Patrick Denaud était-il naïf quand il a accepté de rejoindre la DGSE après le choc de l'attentat de la rue de Rennes ? Il ignorait sûrement tout ce qui l'attendait, mais il pouvait imaginer qu'on allait exiger de lui précisément le contraire de ce qu'il faisait en tant que journaliste, c'est-à-dire qu'il se taise et dissimule les informations dont il aurait connaissance.
Ce qu'il ne pouvait pas complètement savoir, c'est ce que son engagement impliquait dans sa vie personnelle. La solitude induite par ses nouvelles fonctions cachées à ses proches. Ses rencontres discrètes avec un officier traitant exigeant une obéissance totale dans des missions dont celui-ci n'expliquerait jamais les enjeux. La manipulation et le mensonge comme nouveaux codes de conduite.
Finalement, celui qui voulait agir pour sauver son pays des extrémistes, et pour ce faire est devenu agent secret, démissionnera quand il comprendra qu'il a sacrifié sa vie et sa mission de journaliste à une cause sur laquelle il n'a aucune incidence, puisqu'il n'a jamais décidé de rien et que l'on ne l'a pas écouté pour éviter un nouvel attentat, celui de Karachi.