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« Notre-Dame-Des-Pleurs »
Ce surnom n'est pas donné au hasard à la poétesse
Marceline Desbordes-Valmore. Son existence est une suite de malheur car elle perdit cinq enfants sur les six qu'elle mit au monde.
Après avoir été comédienne, à 33 ans, en 1819, elle publie un premier recueil « Élégies et Romances ». Ses écrits sont essentiellement des
poèmes, mais aussi des contes pour enfants, des nouvelles et un roman. Une mélancolie persistante ce ressent dans les vers de cette femme autodidacte.
Connaissant peu cette poétesse, j'ai été frappé de m'apercevoir que la plupart des grands écrivains de son époque l'admiraient et la reconnaissaient comme un des grands poètes romantiques. Leurs mots magnifiques ne pouvaient que troubler la sensibilité de Marceline. Je cite quelques phrases que certains lui consacrèrent :
PAUL VERLAINE –
Nous proclamons à haute et intelligible voix que
Marceline Desbordes-Valmore est tout bonnement, – avec
George Sand, si différent, dure, non sans des indulgences charmantes, de haut bon sens, de fière et pour ainsi dire de mâle allure – la seule femme de génie et de talent de ce siècle et de tous les siècles en compagnie de Sapho peut-être, et de sainte Thérèse.
“
Marceline Desbordes-Valmore” -
Les poètes maudits de
Paul Verlaine
« La plus noble d'esprit, la plus grande de coeur,
Partant la plus charmante et la plus douloureuse
Des
femmes, c'est encore le poète vainqueur
Du rythme souple et sûr et de la rime heureuse.
Nous t'aimons et nous te louons, chaste amoureuse,
Toute passion forte et divine langueur,
Poète au verbe plein par cette langue creuse,
Notre muse attendrie en ce vil temps moqueur. »
CHARLES-AUGUSTIN SAINTE-BEUVE
Madame Valmore s'est fait une place à part entre tous nos poètes lyriques, et sans y songer. Si quelqu'un a été soi dès le début, c'est bien elle : elle a chanté comme l'oiseau chante, comme la tourterelle démit, sans autre science que l'émotion du coeur, sans autre moyen que la note naturelle. (…)
Préface des
Poésies, 1842
CHARLES BAUDELAIRE
Mme Desbordes-Valmore fut femme, fut toujours femme et ne fut absolument que femme ; mais elle fut à un degré extraordinaire l'expression poétique de toutes les beautés naturelles de la femme.
(…) Elle trace des merveilles avec l'insouciance qui préside aux billets destinés à la boîte aux lettres. Âme charitable et passionnée, comme elle se définit bien, mais toujours involontairement, dans ce vers :
« Tant que l'on peut donner, on ne peut pas mourir ! »
Âme trop sensible, sur qui les aspérités de la vie laissaient une empreinte ineffaçable, à elle surtout, désireuse du Léthé, il était permis de s'écrier :
« Mais si de la mémoire on ne doit pas guérir,
À quoi sert, ô mon âme, à quoi sert de mourir ? »
Certes, personne n'eut plus qu'elle le droit d'écrire en tête d'un récent volume :
« Prisonnière en ce livre une âme est renfermée ! »
- Extrait de la Revue fantaisiste en 1861 -
Charles BaudelaireVICTOR HUGO
Vous êtes, parmi les hauts talents contemporains, quelque chose de plus peut-être qu'une âme ; vous êtes un coeur. Il y a l'âme et le coeur, il y a le monde des pensées et le monde des sentiments. Je ne sais pas qui a le premier et si quelqu'un l'a dans ce siècle, mais à coup sûr vous avez l'autre : vous y êtes reine.
« Ah ! c'est vous que je vois
Enfin ! et cette voix qui parle est votre voix !
Pourquoi le sort mit-il mes jours si loin des vôtres ?
J'ai tant besoin de vous pour oublier les autres ! »
Préface au recueil « Les Pleurs » -
Victor Hugo 1833
Extrait de « La Sincère » du Recueil « Les Pleurs » de
Marceline Desbordes-Valmore, préfacé ci-dessus par
Victor Hugo
« Veux-tu l'acheter ?
Mon coeur est à vendre.
Veux-tu l'acheter,
Sans nous disputer ?
Dieu l'a fait d'aimant ;
Tu le feras tendre ;
Dieu l'a fait d'aimant
Pour un seul amant ! »
Si j'avais été
Marceline Desbordes-Valmore, j'aurais craqué à coup sûr en lisant tous ces merveilleux compliments contenus dans les lignes de nos plus grands poètes dont je n'ai cité que quelques-uns !
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