Lettre de Bretagne

Cher Poète,

Cher Guy Denis tu es une voix avant d'être un écrit, une urgence à crier ton mal de vivre. Une chaude tonalité de mots égrène tes amitiés sans pudeur car un ami est trop précieux, et même vital pour tenir debout et se regarder en face.
Ta voix ne s'éteint pas, elle s'imprime dans nos cœurs, singulière et amicale elle creuse en nous un micro sillon d'émotions prêts à vous décocher un sourire ou crisper votre peau.


A Virton tu m'as dit 4 mots, comme un télégramme envoyé de Bruxelles, il a fait mouche, en plein cœur. Alors moi aussi j'ai cherché 4 mots, pour dire merci, mais j'étais à côté de la plaque. Puis tu m'as laissé une lettre de Bretagne.
Ces mots que tu m'as glissé me reviennent, après avoir écouté les mains de Pierre, Baam et Lune de Sang tu as dit avec une douceur et une ferveur naturelle : c'est d'une beauté biblique !


Depuis 1 an je tourne et retourne tes mots, et je lis et relis Lettre de Bretagne de Guy Denis, dans l'espoir de te faire un cadeau de 4 mots. Il y a dans ces textes un élan, une flamme qui a su consumer un être tout entier, et le tenir, depuis dans un état de braise, où miroite une belle lumière sans détours, une fraicheur d'adolescent, une voix, ta vox qui se fait douceur :
"Tu es sur mes lèvres,
Que le vent vole par la lande bretonne,
Tu étais chaude et dormante
les joues enflées, les yeux brouillés..."


Guy Denis tu es venu ici sur mes terres faire un triathlon, et j'ai vu tes yeux étinceler quand je te précisais que mon univers est ici, et que ma folie de réaliser le tour du Golfe du Morbihan a pris forme ici. Nous nous sommes croisés portés par les vents, ou les courants marins.
Ce besoin d'écarter les barrières de repousser les démons, de se faire le messager d'une solidarité simple, spontanée, vraie tu le portes dans tes vers, avec panache.

"Jérusalem, Jérusalem, tu marches dans les prisons, champ de vignes mortes
Nuit des massacres ; on échange l'or contre le sang
Des milliers de femmes clouent les lèvres de leur amants assassinés dans les djebels de la justice".


Mais ta voix ce jour là à Virton avait des accents tragiques, inaccessibles, ta voix s'étranglait. Tu sais mieux que quiconque naviguer sur la mélancolie de nos vieux jours. Lettre de Bretagne a l' humeur de ce jour là, écoute toi :

"Quand je serai vieux
Que je saluerai les soirs
Qui me restent à vivre
Que j'écrirai sous une lampe éteinte
Un texte écrit cent fois
Lorsque le flux de mon sang s'épuisera
Quand ma mémoire ressemblera
A une mer son fond
Quand l'amour me sera une idée,
Plus qu'une caresse."

Merci Guy pour tes mots.