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Critique de Marie-Nel


J'ai déjà eu la chance de lire Maureen Demidoff, avec son roman, "Le contrat", et avec "Moi, Judas". Je suis contente de la retrouver avec le personnage de Marie-Madeleine. C'est un personnage qui a suscité beaucoup de controverse. Une fois, elle est l'amante de Jésus, une autre, elle est mariée avec lui, une autre encore la considère comme une prostituée. Elle a eu toutes les versions possible et imaginable. Elle a souvent été maltraitée par les auteurs. Bien sûr, on ne connait pas la vérité. Chacun peut ainsi imaginer ce qu'il veut. Ici, l'autrice s'est appuyée sur d'autres écrits d'auteurs pour nous donner sa vision de cette femme. 

Je ne suis pas croyante. Par contre, je peux croire qu'un homme comme Jésus ait existé en tant que prophète. Donc pour moi, Marie-Madeleine, tout comme les apôtres ont pu réellement exister. J'ai longtemps pencher pour la version de l'épouse de Jésus. Mais maintenant que j'ai lu celle de Maureen Demidoff, je serais plutôt de son avis. Pour elle, Marie-Madeleine est une femme libre, intelligente, très moderne, et très sûrement opposée à ce que les hommes attendent des femmes. Celles-ci étaient très mal considérées à ce moment là. Excusez moi l'expression, mais elles étaient des "ventres" à fabriquer une descendance. Marie-Madeleine a été mariée très jeune, contre sa volonté bien sûr, et lorsque son mari s'est rendu compte que sa femme ne tombait pas enceinte, il l'a répudiée. Elle est revenue vivre chez ses parents. Son père voulait alors la marier avec des veufs, mais Marie-Madeleine s'y opposait et refusait. Elle était mal vue par les autres femmes, parce qu'elle désobéissait à son père, parce qu'elle avait du caractère, parce qu'elle avait les cheveux dénoués. Seules les courtisanes ou les prostituées pouvaient être ainsi. Lorsqu'au détour d'un marché, elle entendit parler d'un homme qui était bon, qui propageait un message de clémence et de bonté, Marie-Madeleine s'est approchée de lui. Et c'est le comportement de Jésus envers elle qui changea sa destinée. Il ne l'a pas jugée, il l'a vue comme un autre être humain, à égalité avec les hommes, il a réussi à chasser ses démons. Elle voulut suivre cet homme, comme le faisaient d'autres hommes et femmes. Son père lui donna de l'argent et accepta qu'elle parte. C'est ainsi qu'elle rejoint d'autres femmes et suivit alors Jésus. 

Maureen Demidoff raconte très bien la vie de cette femme, résolument très moderne pour l'époque. Et cette version me plait beaucoup. le christianisme a rendu, quelques siècles plus tard, les femmes impures et indignes de l'homme. Mais ce n'est aucunement écrit dans les évangiles. Des femmes suivaient aussi Jésus, il n'y avait pas que les apôtres. Il y avait Marthe, une autre Marie aussi, et plein d'autres. Elles se sentaient protégées par Jésus, car il était bon avec elles et jamais dans le jugement, ce qui est très rare à ce moment là. C'est bien plus tard, en 591, que le pape Grégoire va considérer Marie de Magdala, ou Marie-Madeleine, comme une pêcheresse et une prostituée. Mais cela n'a jamais été écrit dans les évangiles. L'autrice nous explique tout cela à la fin du livre, dans une analyse très fouillée et documentée. Elle nous donne également des extraits de pensées d'auteurs célèbres comme François Mauriac, Régis Burnet, Marguerite Yourcenar ou Victor Hugo entre autres. Ceux-ci nous parlent de leur vision de Marie-Madeleine, qui se rapproche de celle de Maureen Demidoff

Elle donne la parole à Marie-Madeleine. La narration est à la première personne du singulier. Elle s'est mise dans la peau de Marie de Magdala, qui nous raconte sa vie, des débuts à sa rencontre avec Jésus, elle est restée avec lui jusqu'à la fin. Elle a assisté au dernier repas pris avec les apôtres, à la trahison de Judas, à son jugement par Ponce Pilate. Elle était là au moment de sa crucifixion, elle est restée jusqu'à son dernier souffle. Et c'est elle la première à qui Jésus est apparue après sa mort. C'est d'ailleurs un fait que les hommes après ont eu du mal à accepter. Et je pense que c'est sûrement pour ça aussi qu'elle a été par la suite tant dénigrée. J'ai aimé suivre cette femme. J'ai surtout aimé la version que nous donne d'elle Maureen Demidoff. C'est celle qui, pour moi, se rapproche le plus de ce qui a pu réellement exister. 

Comme pour les autres livres de cette collection, je me suis régalée à la lecture. Elle s'est faite avec beaucoup de fluidité, beaucoup d'aisance. J'ai lu ce livre d'une traite, j'étais bien dans ce livre. En plus, c'est un objet très beau. le papier est épais et glacé, et il y a des représentations d'oeuvres d'artistes montrant Marie-Madeleine. La couverture par exemple, est une oeuvre d'Alfred Stevens, réalisée en 1887. Il y a également deux rabats, avec deux oeuvres représentées. La première est signée Johannes Moreelse en 1630, et la seconde est signée Sandro Botticelli, en 1495, et représente la lamentation du christ mort. D'autres oeuvres représentant des portraits de Marie-Madeleine sont disséminés dans le livre. C'est un détail que j'aime  beaucoup et qui me fait tellement apprécier cette collection. le livre est un chef-d'oeuvre à lui seul, il est très beau. Et j'apprends toujours de nouvelles choses, sans que ce ne soit trop rébarbatif. Cela rend la culture à la portée de tout le monde, et c'est très important.

Ce livre est un coup de coeur. J'ai beaucoup aimé et je ne peux que vous inviter à vous pencher sur la vie de Marie-Madeleine. Et si vous aimez l'art, il ne faut pas hésiter à découvrir cette collection. de mon côté, je vais continuer à la suivre de près, ainsi que l'autrice qui ne m'a jamais déçue. 
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