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Citations sur Marie-Tempête (54)

Ce n’est pas facile d’être enceinte et en désastre en même temps. Fernande me manque. Terriblement. Si tu savais ce que je donnerais pour qu’elle me prenne dans ses bras. Antoine est là, mais on dirait que tu crées un barrage entre nous. Je t’en veux souvent. Mais ne t’en fais pas. J’en veux à Antoine aussi. Et au monde entier.
Je m’ennuie de l’Antoine d’avant. Celui qui m’attendait tous les matins sous le tilleul. Il fumait peut-être un joint de temps en temps, mais je ne le savais pas. Il voulait déjà laisser l’école et il n’avait pas la moindre idée de ce qu’il ferait de sa vie, mais je ne le savais pas.
Je savais seulement que son corps était bon contre le mien. Qu’il sentait la terre mouillée et les feuilles d’automne. Que ses yeux étaient plus verts que la forêt, et qu’en courant dans mon dos ses mains me donnaient des frissons.
Tout ça, c’était il y a cent ans. Avant que Fernande se sauve, avant que tu t’installes sans permission…
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Ses yeux me répondaient. Qu’il serait patient. Qu’il avait peur lui aussi. Qu’il était prêt à partir sur tous les ruisseaux, les lacs, les rivières et les mers. Avec moi. Sans savoir où ça nous mènerait. Tant pis, si ça ne menait nulle part.
On ne pouvait s’empêcher d’essayer.
Les grands arbres n’ont pas peur des tempêtes. De la neige, de la pluie, de la grêle. Ils se tiennent droits dans le vent. Hauts et puissants. Leurs longs bras ploient sans craquer. Ils dansent, eux, dans la tourmente. Leurs gestes sont souples. On sent qu’ils sont résistants.
Les grands sapins ne tombent pas. Ils attendent d’être très vieux. Secs et usés. Des centaines d’années. Et jusqu’à la fin, ils restent droits.

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Antoine a besoin d’argent. Son père est « ébéniste de métier, mais ivrogne de profession ». C’est Léandre, mon père, qui a déjà dit ça. Ça m’avait frappée, même si je ne connaissais pas vraiment Antoine dans ce temps-là. Le père d’Antoine est comme la cafétéria : il a mauvaise réputation. Tout le monde sait qu’il boit. Et la mère d’Antoine n’existe pas. Il n’en parle jamais. Elle est peut-être morte.
L’après-midi, entre la fin du dernier cours et l’arrivée de l’autobus, j’ai exactement huit minutes pour voir Antoine. Ça devrait rassurer ma mère : huit minutes, c’est un peu court pour faire l’amour.

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J'ai crié. Longtemps. Jusqu'à ce que les arbres vacillent.
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Tu étais comme... je ne sais pas... comme un animal blessé qui court de tous les côtés au lieu de s'arrêter.
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On avait fait l'amour comme on fait naufrage.
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Le barrage a sauté. D'un coup. Le mur a volé en éclats. L'eau a tout défoncé. Elle n'en pouvait plus d'être emprisonnée. Elle coulait librement. Enfin.
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Lentement d'abord, puis de plus en plus fort, la tempête s'est levée en moi.

« Lorsque le pélican, lassé d'un long voyage
Dans les brouillards du soir retourne à ses roseaux
Ses petits affamés courent sur le rivage »

C'était moi, ce grand oiseau. J'étais tellement fatiguée. Mais je n'avais pas fini mon voyage. Qu'est-ce que c'est, des roseaux ? Je ne suis pas sûre. Est-ce comme des quenouilles ? Il n'y a pas de quenouilles l'hiver. Il n'y a rien l'hiver. Seulement de la neige. Et puis je n'ai pas d'enfants, moi, comme la mère pélican. Et je n'ai même plus de mère.

« Alors il se soulève, ouvre son aile au vent
Et, se frappant le coeur avec un cri sauvage,
Il pousse dans la nuit un si funèbre adieu,
Que les oiseaux des mers désertent le rivage »

Il hurle, le pélica. Il souffre, le pélican. Il n'en peut plus. Mais personne ne l'entend. Ce n'est pas moi, le pélican. Je suis seulement son enfant. La fille d'un oiseau mort. D'une pauvre bête que je n'ai pas vue partir. D'un grand oiseau que je n'ai pas pu embrasser. D'un grand oiseau qui est mort fâché. Je l'entends maintenant, le cri du pélican. Un grand cri de mort crevant le ciel, déchirant les montagnes. Un long gémissement. À fendre l'âme. Il n'est pas funèbre, le cri du pélica. Juste désespéré.
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Le vent hurlait. J'aimais sa musique. Elle enterrait tout. Lorsqu'on fonce dans un vent fou, plus rien n'existe. Il n'y a que notre corps qui avance et le vent qui souffle. C'est comme quand on danse sur une musique très électrique. La terre arrête de tourner. Il ne reste que des gestes et des sons.
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Il faisait déjà noir. Des tas de petits bruits trouaient la nuit. Ils venaient du vent, de l'eau, des oiseaux et des bêtes cachées que la lune réveillait. J'aime cette musique, lourde de silences.
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