses petits bonheurs, quand on est l'instituteur d'une petite école dans un petit village, reprend peu à peu le dessus.
Oui, je reconnais que c'est joli, que c'est bien écrit, et que l'éloge de la vie quotidienne est un noble sujet mais pour moi, l'écriture est souvent à la limite de l'énigmatique. Et quand je ne comprends pas tout de suite le sens des phrases, je n'aime pas. Je n'arrive pas à être charmée. C'est dommage car il y a vraiment de belles images.

critique complète sur mon blog, merci
Lien : http://linecesurinternet.blo..
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M. Chatel, instituteur fils d'instituteurs, nous raconte ses souvenirs d'enfance au temps des encriers encastrés dans les pupitres. Les classes d'automnes et les longs hivers contrastent avec l'été bleu et or et la couleur de juin : framboise comme la robe de la femme aimée.
Il est veuf. À René Guy Cadou et à Supervielle se mêlent alors l'amour perdu et les rêves de l'absence, la mémoire et l'imagination, sans colère ni rancune : « Il me faudrait des mots pour te chercher, pour te parler, et pour gommer l'espace entre mes rêves et toi lointaine. » (p 61)
Les temps se mélangent comme ceux de la grammaire et La cinquième saison est une saison qui n'existe qu'au coeur de la poésie. Comme il y a un irréel du passé, il y a un irréel du futur (p 133). Toutes les filles passées, présentes et futures sont « elle », la disparue juste avant ses trente ans. L'homme meurtri lui invente l'enfance qu'il n'a pas connue et l'avenir qu'elle n'aura pas, il l'a fait exister encore. Et il semblerait que l'écriture vaille mieux que la vie : « Je pense à ce vertige et cette soif : plonger dans le monde des livres, connaître ensuite son reflet » (p 110) et « Tu ne revivras pas, mais il y a ce chemin des mots qui mènent un peu plus près de ton sourire… » (p 50).
Le dialogue s'adresse à un « tu » mais c'est un monologue pour deux. S'il « ne veu[t] pas être le maître, dans ce théâtre d'ombres entre la mémoire et l'oubli. » (p 71), et s'il « apprend[s] comme il est simple et fort d'aimer tout seul. » (p 80), l'auteur rédige ce livre comme une lettre d'amour, qui est à la fois une lettre d'adieu.
Voir aussi anne.vacquant.free.fr/av/
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Ce livre est tout simplement transportant. Il est léger, et les phrases sont bien coupées. Je ne sais pas comment le dire, mais je l'ai lu sans m'arrêter.
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Un instituteur ecrit une lettre a sa femme disparue dans un accident de voiture.Ici les sentiments se revelent sans jamais verser dans le pathos,tout est juste et les mots sont tres bien choisis.Un petit livre qui se lit tres bien et offre une hostoire forte et saisissante.
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