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sur 352 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un nouveau recueil de nouvelles dans la lignée de « la première gorgée de bière» qui fut un coup de maître

Philippe Delerm renouvela en 2001 son coup d'essai de 1997 et le résultat fut ce très beau recueil de micro-nouvelles ou de comptines.

A-t-il inventé l'écriture impressionniste ? Quel talent que celui de suggérer des sentiments, des impressions, des états d'âme souvent subtils et fugaces, parfois secrets.

Cet homme sait observer, s'observer, ressentir et mettre les mots justes sur les plus infimes sensations qu'il éprouve, que nous éprouvons tous. Ces instants très éphémères et ténus où nous nous sentons bien, où nous nous sentons mal.

Puis il assemble ses mots de façon telle que ces mêmes petits battements du temps nous piquent, créent une étincelle qui irradie et nous fait ressentir cette émotion qui anima délicatement notre âme. On se sent bien…moins bien parfois, mais notre âme et notre corps, oui, notre corps, voyagent….

Un exercice de haute voltige mais sur un ton peut-être légèrement plus bas que dans son premier recueil ; à moins que ce soit l'effet de surprise qui ait disparu
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Ce recueil de petites nouvelles est une parenthèse du quotidien. Philippe Delerm n'a pas son pareil pour décrire l'indicible, les instantanés de vie, ces détails auxquels on ne pense même pas et qui font pourtant partie intégrante de la vie de tout un chacun. C'est bref, c'est poétique, c'est envolé, particulièrement bien exécuté, l'auteur est un raconteur du rien, des toutes petites choses. Je me suis retrouvée dans beaucoup, peut-être un peu court, chaque nouvelle ne faisant que trois pages au maximum, mais c'est déjà une prouesse que de relever ces instants fugaces, ces pensées et sensations.
Une tendresse particulière pour « Gagner le coeur d'un artichaut », « Voyeur de pivoine », « Cet air un peu penché » et « La sieste assassinée ». Mélancolique et flegmatique, cette lecture me laisse à une sensation douce d'un jour de pluie, calme et doucereux.
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La Feuille Volante n° 1088
La sieste assassinéePhilippe Delerm – Gallimard..

Philippe Delerm c'est le chantre du quotidien, le témoin de l'instant, des sensations, des impressions, des choses sans importance qui rythment notre journée ou notre vie, celle des quidams, des petits, des « sans grade ». C'est banal, c'est léger, sans grande importance et répétitif aussi, la sonnerie du téléphone, la poubelle qu'il faut descendre, la séance chez le coiffeur… Des petits moments de plaisirs, les pieds nus dans l'herbe, une douche dans la touffeur de l'été, le farniente de la plage et les châteaux de sable… Cela nous touchent, forcément, parce nous l'avons éprouvé, parce que cela nous dit quelque chose, même si on peut être étonné que cela fasse l'objet de mots écrits et publiés sur les pages d'un livre.
C'est ce que certains écrivains ont voulu faire, écrire la vie telle qu'elle est, pas celle éthérée des intellectuels, publiques des artistes du show-biz ou hypocrite des politiques, non celle de ceux dont on ne parle jamais. Ce sont des remarques, parfois acerbes, que lui inspirent ceux qui l'entourent, des impressions fugaces et c'est un simple stylo qui fuit et ainsi vous rappelle votre enfance, sur les bancs de la classe ou la puérilité des jeux qui ne se concevaient qu'au « conditionnel-sésame » (« on dirait que j'aurais fait ...» ) que l'âge adulte nous avait fait oublier un peu vite, mais aussi la timidité des premiers émois amoureux… Mais la roulette du dentiste, elle, vous ramène à une réalité plus actuelle. C'est parfois aussi l'évocation de tout le plaisir qu'on prend à la lente dégustation d'un artichaut, quand l'époque est plutôt au fast-food et au « time is money », à ce qu'il voit et qu'il décrit pour son lecteur, comme cette micheline-omnibus hors d'âge qui dessert encore pour quelques temps la gare d'un petit village. Il ajoute une pointe d'humour, une façon personnelle et malicieuse de rendre compte de la réalité, quand ce n'est pas avec une once de mauvaise foi. Rien ne lui échappe, ni un match de foot des « poussins » ni la déplaisante visite, généralement un dimanche matin où on a autre chose à faire, d' apôtres prosélytes venus vous porter la bonne parole en vous parlant du salut de votre âme ou du nécessaire retour à des valeurs religieuses traditionnelles et en vous priant de vous convertir sous le couvert d'une réflexion approfondie sur des vérités présentées comme les seules valables.
Nous avons droit à l'évocation un peu surannée des bals de campagne où on « valsait-musette », à la tiédeur bien actuelle des bistrots citadins et dans « l'heure du tee » dont le jeu de mot ne m'a pas échappé, c'est un autre monde mais puisqu'on étai dans la nostalgie, dans cette « saudade » chère à Fernando Pessoa, je me suis mis à regretter ces transformations qu'on bottait au rugby, mais en creusant une petite excavation dans la pelouse, d'un coup de talon résolu. Cela n'arrangeait sans doute pas le terrain, mais cela faisait partie du folklore. A l'heure des SMS, des courriels et du téléphone portable, je suis encore de ceux qui aiment recevoir des lettres, mais pas n'importe lesquelles, pas des factures ou des avertissements du percepteur, mais des lettres manuscrites, amicales ou, pourquoi pas amoureuses, j'aime les regarder, les décacheter, sentir l'odeur de l'encre et du papier, les lire, les relire, découvrir et interpréter l'écriture... et surtout pouvoir les conserver !

J'avais bien aimé « La première gorgée de bière » (La Feuille Volante n° 268) . J'ai retrouvé avec plaisir ces courts textes toujours aussi pleins de simplicité, de poésie, de dépaysement bienvenu. J'y ai retrouvé, toutes choses égales par ailleurs, l'ambiance que je goûte tant dans les poèmes de Léon-Georges Godeau. J'aurais peut-être apprécié un peu plus de nostalgie, mais cela tient à moi, sans doute ?
© Hervé GAUTIER – Novembre 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com ]
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On dirait qu'il fait froid dehors. Je ne sais plus à quoi ressemble un - 24. J'ai eu le goût de rester chez moi une autre fois et de plonger le nez dans un livre. Il fait soleil pourtant. Demain, j'irai au Krieghoff.

Je lis Delerm. Que j'aime ses petites proses et son approche de poète du quotidien. Il me fait sourire à chaque fois et j'aime, d'une page à l'autre, attendre la surprise, la découverte, l'angle neuf avec lequel il nous présentera les choses, les situations les plus banales.

J'ai l'impression d'être dans un café et de flâner avec lui. C'est comme si on se parlait de tout, de rien, en souriant des yeux. Demain j'irai au Krieghoff, j'ouvrirai mes souvenirs de lecture au hasard pour poursuivre ma rêverie.
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Saisir la vie de tous les jours pour en faire du bonheur en mots, quel plaisir ! Presque rien pour dire presque tout, les textes miniatures de Delerm font calmement penser à du Delerm, le fils, L'heure du tee , celle de ce "salut aux étoiles qui n'ose pas s'avouer" quand le rugbyman a transformé un essai, se retrouve chez Vincent (chez moi) dans L'heure du thé, "Gabriel Fauré, Mozart, Laurent Voulzy", prélude d'une nuit-litote que l'on devine avec plaisir.

Les petites histoires un peu drôle et beaucoup vécues (on s'y croirait, le compliment qu'attend papa Delerm sans doute) qui se suivent nonchalamment dans ce livre, comme ma lecture, piquent dans le quotidien, le petit truc, le bidule, le détail qui compte et qui relègue loin derrière son évidence tout le reste parce que tout le reste, les grandes passions, les drames pathétiques, se trouve cristallisé dans un moment emblème, une photographie, deux ou trois mots bien sentis, rien de plus. Delerm ou la poésie du nécessaire : "On avait ce jour-là pas mal de courses à faire, quelques coups de téléphone à donner. La vérité n'étais pas au programme". Et voilà qu'elle déboule dans un petit livre qui vous donne envie d'écrire, vous aussi, d'acheter un petit carnet avec un élastique pour le fermer et d'y noter, au fil de vos pérégrinations quotidiennes, les petits événements que, si on ne les écrit pas, non seulement l'on oublie, mais que surtout l'on ne voit pas, sauf si un Philippe ou un Vincent Delerm vient cogner à votre porte pour vous rappeler qu'avant un oral de bac on va toujours à la piscine et que les filles de 1973 faisaient des exposés sur l'Apartheid ou sur le Che.
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Un petit bijou. Philippe Delerm écrit comme d'autres peignent... on s'y croirait. Lisez ''Voyeur de pivoine'' et vous regarderez ces fleurs d'un autre oeil. Lisez ''Gagner le coeur d'un artichaut'' et vous retomberez en enfance ; etc...
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La sieste assassinée ; c'est la voix de Philippe Delerm qui, tout au long d'une après-midi, susurre des mots drôles et bien sentis plutôt que le meurtre brutal d'un moment de répit dont on voudrait bénéficier de temps à autres. le nouvelliste enchaîne, sur un rythme enjoué et un ton badin, des saynètes de la vie quotidienne. On sent qu'il a su capter de son oeil averti et pencher de sa plume lyrique toutes les activités qui siéent à l'après-midi : la nostalgie du jeune qui les passe à réviser, l'affablement des parents devant Roland-Garros ou l'agacement devant les prosélytes qui s'invitent ! On se reconnait, on rit et finalement, on passe sa sieste bien éveillé et très agréablement !
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Qui a assassiné la sieste au Manoir Tudor?
Il serait hâtif d'accuser le Colonel Moutarde, sans avoir retrouver l'arme du crime: des mots aiguisés comme des poignards. L'événement s'est sans doute produit après la première gorgée de bière, avant que l'on prenne le suspect Delerm pour un vieux con...
Il y a malheureusement de grandes chances pour que le délit se reproduise!
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Comme à chaque fois, P. Delerm fait des arrêts sur image de moments de nos vies, et en fabrique de la sensation. Instants sensationnels réussis.
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Ceux qui ont aimé "La première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules" aimeront sans conteste ce petit livre. Un vrai délice !
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