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C'est grâce à Masse critique de Babelio que les éditions de l'Aube m'ont fait parvenir ce "polar", je les en remercie. J'avoue avoir quelques difficultés pour en faire la critique.
Simran, travailleuse sociale à Delhi, mène une vie assez libre, au grand dam de sa mère qui rêve de la voir mariée ; elle n'a pas eu d'enfant, mais elle a adopté une adolescente de 14 ans, accusée à tort de meurtre, à sa sortie de prison.("Témoin de la nuit", l'Aube 1913).
Il s'agit dans ce roman, de retrouver la mère porteuse de la petite Amalia dont les parents adoptifs sont morts dans un tragique accident... au demeurant fort suspect. La chose est d'autant plus compliquée que la petite Amalia est née séropositive ! Comment cela a-t-il pu se produire ? Simran, malgré sa peur viscérale de prendre l'avion, embarque pour Londres. Elle doit y retrouver Edward, donneur de sperme sur Internet, afin de tenter de trouver des explications aux problèmes qui se posent... Prend-elle des risques ? il semble bien que oui car elle est suivie, agressée, par des inconnus, mais aussi intriguée et presque séduite par ce charmant donneur de sperme très secret et indépendant... combien d'enfants ont-ils déjà vu le jour grâce à ses dons ?... je vous laisse le découvrir ou l'imaginer.
Pendant ce temps, à Delhi, à Mumbai (Bombai), des médecins, patrons de cliniques, des agents des douanes, spéculent... Des containers d'embryons sont retenus en douane, et certains détournés. Les cliniques rivalisent. Des pauvres femmes rêvent de sortir leurs familles de la misère en vendant leurs corps de gré ou de force, elles ne sont plus considérées que comme des utérus, elles ne voient plus leurs propres enfants... L'Inde devient la plaque tournante d'un trafic alimenté par le site "Mybaby.com"... les riches d'autres continents peuvent obtenir des enfants sur commande, il suffit de payer.
Un couple londonien sans enfant décide de faire le voyage pour tenter l'expérience de la procréation assistée. Ben, le mari aux origines indiennes qui fait des recherches sur ses ancètres va se retrouver confronté à des problèmes beaucoup plus anciens... son grand-père aurait-il abandonné la femme avec qui il vivait et qui attendait son enfant ? La Ministre veut un enfant... c'est top secret, mais il ne faut pas se tromper de caste...
Comment résumer ce livre ? cela m'est impossible. L'écriture est assez simple, avec de nombreux retours en arrière pas très bien maîtrisés. Il a le mérite de mettre l'accent sur des problèmes qui heurtent nos consciences. J'ai tout de suite pensé à Bollywood, mélange de sentimentalité, de clinquant, de sordide... cela me dérange. Jusqu'où peut-on aller dans ce genre de dérive ? Comment stopper ce commerce international ? S'agit-il là seulement d'un roman policier ? dont bien évidemment je ne dévoilerai pas la fin.
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Ce livre raconte l'enquête d'une assistante sociale après la naissance d'un bébé séropositif né par GPA dans une clinique en Inde. Ses parents sont morts dans un mystérieux accident.

Rarement un livre sur l'Inde ne m'a autant déplu. Il a toutefois le mérite de m'avoir suffisamment motivé pour le terminer.

C'est délicat pour l'écrivain que je suis de critiquer une autre autrice, je vais peser mes mots.

Premièrement, le style est navrant, n'importe quel écrivain en herbe se ferait descendre, mais on ferme les yeux quand ce sont des journalistes :

"Enfin, maintenant que j'étais là, j'allais devoir y aller au culot et croiser les doigts pour que tout se passe bien".

Certes, quand un écrivain étranger écrit mal, on accuse toujours le traducteur. Je pense qu'ils ont bon dos. Je n'ai pas accès à l'original, mais ce livre est une succession de phrases construites sur des verbes pauvres et superfétatoires. Quelques imparfaits du subjonctif pourraient laisser à penser qu'il s'agit d'un livre plus littéraire, mais ils tombent si mal dans des paragraphes si peu élaborés. Les dialogues sonnent creux, les descriptions sont inefficaces. Quelques réflexions politiques nous réveillent, heureusement.

Deuxièmement, le personnage de Simran, pourtant une assistance sociale bourgeoise, se permet de dire des énormités :

"Il paraissait en très bonne santé – il n'avait pas franchement l'air séropositif [sic], ni d'une personne en train de mourir du sida".

L'original est publié en 2012, pas en 1990. Certes, c'est l'Inde, et les mentalités sont plus archaïques sur ce thème. Je ne veux pas gâcher la lecture : l'autrice ne se complique pas la vie pour expliquer pourquoi le bébé naît séropositif.

Je dis bien que le personnage de Simran m'a paru détestable. Je ne parle pas de l'autrice. Il faut séparer l'auteur des personnages. Par exemple, mon personnage de Paulette, dans mon livre, Les Dettes de Je, balance des énormités aussi.

Enfin, l'histoire n'est absolument pas un « Polar » comme l'annonce les éditions L'Aube. C'est plutôt « l'enquête » d'une éternelle adolescente Indienne occidentalisée dès la naissance.

En conclusion, le pari est perdu, c'est vraiment dommage, parce que des thèmes intéressants sont développés (l'exploitation de la misère, la corruption, l'argent-roi).

On va finir sur une note positive. Kishwar Desai connaît son pays :

"Le genre de pays dont on pouvait tomber amoureux, mais où il était impossible de s'installer".

Bien dit, Kishwarji.
Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
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Nous partons en Inde pour suivre l'enquête d'une travailleuse sociale Simran qui travaille dans une clinique fraîchement ouverte spécialisée dans la GPA. Une petite fille séropositive y est née d'une mère porteuse qui a subitement disparue et dont les parents sont décédés accidentellement... Simran va devoir enquêter à Londres, ville dont est originaire les parents adoptifs.
En parallèle, nous suivons le parcours chaotique de Kate et Ben, en parcours FIV mais aussi la vue des familles des mères porteuses indiennes. Nous y découvrons le business de la GPA dans ce pays pauvre, mais sans jugement. le point de vue de chacun des protagonistes y est développé.
J'ai bien aimé ce polar indien, l'intrigue n'est pas des plus haletantes mais on découvre un univers plutôt glaçant et cynique.
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Simran Singh est une travailleuse sociale indienne, sur le chemin de ce qu'on qualifie d'âge “mûr”. Elle a adopté Durga, une adolescente de quatorze ans à sa sortie de la prison de Jullundur (où elle était injustement incarcérée), ainsi que sa grande soeur Sharda, (cette dernière a subi des électrochocs qui lui ont fait perdre la mémoire). La mère de Simran se désespère de ne jamais tenir un nourrisson qui fut de son propre sang dans ses bras …

Le docteur Subhash Pandey exerce dans la clinique de la Vierge à l'enfant - située dans la banlieue de Delhi - où sont effectuées des GPA. Son épouse Anita balaie régulièrement tous ses doutes et scrupules, notamment quand ses patients sont homosexuels. Il est sollicité dans le monde entier, y compris par des citoyens de pays qui n'autorisent pas cette pratique, comme la France.

Mais quand le bébé Amalia va venir au monde séropositive, alors que ses parents (Susan et Mike, un couple anglais) sont morts dans un curieux accident de voiture et que la mère porteuse s'est évaporée dans la nature, Simran Singh va se voir confier une difficile mission. Elle rencontrera un donneur “professionnel” à Londres, un dénommé Edward Walters - qui de prime abord ne lui inspirera que très moyennement confiance …

En Angleterre, un autre couple (Ben d'origine indienne et Kate qui subit fausse couche sur fausse couche) sont en demande d'enfant …

Kishwar Desai dénonce très intelligemment les trafics sans scrupules et les magouilles en tout genre de réseaux particulièrement ignobles (dont les divers instigateurs - vénaux et totalement dénués d'empathie - sont de toutes origines et n'hésitent vraiment devant rien ! ) Un récit passionnant (entre roman policier et documentaire) qui - pas à pas - nous amène vers la résolution d'une énigme prenante. Aucune envie de lâcher cette intrigue qui nous ouvre les yeux : si l'origine de ce procédé est dicté par l'amour pour certains, il est rapidement devenu sur un odieux commerce pour d'autres …

Et ça me donne terriblement envie de lire le premier opus ( je découvre que celui-ci est le second), dès que cela sera possible : encore une belle découverte pour ma part !
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Les origines de l'amour

Simran Singh est une travailleuse sociale indienne au service d'une clinique de New Dehli qui propose les services de mères porteuses pour des « blanches » soucieuses de leur ligne ou pour des couples homosexuels.

Pour environ 25 000 € dont le quart revient à la mère naturelle, on peut donc se procurer un bébé. Les mères sont « accueillies » pendant toute la durée de la gestation. Simran veille à ce que l'attachement soit moins fort que l'intéressement, d'autant que ces jeunes femmes enchaînent les grossesses. La clinique est dirigée par un couple de médecins plutôt sympathiques qui hébergent aussi un confrère pas trop regardant regardant.

Tout autour de cette institution « vertueuse », des individus plus ou moins recommandables gravitent et interprètent le concept de base au gré de leur inspiration. Celui-là qui prostitue sa jeune fiancée, cet autre qui détourne les embryons, celle-ci à l'esprit tordu qui se tourne vers l'inceste pour satisfaire un objectif globuleux, ou enfin ce couple un peu barré qui hésite entre l'adoption, la FIV ou toute autre technique pour combler son manque… Policiers et politiciens corrompus ferment le bal.

Simran est amenée à enquêter en Angleterre suite à la contamination d'un embryon du fournisseur londonien. Sur place elle tombe amoureuse d'un donneur de sperme et tout est bien qui finit bien.

Kishwar Desai se limite à raconter une histoire sans prendre réellement parti sur des sujets pourtant délicats. Elle définit « une morale » selon ses propres limites, c'est-à-dire très élastique, et distribue sans conviction des mauvais points à ceux qui les dépassent. Elle n'a ni mépris ni empathie pour ses « clients » et considère le business de la gestation pour autrui comme un commerce ordinaire. Drôle de « travail social » en vérité .En tout cas rien de « très noir » comme l'annonce le bandeau de couverture, bien au contraire.

De cette entreprise de normalisation paresseuse nait un profond ennui qu'un style plutôt drolatique n'arrive pas à dissoudre. Il ne se passe pratiquement rien en plus de cinq cent pages, juste deux ou trois coups de poing dans la nuit.

Les origines de l'amour, ce n'est pas ici qu'il faut les chercher. Ici on parle « affaires » et les sentiments sont les bases de l'exploitation. Quant à ceux qui sur place tentent de s'insurger contre ce qu'ils jugent dangereux, Kishwar Desai les tournent en dérision et les renvoie à leur obscurantisme fanatique.

Pas terrible tout ça...




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Une enquête menée par une travailleuse sociale sympathique, entre modernité et traditions, entre honnêteté et manipulations,
une plongée réussie dans l'Inde d'aujourd'hui et le sujet polémique de la gestation pour autrui.
Gros bémol : les retours en arrière gênent souvent la compréhension.
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En premier lieu, je remercie les Editions de l'Aube et Babelio de m'avoir permis de lire ce livre très intéressant, fortement ancré dans les débats qui secouent nos sociétés.
Si j'avais sélectionné Les origines de l'amour parmi tous les ouvrages proposés par Babelio, c'est parce que j'ai une forte inclination pour la littérature indienne. Bien que je n'aie jamais mis mis les pieds sur ce sous-continent, j'avoue être assez captivée et séduite par cette culture hors du commun !
Or, plus qu'une immersion dans ce pays, ce livre nous propose de découvrir le monde de la gestation pour autrui et les juteux bénéfices que celle-ci peut générer. de ce point de vue, la quatrième de couverture - que je n'avais pas lue au préalable - est sans ambiguité. de Delhi et Mumbay à Londres, ce roman met le doigt sur une organisation mondialisée capitalisant à la fois sur des désirs qui peuvent apparaître comme légitimes - celui d'avoir un enfant - et le profond dénuement d'une population qui se trouve réduite à louer son ventre, voire fournir ses ovocytes, pour pouvoir satisfaire à ses besoins élémentaires.

Si j'ai été un peu frustrée par le fait que le roman ne produise pas vraiment un portrait de l'Inde - de nombreux protagonistes sont européens et une bonne partie du roman se déroule à Londres - il faut bien avouer que le contexte économique et politique de ce pays favorise l'intolérable exploitation humaine que la gestation pour autrui entraîne inévitablement. En effet, la corruption et l'extrême pauvreté rendent possibles tous les excès que l'on peut redouter et que d'autres pays s'efforcent de contenir par une législation encadrant strictement ces pratiques.

En Inde, comme dans d'autres pays du reste, il est possible de faire porter un enfant par une tierce personne contre rémunération. Les futurs parents peuvent choisir la femme qui portera leur enfant et fournira éventuellement ses ovules comme sur un catalogue : taille, couleur des cheveux ou de la peau, niveau d'études, religion...
Les candidates semblent se bousculer au portillon, soit parce que cette activité leur permet de gagner ce qui leur apparaît comme une importante somme d'argent dont elles ont besoin pour faire soigner un membre de leur famille ou élever leurs enfants, soit parce que leurs propres mari y voient une opportunité d'enrichissement aisément accessible...
Mineures enchaînant les grossesses, femmes accouchant par césarienne pour rentrer dans les exigences de plannings des parents commanditaires, containers d'embryons séquestrés par une police peu scrupuleuse qui en marchande ensuite la délivrance ou conditions de «recrutement» des mères porteuses, le roman met en scène une gamme de situations toutes plus révoltantes les unes que les autres.
En postface, l'auteur nous assure que tout ce qu'elle a mis dans son roman est vrai... et on n'en doute guère !

Le livre se lit bien, même si je ne l'ai pas littéralement dévoré. Mais ce qui est certain, c'est qu'il a le mérite de nous mettre en garde contre tous les excès de la gestation pour autrui et ne fait que renforcer le bien-fondé d'un encadrement législatif très strict de ces pratiques. Et achève de nous convaincre de la nécessité de proscrire toute forme de transaction financière.
A l'heure où la Cour européenne des droits de l'Homme vient de condamner la France pour son refus de transcrire à l'état civil la filiation des enfants français nés de gestation pour autrui pratiquée à l'étranger, relançant ainsi une polémique aux vastes ramifications, ce roman apporte un précieux éclairage.

Lien : http://delphine-olympe.blogs..
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Il n'est pas fréquent de tomber sur des romans indiens et c'est encore plus rarement que leur lecture convient à nos yeux occidentaux. Ça fonctionne plutôt bien avec celui-ci sans doute parce que l'auteure a vécu en occident et prend soin d'écrire en pensant également à 'nous'.
Kishwar Desai est une journaliste et auteure qui a vécu quelques temps à Londres. Ceci explique sans doute cela et elle a ramené de quoi se fournir en étoffes et stéréotypes pour habiller les quelques occidentaux qui peuplent ces enquêtes humoristiques.
Ironiques, plutôt. Une ironie cynique qui n'est pas sans rappeler un petit peu celle de John Burdett, légereté féminine en plus. Tout au plus peut-on déplorer, histoire de faire la fine bouche, que Kishwar Desai se sent obligée de nous expliquer un peu trop souvent que certains propos sont à prendre au second degré. On avait compris dès les premières pages.
Dans ses soit-disant enquêtes policières, elle explore différentes facettes de la société indienne en générale et de la condition des femmes en particulier. L'héroïne de ses bouquins est Simran Singh mi-assistante sociale, mi-détective amateure.

[...] Une femme d'âge mûr ordinaire, une travailleuse sociale qui aime se mêler de tout.

Sans doute bien trop occidentalisée pour représenter fidèlement les nombreuses femmes de son grand pays mais suffisamment curieuse, entêtée et fouille-merde pour alimenter quelques chroniques !
Avec cet épisode : Les origines de l'amour, l'exploration est une lecture salutaire pour nous autres européens. On y découvre toute la filière qui permet aux riches occidentaux d'utiliser les ventres des indiennes pour enfanter les rejetons qu'ils ne peuvent pas (et même de plus en plus, ne veulent pas) porter.

[...] Maintenant que l'Inde était une zone de tourisme médical, les investissements (et les facilités de crédit) abondaient.
[...] On avait récemment ajouté une aile à la clinique, qui servait à héberger ces femmes pendant leurs neuf mois de grossesse et à surveiller leur état. [...] Toutes portaient les enfants d'une clientèle internationale, mais aussi celui d'un couple local.
[...] Des gens du monde entier venaient en Inde depuis que le ventre des Indiennes était à louer.

À l'heure où notre doux et aveugle pays croit devoir s'enflammer autour de la question de la procréation assistée, il n'est pas inutile de claironner que le débat est clos depuis plusieurs années déjà (le bouquin date de 2012 !) et que la mondialisation n'aura attendu ni la manif pour tous, ni une législation trop timide.
Fidèle sans doute à son passé de journaliste, Kishwar Desai nous emmène explorer toutes les ramifications de la filière et suivre le trajet des containers d'embryons, depuis les espoirs des riches occidentales jusqu'à l'appât du gain des femmes indiennes, en passant par les bureaux des douaniers corrompus, depuis la clinique de Londres jusqu'à celle de Dehli.
En dépit de la gravité du sujet et de l'épouvantable trafic humain dont il est question, le ton de son bouquin est assez unique (peut-être indien ?) : la prose est légère et humoristique mais les portraits qu'elle trace de ses compatriotes sont peints au vitriol. Les petits et grands marchandages qui accompagnent cette filière mondiale de la nouvelle maternité sont affolants mais l'ambiance qu'elle tisse reste bon enfant. Plusieurs bloggeurs ont d'ailleurs été déroutés parce ce qu'ils ont pris pour trop de complaisance envers les tristes sires qui traversent ce roman.
Mais Kishwar Desai disait elle-même à Libé (qui tirait son portrait en 2014) :
"Mes histoires sont si sombres que j'ai éprouvé le besoin de créer un personnage plus optimiste."
Un drôle de bouquin que l'on dirait égaré sur une étagère, quelque part entre une Bridget Jones en sari et un Rouletabille en rickshaw.
Au final, le pamphlet est plus subtil qu'il n'y parait car différents points de vue sont donnés par différents personnages et celui d'Anita (l'épouse du toubib) n'est pas le moins intéressant.
Kishwar Desai donne à lire. Elle ne donne pas de leçon.
Son éditeur français (L'aube) revendique abusivement l'étiquette 'polar' (l'enquête amateure est bien légère), et il est clair qu'on ne tient pas là une grande plume de la littérature (le style passe-partout est facile).
Mais ce quasi reportage journalistique vaut quand même le détour par Dehli pour deux excellentes raisons : il est agréable à lire à nos yeux occidentaux et même très compréhensible jusque dans quelques unes des subtilités locales, et par ailleurs le sujet grave, passionnant et intéressant, visiblement bien documenté, est à découvrir. Impérativement.
On regrette juste que le pavé soit un peu lourd à digérer : l'idée de se faire entrecroiser différentes histoires et personnages n'est pas mauvaise mais Kishwar Desai se perd et nous perd parfois en route. Certaines parties ne méritaient pas tant de développements ni qu'on y revienne plusieurs fois (notamment les épisodes de la douane).
Pour celles et ceux qui aiment l'Inde.
Lien : http://bmr-mam.blogspot.fr/
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Dans le deuxième roman de Kishwar Desai, nous retrouvons l'attachante travailleuse sociale Simran Singh, qui a adopté les deux jeunes soeurs, Durga et Sharda, qu'elle avait rencontrées au cours de sa première enquête. Elle travaille pour une clinique chic de la banlieue de Delhi dont la spécialité est de chercher des mères porteuses pour de riches étrangers en mal d'enfants. Anita et Subbash Pandey, les deux médecins qui dirigent l'ultramoderne clinique de la Vierge à l'Enfant sont des amis de Simran, et malgré les réticences que celle-ci éprouve parfois vis-à-vis de la GPA, elle va accepter le travail délicat qu'ils lui confient.

Amelia, le bébé né par mère porteuse d'un couple de Britanniques, Susan et Mike Oldham, se révèle être séropositive. Les deux parents meurent dans un mystérieux accident au Rajasthan et la mère porteuse est introuvable. La réputation de la clinique est en jeu : Simran doit déterminer pourquoi Amelia est séropositive et ce qu'elle va devenir administrativement. Quelle sera sa nationalité ? Qui va s'occuper d'elle ?

L'enquête va la conduire à Londres, où elle va rencontrer Edward Walters, un séduisant anglais donneur de sperme qui a des liens avec la famille Oldham, mais... lesquels ? Simran va également découvrir une autre clinique de Delhi qui semble avoir des pratiques médicales étranges, sinon douteuses, et ses recherches menacent de perturber le commerce lucratif de certains. Sa vie pourrait-elle en être menacée ?

Tout comme elle l'avait fait dans Témoin de la nuit, Kishwar Desai continue à nous promener dans les méandres de la société Indienne et elle nous en montre les contradictions, les traditions, les chocs culturels ou religieux. La GPA, au coeur d'une polémique dans de nombreux pays occidentaux, est également discutée et parfois contestée en Inde, où elle fait l'objet d'un véritable marché, très fructueux pour certains.

La force du roman est de ne pas chercher à imposer aux lecteurs une analyse prête à l'emploi des questions éthiques que pose la gestation pour autrui. Plutôt que de nous dire ce que nous devrions en penser, l'auteur préfère nous proposer un kaléidoscope de situations diverses et de personnages très différents : des couples en mal d'enfant, Indiens ou Occidentaux, hétéros ou homos, des femmes pauvres qui espèrent, en devenant mères porteuses, pouvoir sortir de leurs difficultés, des personnes sans scrupules qui les manipulent et les utilisent pour s'enrichir, des médecins honnêtes et d'autres qui le sont moins...

Nous suivons le parcours parfois difficile de plusieurs futures mères porteuses, Preeti, Sonia, Shabba ou Radhika. [Cette dernière...] « était une travailleuse manuelle du Rajasthan. Elle était employée sur un chantier de construction lorsque son mari avait été blessé à la tête. Sharma l'avait trouvé sur le bord de la route, en larmes et désespérée. Il l'avait rassurée en lui disant qu'il amènerait son mari à l'hôpital. Et que, pendant ce temps là, elle pourrait gagner de l'argent en devenant mère porteuse. Au fil des mois, il lui avait expliqué que son mari avait besoin d'un traitement très coûteux. Une partie de l'argent que Radhika gagnerait comme mère porteuse paierait directement l'hôpital. Radhika n'avait pas le droit de voir son mari, mais elle était au moins sûre de pouvoir payer ses soins. Comme une esclave enchaînée, elle s'était retrouvée piégée par Sharma dans (ce qu'il espérait être) un cycle sans fin de grossesses. Maintenant, entre les mains de Ganguly, elle était devenue un cobaye idéal pour ses expériences. Les données de la grossesse de Radhika étaient collectées et stockées avec celles des autres mères porteuses, plus âgées, que Ganguly avait suivies. Il allait récolter de multiples embryons chez des filles plus jeunes comme celle qu'il s'apprêtait à examiner, et voir s'il y avait aussi une différence de qualité ».

La clinique de la Vierge à l'Enfant subit l'opposition d'une organisation religieuse qui refuse la GPA, et plus encore quand celle-ci bénéficie à des couples homosexuels occidentaux, et cette forte opposition interne renchérit le coût de la mère porteuse, qui passe ainsi de 2 000 000 à 4 000 000 de roupies, alors que chaque mère reçoit en paiement de ses services 500 000 roupies. Pourtant, malgré ces difficultés, « Subbash pressentait qu'une avalanche de demandes allait bientôt leur parvenir, car des gens du monde entier venaient en Inde, depuis que le ventre des Indiennes était à louer ».

L'enquête de Simran Singh nous permet également de suivre le parcours de plusieurs couples qui désirent avoir un enfant et pour qui la GPA représente une dernière chance. C'est le cas pour Kate et Ben, deux Britanniques de la classe moyenne supérieure, pour les Oldham, les parents de la petite Amelia, mais aussi pour madame Renu, une Indienne qui a de hautes responsabilités politiques...

Mais le plus fascinant pour le lecteur occidental est sans doute la différence d'approche par rapport à la loi exprimée par le comportement de Simran Singh. Tout comme dans son précédent roman, la narratrice ne cherche pas à faire appliquer la loi en faisant appel à la police ou à la justice : elle préfère négocier, apprécier les rapports de force et se débrouiller pour que ceux qui ont commis des crimes aillent les faire ailleurs et laissent une situation apaisée. le personnage tente de comprendre les motivations et de saisir les contradictions de chacun, des contradictions qui sont aussi celles de la société indienne. Outre le fait qu'elle n'est qu'une travailleuse sociale et pas un flic ou un juge, cette attitude est aussi profondément liée à la corruption qui semble sévir dans tous les rouages de l'administration et de la société, une corruption qui a de quoi rendre sceptique le plus amoureux de la justice.

Kishwar Desai nous propose un livre qui pousse au questionnement, incite à la réflexion, nous permet de vivre « de l'intérieur » un pays si différent du nôtre tout en nous proposant une histoire plaisante et des personnages complexes et originaux : une lecture fortement conseillée !

Lien : http://www.un-polar.com/kish..
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J'ai lu ce second tome des aventures de Simran Singh très rapidement. Alors, oui, l'écriture est efficace mais il est tout de même des petites choses qui me dérangent.
Comme dans le premier tome, Simran s'aperçoit qu'il est des faits qu'elle aurait pu découvrir plus tôt si seulement elle avait été plus attentive, ou moins naïve. Non, parce que, franchement, la naïveté de Simran est parfois étonnante, alors qu'à d'autres moments elle devient une empêcheuse de tourner en rond.
Les opinions de Simran ne sont pas nécessairement celles de l'auteur, dit Kishwar Desai dans la post-face. J'espère tout de même que l'auteur est pour l'adoption, et prend ses distances avec ce commerce des embryons. La problématique du roman est là. D'un côté, nous avons des occidentaux, de riches indiens, prêts à tout pour devenir parents. de l'autre, nous avons des femmes indiennes pauvres, qui vendent leur corps, avec l'approbation de leur mari, de leur famille parfois, qui deviennent mères porteuses. du coup, leur condition de vie s'améliore (si, si) : le temps de leur grossesse, elles sont bien soignées, bien nourries, elles reçoivent même des soins esthétiques. Il ne faut pas que la mère porteuse d'un joli bébé blanc aux yeux bleus ait une peau trop foncée. Ou comment se donner bonne conscience.
Si déjà cette situation vous choque, sachez que, dans la clinique tenue par les amies de Simran, clinique où elle apporte son grain de sel pour que les mères porteuses soient un minimum respectée, nous sommes plutôt face à des exceptions. Ailleurs (voir les reportages récents à la télévision), les femmes sont parquées telles des vaches dans une étable, sans espoir de voir le pré un jour, elles doivent subir une césarienne, le plus souvent à la demande des parents de l'enfant – il faut bien programmer les vacances pour venir chercher le bébé – et enchaînent les grossesses jusqu'à épuisement.
L'action a beau se passer en Inde, certains combats pourraient se passer en France – même si les mères porteuses n'y sont pas officiellement autorisées. Vous noterez que je ne parle presque pas de l'intrigue policière parce qu'elle passe quasiment au second plan. Elle montre cependant à quel point les occidentaux sont prêts à tout pour avoir l'enfant de leur rêve, pour s'assurer une descendance. Ou comment, aussi, on appelle altruisme ce qui n'est que de la légèreté et de l'égoïsme. A ce sujet, le dénouement du roman est presque trop beau, trop moral pour être crédible – encore une de ses petites choses qui m'a dérangé.
J'ai cependant commencé la lecture du troisième tome.
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