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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
A l'été de 1559 Philibert Sarrazin, médecin lyonnais, se trouve à Paris pour participer à une dissection clandestine, laquelle nécessite préalablement une profanation. Mais l'affaire tourne mal et Philibert se retrouve séquestré chez un noble qui lui propose un marché de dupe : soit il est livré à la justice du roi, ce qui lui sera forcément fatal étant donnée la nature de ces actes et le fait qu'il est un adepte notoire de la religion réformée, soit il travaille pour lui en espionnant Michel de Nostredame, le célèbre Nostradamus, à Salon en Provence. L'honneur empêche toutefois Philibert Sarrazin d'accepter d'emblée cette deuxième option, et la mort prématurée d'Henri II lui permet de quitter Paris pour rejoindre sa femme à Lyon. Mais une fois rentré chez lui, son maître-chanteur semble le poursuivre et c'est bien malgré lui qu'il se rend à Salon où sévit une terrible épidémie de peste…
Deuxième roman de Jean-Philippe DEPOTTE, Les Jours étranges de Nostradamus se veut avant tout une reconstitution historique. C'est celle de la France au milieu du XVIème siècle, laquelle est dans sa grande majorité fidèle au catholicisme, mais dont les adeptes de la Réforme sont de plus en plus nombreux. C'est donc l'époque de la prise de conscience que les deux confessions ne peuvent coexister, la guerre n'étant encore que larvée mais bel et bien inévitable. On sait d'ailleurs qu'elle éclatera bientôt, et qu'elle marquera les quatre décennies suivantes. de ce strict point de vue, le roman de DEPOTTE peut d'ailleurs rappeler Fortune de France de Robert MERLE.
Mais l'auteur s'intéresse également à la médecine, en particulier à l'émergence de la médecine nouvelle d'Amboise Paré qui associe la chirurgie aux méthodes traditionnelles de l'époque. Là aussi cela ne va pas sans susciter de nombreuses oppositions dont Jean-Philippe DEPOTTE rend compte à grand renfort de détails anatomiques et de techniques médicales. de ce point de vue le lecteur pourra d'ailleurs penser au Médecin d'Ispahan de Noah GORDON.
Quoi qu'il en soit le coeur de l'intrigue est bel et bien Nostradamus. Même si le célèbre astrologue n'est pas physiquement au premier plan du récit, sa présence est bel et bien dans tous les esprits, en particulier celui de Philibert Sarrazin. Et la question qui se pose est celle de la nature du don de Nostradamus, les avis oscillant entre réelles compétences, charlatanisme et sorcellerie. Jean-Philippe DEPOTTE nous propose d'ailleurs une réponse qui, tout en relevant de l'imaginaire, et en prenant quelques libertés avec les faits historiques avérés, se veut d'une subtilité rare dans ce type de littérature.
Tout cela pour dire qu'avec son deuxième roman l'auteur confirme ses grandes qualités de conteur, et corrige même les quelques imperfections de son premier opus.
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Philibert Sarrazin est médecin à Lyon en cette année 1559, c'est un notable protestant, à une époque où la tolérance religieuse n'est pas de mise. Il se rend à Paris pour assister à une dissection clandestine. Les autorités interdisent les dissections humaines et la médecine nouvelle, celle de Paré, n'arrive pas à percer l'obscurantisme de la médecine traditionnelle de Galien et d'Hippocrate. Philibert croit fermement dans le progrès et la science. A peine arrivé à Paris, il retrouve un de ses anciens condisciples et ils s'en vont déterrer une morte à peine ensevelie. Mais c'est un piège et des soldats emmènent Philibert chez un gentilhomme qui lui laisse le choix entre la potence et le fait d'espionner son beau-frère Michel de Nostredame, dit Nostradamus, le célèbre astrologue de la reine Catherine de Médicis. le même jour le roi Henri II est blessé dans un tournoi comme l'a prédit Nostradamus et Philibert est envoyé à son chevet. La blessure dépasse les possibilité de la médecine de l'époque et l'état du roi est désespéré.

Philibert rentre à Lyon, mais le soldat du gentilhomme parisien l'y a précédé pour avertir sa femme. Celle-ci est sage-femme et le dernier accouchement qu'elle a pratiqué s'est mal terminé. Philibert comprend que les autorités ne vont pas tarder à l'arrêter. Les Sarrazin décident d'envoyer leurs enfants à Genève chez leur parrain, Jean Calvin et ils prennent le route de Salon pour percer les mystères de Nostradamus comme on le leur a demandé. Philibert a de l'estime pour lui, alors que sa femme Louise le déteste, elle l'accuse d'avoir assassiné sa soeur Isabelle, son épouse vingt ans auparavant. Ils se mettent en route et vivront bien des aventures sur la route et surtout dans la ville de Salon.

Ce livre est édité dans la collection Science fiction de Folio, mais il ne s'agit pas de ce genre-là. Il s'agit plutôt d'un roman historique teinté de fantastique. La fin de l'histoire est très étrange et l'on peut l'interpréter soit comme du fantastique, soit comme un roman psychologique, une espèce de rêve que ferait Nostradamus, une sorte de dédoublement de personnalité. Personnellement je pencherais plutôt pour cette version.

Tant Philibert est un personnage à la fois naïf, généreux et moderne qui se pose les bonnes questions, tant Nostradamus est un prétentieux imbuvable. Les notables de Salon sont aussi particulièrement versatiles et peu sympathiques. Les personnages féminins principaux, Louise et Diane, sont intéressants, ce sont de beaux portraits de femmes qui essaient de trouver leurs marques et d'être libres dans une société oppressante.

Outre les péripéties d'un bon roman historique, je trouve que le principal intérêt du livre est dans la confrontation des idées. Philibert oscille du protestantisme au catholicisme selon les moments et je trouve que le débat entre ces deux points de vue est très bien restitué. Si les bourgeois de Salon sont plutôt caricaturaux, Philibert a bien su saisir les enjeux du débat. Son dialogue avec Dieu est plutôt moderne et nombre de chrétiens d'aujourd'hui se posent les mêmes questions en employant d'autres mots. le débat sur la prédestination, même si on n'emploie plus ce terme existe toujours dans certains courants protestants. Philibert saisit aussi tout à fait les enjeux de la pensée moderne, lorsque Nostradamus lui dit que le monde est ce que les hommes en font, idem dans sa réflexion sur la sorcellerie (à croire qu'il avait prédit les idées de Sartre !!). J'ai trouvé que la réflexion sur les idées et les concepts qui agite Philibert est particulièrement intéressante et montre la racine ancienne de ces questions existentielles que l'on se pose encore, même si c'est avec un tout autre langage. Un livre que j'ai eu grand plaisir à lire.


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Huit jours pour aller de Paris à Lyon !... Une plongée dans cette époque des sorcières, de la médecine et ses questionnements, de l'affrontement entre les catholiques et les protestants. On y découvre les doutes et les déchirures de Nostradamus. L'écriture est agréable. Un peu surprise par la fin.
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