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Anne-Cécile Padoux (Traducteur)
EAN : 9782070424320
341 pages
Gallimard (29/10/2002)
3.32/5   57 notes
Résumé :
«On aurait dit que leurs mères avaient soigné toutes ces jeunes filles comme des fleurs en pot jusqu'au moment où leurs joues seraient assez pleines, leurs lèvres assez brillantes ; petits rires et chuchotements aboutissaient à cette grande décision : le mariage.»
Mais il s'agit presque toujours d'une union arrangée où l'amour ne joue aucun rôle. Possessive, autoritaire, étouffante, la famille indienne se révèle être ici un univers de violence, de cruauté et ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le jeûne et le festin est un livre agréable à lire, une belle porte d'entrée à l'univers de l'auteure Anita Desai et à celui de la littérature indienne. Ne nous faisons pas d'illusion, ce n'est pas une grande oeuvre mais c'est un bouquin facile d'accès et qui aborde plusieurs grands thèmes associés au sous-continent indien. Un seul point m'agace, toutefois : je me demande si ce portrait de ce grand pays est-il encore d'actualité ? Aucune date n'est mentionnée et le situer est ardu, l'auteure écrivant depuis plus d'un demi-siècle.

Il y est beaucoup question du poids des traditions et de la famille, avec des parents autoritaires et une atmosphère étouffante, où le garçon a tous les droits et les privilèges (dont celui d'aller étudier à l'étranger) et où les filles ne sont bonnes qu'à marier. Et encore, avec des candidats choisis par les parents (vive les mariages arrangés !). Celui de la belle Aruna lui mène la vie dure. Elle ne peut qu'envier sa soeur aînée Uma, idiote, qui craint de devenir vieille fille. Et quand on lui trouve (enfin !) un homme à marier, il se montre si froid et distant que l'union semble peu prometteuse. Dans tous les cas, ce sont les deux revers de la même médaille.

Comme je l'écrivais plus haut, le jeûne et le festin est facile d'accès. le lecteur n'est pas déstabilisé en découvrant un pays aux coutumes complètement différentes du sien, avec des repères complètement nouveaux. Quelques mots spécifiques à l'Inde sont disséminés à droite et à gauche mais le contexte permet toujours de s'en faire une tête, que ce soit le titre d'une gouvernante, des morceaux d'étoffe ou autre chose.

Quant à l'écriture d'Anita Desai, que, dans d'autres de mes critiques, je trouvais ordinaire, ici, elle me semble un peu mieux. J'ai apprécié quelques effets de style, ses jeux de mots. Pareillement sa façon de ne faire des parents qu'une seule et même personne ou entité, devenus «Mamanpapa». Rien de renversant mais c'est cette attention aux petits détails qui me rappelle ses recueils de nouvelles que j'avais aimés.

Plus haut, je mentionnais les soeurs Uma et Aruna, et leurs problèmes matrimoniaux. Leur frère cadet, tout aussi critique de sa famille et de sa société, pense échapper à toutes contraintes en allant étudier aux Etats-Unis. D'ailleurs, la deuxième partie raconte ses aventures en Amérique. D'abord, je trouvais que ça créait une rupture, que ça avait peu à voir avec l'Inde, allant même à remettre en question son utilité. Mais, finalement, je me suis ravisé. En effet, à des milliers de kilomètres et en ayant sous les yeux des modèles de famille différents (mais pas tant que ça !), il est amené à réévaluer certaines de ses conceptions sur son pays et les siens.

Le lecteur, quant à lui, peut être amener à se poser les mêmes questions…
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Chronique d'une famille indienne sans que soient précisés leur appartenance ethnique, la région (une indication les deux fleuves sacrés se rejoignent) et le moment précis.
Les parents ne font qu'une même personne. Sans que l'on sache dans quelle mesure ils sont vraiment du même avis. En effet, c'est un couple traditionnel, issu d'un mariage arrangé (la mère exprime à un moment son mépris des mariages d'amour). Et elle est aux petits soins pour lui (scène rituelle où elle lui pèle et prépare un à un les quartiers d'oranges).
Horribles parents, d'un égoïsme énorme, ne voyant en leurs enfants qu'un prolongement d'eux-mêmes. Ce n'est pas seulement qu'ils se conforment aux conventions de leur milieu, ils sont dénués de tout sentiment.
Ne se souciant ni du bonheur de leurs enfants bien évidemment, ni véritablement de leur santé (refus de laisser l'aînée aller à Bombay voir un ophtalmologue). Utilisant leur fille ainée non mariée comme une bonne, lui interdisant de travailler tout en lui reprochant de ne pas gagner d'argent. Seule la deuxième fille ayant un égoïsme aussi grand parvient à obtenir ce qu'elle désire. le fils, né longtemps après les deux filles, et objet de toutes les fiertés du père, s'est évadé dans les BD, et s'est efforcé de traverser la vie sans jamais s'impliquer.
Un petit dernier tiers nous fait suivre Arun le fils, en Amérique où son père a décidé de l'envoyer continuer ses études. Après une année où il s'est efforcé d'être anonyme aussi bien dans les amphithéâtres que dans sa chambre d'université, il doit quitter celle-ci pour l'été et s'installer dans une famille. Là encore la famille est un étouffoir, non seulement pour lui mais pour les membres de cette famille.
Plus qu'un livre sur l'Inde, bien que le mode de vie indien soit là à chaque page, j'y ai vu un livre sur l'exploitation familiale, sur la famille comme carcan et comme éteignoir.
L'emprise s'exprime par la nourriture. En Inde, elle est sujet de discussions, de longues préparations, de contrôles. En Amérique, elle est le symbole de l'annihilation de la famille qui vit sous le même toit mais sans réelles relations. La nourriture est achetée surabondamment, mais non ou mal préparée et consommée. le jeûne et le festin.
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Uma la naïve et son frère Arun le désabusé observent, critiquent et subissent la société qui les entoure.


Maman a épousé Papa lors d'un mariage arrangé et ne vit que pour son mari. Papa fait totalement confiance à Maman et ne revient jamais sur une de ses décisions. Au fil des années, perdant une partie de leur personnalité, ils deviennent, pour leurs trois enfants, l'entité "Papamaman". Leur ainé, Uma, n'est pas jolie, porte de grosses lunettes, rate tous ses examens. Aussi, à la naissance de son frère, PapaMaman la retire de l'école. Elle aidera à l'éducation du fils et à 16 ans, ils lui trouveront un bon mari. Malheureusement, le mari n'a jamais pu être trouvé. Après avoir aidé à l'éducation, elle s'occupera de ses parents. Beaucoup la considère comme simplette mais c'est avec cette naïve intuition qu'elle observe le monde autour d'elle, y voit les failles et les tourments de ceux qui ont "réussi". Comme sa sœur cadette, Aruna la coquette. Aruna est belle, intelligente et ambitieuse. A peine adolescente, les hommes l'admirent. Cela lui permet de faire son choix lorsque le moment est venu de se marier. Elle choisira un homme avec un bel avenir, à l'aise financièrement et joli garçon. Est-ce pour cela qu'elle est heureuse ? Uma en doute. Comme elle doute du bonheur de son jeune frère, ce fils inespéré, élevé dès son plus jeune âge pour réussir, lui volant son enfance. Après l'école, il devait apprendre ses cours avec des répétiteurs sévères puisque l'échec de leur élève leur valait un renvoi. Obligation aussi de pratiquer un sport : "un esprit sain dans un corps sain" est la devise préféré de son père. Enfin, son admission dans une grande université américaine devrait valider toutes ses années d'efforts. Alors pourquoi Uma ne trouve aucune joie chez son frère ? Seuls MamanPapa sont heureux : leurs fils et fille cadette ont réussi. Quant à l'aîné, elle restera à leur service. Mais qu'en pensent les intéressés ?


Le roman est divisé en deux parties. Dans la première, nous suivons Uma dans les détails quotidiens de sa vie : les traditions, la famille, la religion, l'importance des mariages arrangés. Dans la deuxième partie, c'est Arun, le jeune frère qui découvre les us et coutumes américains : la nourriture, le gaspillage, une certaine liberté. L'écriture est agréable, les personnages intéressants et nous suivons cette famille avec plaisir. Le problème, c'est qu'à la fin, la question que je me pose, et que je continue à me poser près d'une semaine plus tard : ET ? Ce n'est pas une saga familiale puisqu'il n'y a pas de fin, juste une tranche de vie sur une vingtaine d'années. Les détails sont trop sommaires pour être une véritable critique sociale. D'autant qu'il n'y a pas de dates. Le plus logique serait de positionner l'action entre les années 1960-1980 mais sans vraiment de détails pour le certifier. Uma est montrée comme étant simplette mais elle a une certaine réflexion qui dément une telle allégation. Et sur d'autres points, elle semble enfantine, ce qui double l'intemporalité du roman ne sachant, au premier abord, si elle se remémore son enfance ou si elle réagit en tant qu'adulte. Elle ressemble plus à une personne qui vit enfermée et n'a pas d'expérience extérieure, seule la tradition compte et elle n'a pas assez de force pour la contrer. Au moment où elle décide de se battre pour quelque que chose qui a une importance, le roman se termine sans apporter la réponse. La deuxième partie se passe sur la côte est des Etats Unis. Nous y retrouvons Arun, un jeune indien dans un pays à la culture totalement opposée. Mais son isolement volontaire le coupe de cette analyse qu'il aurait pu tirer sur les différences. Au contraire, il retrouve dans sa famille d'accueil les travers de sa propre famille. Bien qu'ayant une éducation différente de celle de ses sœurs, le poids qu'a fait peser sur lui ses parents en ont fait un asocial. En cherchant la liberté dont il a été privé toute son enfance, il se renferme sur lui-même. Ce n'est que contraint financièrement qu'il accepte de partager la vie d'une famille américaine durant les vacances d'été. Bien vite, ses espoirs d'éviter les membres s'avèrent vain. Aussi, il découvre le père dans son rôle de patriarche, sous prétexte d'incompréhension, imposant son mode de vie. Le fils qui s'entraine jusqu'à l'épuisement pour obtenir une bourse universitaire et la fille boulimique/anorexique, n'arrive pas à faire face à une famille dont elle se sent exclue. Progressivement Arun y voit une caricature de sa propre famille, le poids des traditions en moins. Mais là encore, ce n'est pas assez poussé pour être une véritable critique. C'est plus la traduction de mon ressenti. J'aurais aimé que le livre soit plus précis : soit le suivi d'une famille avec plus de détails sur les traditions et leurs conséquences ou une critique, voire une comparaison. Là, c'est un peu tout ça à la fois mais ne faisant que survoler les sujets. Dommage.
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Dans ce roman, on suit principalement le destin d'Uma. On ne sait pas grand chose d'elle, hormis qu'elle souffre d'une myopie sévère et qu'elle a peut-être un léger retard mental. Elle agit toujours comme une adolescente, même adulte, entre autre parce qu'elle est maintenue dans une dépendance infantilisante.
A travers le regard d'Uma, se dessinent des destins de femmes. Celui de sa soeur Aruna, qui a suffisamment de caractère pour obtenir un mariage qui l'arrange. Celui de sa cousine Anamika, qui, malgré son intelligence, sa beauté et son bon coeur, se retrouve si mal mariée. Celui de sa mère, qui n'a pour unique ambition que d'être l'ombre, le double de son époux, au point que "mamanpapa" ne forment plus qu'une seule entité.
On y lit le poids de la société, la difficulté à former une famille aimante dans ces conditions.
Le dernier quart du roman est consacré à Arun, le fils arrivé sur le tard. "Mamanpapa" l'a envoyé aux Etats-Unis pour ses études parce que c'est prestigieux. Mais là-bas, Arun qui se croyait arrivé au pays des libertés, découvre le même genre de non-dits, les mêmes sortes de contraintes : une famille dysfonctionnelle, une chaleur écrasante (il est dans le sud), le poids de la société de consommation, la croyance qu'ailleurs est mieux qu'ici.
Au final, on a un roman sur la famille et la société, tout en délicatesse et sans jugement.
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Voici un livre intéressant qui décrit le poids des traditions en Inde et l'impact de celles-ci sur le destin de trois enfants issus d'une même famille. Par tradition, j'entends ici la pression sociale qu'exerce la famille sur la vie de leurs enfants, au point de les étouffer et annihiler leur personnalité.
Dans cette histoire, nous suivons le destin de deux enfants. Il y a Uma, la fille aînée, disgracieuse et maladroite. Ces parents sont déterminés à lui trouver un époux mais, quand deux fois le destin contrariera leurs plans, ils l'empêcheront jusqu'au bout d'être indépendante. Uma restera la femme à tout faire à la maison, une domestique à leur service sans aucune possibilité d'échapper à sa condition. D'ailleurs, ils ont coupé ses ailes dès le début en l'empêchant d'aller à l'école et en prenant à la légère ses problèmes de vue.
Arun, quant à lui, est un garçon donc la fierté des parents dès sa naissance. Traité avec le plus d'égards possibles, ses parents lui donneront même l'opportunité d'étudier à l'étranger. Mais arrivé sur place, Arun a du mal à s'adapter et débarque, le temps d'un été, dans une famille américaine qui vit des relations conflictuelles qui n'est pas sans rappeler ses propres schémas familiaux en Inde.
Ce livre dénonce beaucoup de points : l'éducation différente en fonction du sexe de l'enfant, les mariages arrangés et les conséquences désastreuses qui peuvent en découler, l'emprise que certains parents ont sur leurs enfants.
Le style d'écriture est agréable, léger et se lit rapidement. La fin est assez abrupte : on quitte les personnages sans connaître ce qu'ils deviendront. Uma arrivera-t-elle à s'imposer et gagner un peu d'indépendance ? Arun restera-t-il aux Etats-Unis ?
Ce livre mérite le détour mais je trouve qu'il y a une certaine résignation dans cette histoire, et d'ailleurs dans la plupart des romans indiens : les critiques sont les mêmes mais il ne semble pas avoir de progrès social.
Lien : https://leslecturesdehanta.c..
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Cela aussi était familier pour Arun, il en avait fait l’expérience, même si ce n’était qu’un reflet dans un miroir : son père avait la même expression, triomphant toujours, refusant toute opposition, tout défi à son autorité, attendant, insensible, qu’ils faiblissent, cèdent peu à peu au désespoir, et soient anéantis. Une fois de plus, un frisson gris, fugitif, le traversa, l’étouffa.
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es filles avaient appris à ne jamais compter sur des divergences, des désaccords – ils se produisaient si rarement qu’elles auraient pu ne pas les remarquer, n’était leur sensibilité extrême à la température et à l’atmosphère de la maison et leur entraînement à saisir le moindre indice de discordance, de dissonance.
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Là où, sous la férule de la vieille despote, il n’y avait eu que poussière et désolation autour de la grande maison, Mrs. Joshi avait à présent un parterre de roses dans le jardin, devant la maison, et dans le jardin de derrière il y avait des planches de légumes si abondants et si luxuriants que leur profusion était partagée entre tous les voisins.
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La nouvelle les a frappés comme l’éclair,bien que ce qu’elle révèle n’ait pas de réalité.Elle ne deviendra une réalité qu’avec les détails qui suivront.
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Il mesurait le succès de ses plaisanteries au plus ou moins grand malaise
qu’elles provoquaient chez ses interlocuteurs. C’était sa façon à lui de
s’imposer ; il rejetait la tête en arrière et s’esclaffait d’un air triomphant ; il semblait même gagner physiquement en stature –laquelle était médiocre.
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Anita Desai : La claire lumière du jour
Olivier BARROT présente le livre d'Anita DESAI : "La claire lumière du jour": un roman sur l'Inde avec peu d'action : l'épouse d'un diplomate revient dans sa maison en Inde ; mais sa "maison" est aussi l'Inde tout entière, "veuve" du Pakistan après la partition de 1953.
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