«Je pense que sur un plan ou un autre, c'est ce que nous faisons tous, dit-il enfin. Les individus, les pays. Si nous pensons à nos péchés, c'est un lourd fardeau que nous portons.» Il se gratta la tête. «C'est pour ça qu'ici les gens vont si volontiers à l'église - chaque jour, plusieurs fois par jour même, quand ils passent devant. Ils entrent, font le signe de croix, comme ça, disent une petit prière, allument un cierge et ressortent - pardonnés, prêts à se remettre en route.
- Et ceux d'entre nous qui ne sont pas croyants?»
André haussa les épaules. «Il faut peut-être que nous nous pardonnions à nous-mêmes.»
Il croyait que les scientifiques étaient des gens fascinants : après tout, ils connaissaient mieux que personne l'être humain et le phénomène de la vie.
"Vous n'avez jamais vu notre Dia de los Muertos, notre jour des morts ? demanda Paola. Nous semons des pétales devant nos portes pour les aider à retrouver leur maison, nous affichons leur photo afin qu'ils puissent être sûrs d'être bien chez eux et nous mettons des bougies pour qu'ils y voient clair sinon ils doivent brûler leurs doigts... " Eric suivit la jeune femme jusqu'à l'endroit où elle prit un cierge. Lui-même en choisit deux, les alluma, puis les planta dans une couche de cire chaude en prononçant à haute voix le nom de ses grands-parents : " Davey Rowse ", " Betty lennings ".
Eric posa le livre sur sa poitrine pour affronter, sans en être gêné, le même courant d’air que celui qui soufflait sur les mineurs et les forçait à adopter cette démarche titubante, en zigzag, qu’il lui semblait avoir imitée pendant son voyage. Était-ce là le monde qu’avait trouvé son grand-père quand, après avoir traversé l’océan, il était parti à la recherche d’un nouveau territoire où poser ses marques ? L’effort qu’il fit pour entrer dans ce passé, semblable à une mine où ne perçait aucune lumière et où ne circulait aucun souffle d’air, épuisa Eric, qui s’abandonna avec soulagement au sommeil.