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3,89

sur 915 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Comment raconter la passion amoureuse? Tout a été dit. Tout a été écrit, chanté. C'est pourtant à cette tâche ardue que s'attelle François-Henri Désérable dans son nouveau roman.
Après nous avoir plongé dans la jeunesse de Romain Gary avec le pétillant Monsieur Piekielny, Désérable confirme ses talents de conteur dans ce nouvel opus.
En réincarnant la passion qui liât Verlaine et Rimbaud sous les traits de Tina et Vasco, il nous offre une histoire magnifique et sensible.
Tout débute dans le bureau d'un juge. le narrateur, ami intime de Tina et Vasco, est sommé de raconter l'histoire de ces deux êtres en faisant l'exégèse des poèmes laissés par Vasco.
Tina est actrice, Vasco conservateur à la bibliothèque nationale de France. Ils se rencontrent par l'intermédiaire du narrateur. Tina est en couple, deux enfants, bientôt mariée, mais l'attirance est trop forte, le désir trop intense.
Pourtant comme chacun le sait, les plus belles histoires d'amour sont celles qui se finissent mal. Celle de Tina et Vasco ne dérogera pas à la règle.
Point de mièvrerie dans cette histoire, François-Henri Désérable ana sagesse d'insuffler aux moments opportuns une touche d'insolite par ci, un peu d'humour par là.
Et quelle écriture! Quel langage! Au milieu des grands noms de la littérature française qui peuple le récit, Verlaine (qui donne son titre à l'ouvrage), Rimbaud, Appolinaire, Baudelaire ou Stendhal, la prose de François-Henri Désérable leur donne un écrin.
Pour moi ce roman est avant tout l'une des plus belles déclarations d'amour à la langue française et à son panthéon.
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Tina, Edgar, Vasco.
Une histoire de passion sur fond de poésie.
Un narrateur omniscient, et pas très objectif, qui raconte toute cette histoire à un juge amateur de littérature.
Des références littéraires à foison, des haïkus en veux-tu en voilà, Rimbaud et Verlaine omniprésents...
Un lecteur qui donne vie au texte, lui insuffle ce qu'il faut d'ironie, de passion et de recul à la fois.

Un très beau roman sur la passion certes, mais aussi et surtout une superbe ode à la poésie et à la littérature.
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Tina a les poèmes de Verlaine dans la peau. Cette poésie de l'instant et de l'abîme, ça fait vibrer Tina. Rimbaud s'est aussi invité dans les lectures de Tina. Ces poèmes, Tina les vit, les ressent. Ils sont pour elle un moyen de fuir le réel, d'apaiser ses vertiges intérieurs, cette douleur intime qui lui cisaille les entrailles.
Le futur, les projets, ça effraie Tina jusqu'au jour où elle rencontre Edgar. Ce colosse musclé en doudoune est la stabilité incarnée. Il aime profondément Tina et Tina l'aime.
Il parvient à faire taire pour un temps les voix intérieures de Tina. Et un jour Tina devient maman et là tout semble évident.

Mais le hasard d'une rencontre dans une soirée, une silhouette, un regard, quelques mots échangés. Et tout vole en éclats. Il s'appelle Vasco. Il ne pense plus qu'à Tina, elle envahit ses nuits, ses jours, son quotidien de conservateur à la BNF. Tina, elle, ressent à nouveau ses tumultes intérieurs. Elle succombe à ce désir puissant qu'elle éprouve de tout son être pour Vasco. Son corps vibre à nouveau...
Cette passion amoureuse née sous le regard de Rimbaud et Verlaine sera intense, fugace, douloureuse et marquera à jamais ces deux corps.

F.H Désérable fouille les ressorts intimes du sentiment amoureux en y révélant la douleur et le tragique mais aussi le caractère drôle et incongru. Grâce à son écriture ciselée et à son ton rieur proche du cynisme, F.H Désérable permet au lecteur de prendre de la distance face à cette passion sans issue, qu'il tourne en dérision. L'auteur a semé dans son récit des Haïkus, ces brefs poèmes qui sont autant de moments de respiration dans le tumulte amoureux vécu par Tina et Vasco.
Ce roman est brillant, drôle et tranchant. Il célèbre le sentiment amoureux, l'expression du désir des corps tout en s'en moquant.

Un très beau roman à découvrir et à lire absolument!
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Une histoire d'amour.
Encore une histoire d'amour.
Difficile de s'attaquer à un sujet exploité. Surexploité. Par les plus grands poètes. Les plus vaillants romantiques. Les moins inspirés. Et puis quoi, on a tous vécus ça, l'amour qui passionne. Qui prend l'eau, qui se casse la gueule. S'ennuie. S'ecoeure. Se meurt... Survit parfois. A quel prix.

Je me récite les vers de Verlaine, devant ce titre évocateur. Inquiète aussi. Faut le porter, le sujet. Va falloir y aller pour m'impressionner.

Je croise les doigts.

Je lis.

Vasco et Tina s'aiment.
Le truc, c'est que Tina aime aussi son mari et leurs deux enfants.
Alors bien sûr, ça ne peut pas bien finir.
Très mal même, pouvons-nous en déduire. Puisque le narrateur est face au juge. Et raconte. Cet amour en dents de requin, ça vous dévore, c'est plus fort qu'eux.

Vasco, il va lui écrire un cahier entier de poèmes, à cette femme fantasmée. Une véritable héroïne de roman. Et je n'y peux rien, elles me fascinent, ces femmes presque idéales sorties de l'imaginaire masculin, de ses auteurs en mal, ou en bien, de muses, elles sont belles, libres, elles vivent plus fort, et plus vite, et plus mal. Fragiles comme tout. Une femme d'excès.
Une femme poème.

Il a fait quoi, Vasco, pour être mis en examen ?
Le procès d'un homme. D'un couple. de l'amour. Un procès loin d'être anodin, tant il trouve écho à nos histoires passées.
Bien malin celui qui me nommera le coupable...

C'est le moment pour moi de remercier @book_et_mister qui m'a donné envie de découvrir ce livre. Cette plume tout en nuance.
Mais les mots.
Mais la musique.
L'auteur me balance sa petite histoire, banale, l'amour, l'amour.., et je m'en fous, parce qu'il me donne des mots purs, nus, bruts, des mots comme il en faut, la corde parfaitement tendue. Elle sonne juste et ne romp pas. le temps de reprendre mon souffle. de rire ou de sourire. de m'emouvoir.

🤍 Ce rythme-là, c'est celui d'un long poème.

🤍 On peut tout me raconter, quand on me le raconte avec cette maîtrise de la langue. de la plume. de la musique.
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Les histoires d'amour finissent mal en général, comme l'a si bien chanté Catherine Ringer. Et, dans ce livre, il s'agit bien d'une histoire d'amour, une véritable passion amoureuse qui va devenir « l'affaire V. ASCOT ».
Le narrateur, en sa qualité d'ami du mis en cause et témoin de l'affaire, se trouve dans le bureau du juge d'instruction qui souhaite avoir des explications sur ce Gros dossier bleu : l' affaire V. Ascot, qui comporte deux scellés :
1) un cahier Clairefontaine à grands Carreaux 21x29,7 avec en titre MON MAÎTRE ET MON VAINQUEUR et des poèmes sur les pages suivantes.
2) un pistolet à barillet Lefaucheux à six coups 7 mm N° 14096
Dans les histoires d'amour, il faut être deux. Il y a d'abord Vincent Ascot ; V. Ascot. Tout le monde l'appelle Vasco.
Après des études un peu bancales, un peu d'histoire, un peu de droit, un stage à la BNF ou il avait tenu entre les mains le manuscrit des "Contemplations" qui avait décidé de sa vocation : conservateur à la BNF.
Il y a ensuite Tina. Tina est comédienne, vit en couple avec Edgar avec qui elle a eu 2 jumeaux. Ils doivent bientôt se marier.
À vingt ans, « elle avait trouvé dans Verlaine un semblable, un frère, quelqu'un qui comme elle avait voulu échapper au réel.» La poèsie l'avait amenée au roman, le roman au théâtre et le théâtre au conservatoire.
L' histoire d'amour de ces deux là, passionnés de poésie, commence par une invitation de Vasco à Tina pour admirer à la BNF des exemplaires «originaux» de certains livres rares : « les Poèmes Saturniens », les épreuves corrigées des « Fleurs du mal », l'exemplaire original d' « Une saison en enfer » , la Bible de Gutemberg. Rien que ça : Verlaine, Baudelaire, Rimbaud.
Je vous laisse deviner ce qu'il advint lorsque Tina a lu à voix haute le premier vers du dernier tercet de « Lassitude » des « Poèmes saturniens » :
«Mets ton front sur mon front et ta main dans ma main»
Bref, faire l'amour à côté d'un exemplaire de la bible sorti des presses de Gutenberg, voilà qui a dû caractère.
Tout est bon pour alimenter cet amour. Vasco, ira même jusqu'à voler le coeur De Voltaire qui se trouvait dans le socle de sa statut à l'ancienne BNF, pour l'offrir, le jour de son anniversaire, à Tina. " Une passion dévorante , un désir physique extrème, frénétique où tous les" coups" sont permis pour se retrouver.
Mais voila, il y a Edgar. le gentil Edgar, qui s'occupe bien des jumeaux, et prépare le mariage. Et, il y a l'Iphone, l'Iphone de Tina. Dans un Iphone, on y trouve tous nos faits et gestes, nos photos, nos messages. Dans l'Iphone de Tina, on y trouve toute sa relation adultère avec Vasco. Evidemment, ce qui devait arrivé est arrivé. Un jour, c'était la nuit, Edgar découvre horrifié, dégouté, la trahison de Tina.
Bon, je ne veux pas vous en dire plus, sinon que Tina va quitter Vasco, que Vasco va faire une tentative de suicide, que sur les conseils de son ami, le narrateur, et pour faire quelque chose de cette histoire d'amour, Vasco s'est mis à écrire" ce qu'il avait sur le coeur, ou plutôt dans le coeur, et ce qu'il avait dans le coeur, il l'a mis dans des vers dans un cahier Clairefontaine à grands Carreaux 21x29,7.
Des rimes et du rythme voila ce qui devait le sauver.
Puis Vasco, au cours d'une vente aux Enchères mémorable chez Christie's, va devenir propriétaire d'un révolver Lefaucheux à six coups de calibre 7 mm N° 14096. le révolver avec lequel Verlaine avait tiré sur Rimbaud en 1870 à Liège. Une pièce unique.
Le roman s'achève par la cérémonie du mariage de Tonia et d' Edgar qui provoquera et justifiera la mise en cause de Vasco par un juge d'instruction.
François-Henri Désérable, avec beaucoup d'habileté, d'humour, de poésie, un peu de sexe, quelques digressions réjouissantes
et parfois un zeste de trivialité, nous donne envie de découvrir ses personnages et leurs aventures parfois burlesques dans la veine d'un Frédéric Dard.
Ceci dit, je regrette un peu de n'avoir pas retrouvé dans ce livre la profondeur, la finesse et l'originalité que j'avais apprécié dans" Un certain M. Piekielny" du même auteur. Je Remercie les éditions Gallimard et Babélio de m'avoir permis de profiter d'un agréable moment de lecture.
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Un témoin raconte une scène de vie ou plus exactement, ce témoin rapporte sa discussion avec un juge d'instruction à propos d'une scène de vie.

Il s'est agi de la relation passionnément amoureuse entre un homme et une femme par ailleurs mariée. Elle aime son mari mais cette relation incandescente la brule.

Le témoin accompagne le lecteur à découvrir cette histoire en apparence si banale, si humaine. La BNF se trouve en arrière fond comme le théâtre, la musique, la dramatique querelle Verlaine - Rimbaud, Stendhal mais encore le coeur d'un philosophe du XVIIIe .

Le récit est lent, la langue est belle, ébouriffée comme après l'amour.

Il crée la tension au travers de choses simples comme le sac de yoga dont les vêtements sont propres et secs après la séances, les messages whatsapp découverts sur le smartphone de cette femme…

Est-il possible de stopper une passion amoureuse comme l'on fermerait un robinet ? Quelle eau peut éteindre de tels brasiers ?

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Un charmant roman, qui démarre comme un policier, qui chemine à travers de multiples références littéraires françaises et de jolis poèmes, pour terminer comme un film de comédie.
Une histoire d'amour assez cliché avec le vilain mari, la belle femme volage et l'amant passionné, mais la richesse de ce récit, c'est aussi toute l'évocation du Paris littéraire et culturel actuel et passé, un hommage à nos poètes et écrivains, à la folie qu'il faut parfois pour échapper au réel pour revenir « avec des vers lumineux » et « se laisser ensevelir sous les mots ».
J'ai beaucoup aimé ma lecture, et je chercherai certainement à découvrir les autres romans de François-Henri Désérable.
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En lisant ce roman, je me suis demandée si on pouvait décemment tomber amoureux.se d'un.e écrivain.e juste par sa prose, ses mots, juste par sa délicatesse et sa classe, sa subtilité, sa grâce et son humour. Oui, je me suis posé cette question parce que j'ai bien senti que je commençais sérieusement à être séduite par le sieur Désérable (dont j'ai aperçu des images fort attrayantes sur le net - il est charismatique tout de même-). Et c'est peut-être là sa prouesse : celle de nous faire vivre ce que vit sa belle héroïne Tina auprès de Vasco (bon, ils n'en sont pas restés aux petites touches épistolaires non plus, l'écrit a ses limites)
Mon maître et mon vainqueur - couple de mots emprunté à Verlaine (un autre personnage de cette histoire) - raconte à la mode d'Article 353 du Code pénal du copain Tanguy Viel, l'histoire d'un amour impossible : sa genèse, son éclosion avant l'explosion. Et on va dire que cela va pétarader fort !

C'est remarquablement écrit, frais, drôle, sympa, c'est aussi longuet : mon esprit synthétique de scientifique a parfois moins apprécié les longues tirades pourtant toutes jolies mais qui ressemblent plus à de l'enrobage et parfois du remplissage qu'autre chose. Mais François-Henri a tellement de qualités esthétiques (et je ne parle pas de sa personne). Avec finesse, il aborde l'art de concevoir un livre avec un écrivain qui vire en écrevisse, il rend la BNF comme haut lieu de voltige littéraire et humaine. Avec lui, les haïkus deviennent des pièces à conviction, un âne comme un fier destrier pour une ultime bravache. Bien sûr, Évariste n'est pas loin et est même cité à l'occasion. Voilà, Mon maître et mon vainqueur propose une héroïne absolue à l'image de sa passion, deux hommes qui veulent en découdre, un ami spectateur et un juge qui cherche à comprendre. Les scènes sont très bien installées, le scénario impose un rythme. On voyage dans Paris.

Vraiment intéressant.
Lien : https://jemelivre.blogspot.c..
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Le narrateur est devant un juge d'instruction suite à la tentative de meurtre de son meilleur ami, Vasco, sur le mari de Tina, son amante.

Car Vasco a Tina dans la peau, et vice-versa, malgré que ladite Tina a un homme dans sa vie, Edgar, père de ses jumeaux !

Alors le juge veut comprendre… on a retrouvé uniquement le pistolet (celui qu'a utilisé Verlaine sur Rimbaud), un carnet de poèmes, etc…. il pose des questions, le narrateur y répond, mais pas à toutes… non, car il est ami avec Tina et Vasco, et il n'a pas fait que couvrir leurs ébats, il a participé à un larcin, incroyable !

Entre amour fou, humour, cynique, et poésie, F-H. Désérable vous conte l'histoire d'un amour fou, irraisonnable, irraisonné, mais avec une poésie, des fulgurances charnelles… irrésistible !
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Une joyeuse découverte que cette belle histoire d'amour. Un sujet en apparence maintes fois raconté dans l'univers romanesque : le triangle amoureux entre une femme, son futur mari et son amant avec qui elle vit une passion sulfureuse, parcourue de périodes fusionnelles et de séparations et le futur mari qui se rend compte de rien jusqu'au moment où ... ne gâchons pas le plaisir des futurs lecteurs.
Donc oui une histoire maintes fois racontée mais ici l'auteur déploie toute sa virtuosité et son talent par un style d'écriture plein d'allant qui nous emporte dans un mouvement fougueux et envoûtant qui nous scotche à l'histoire et nous fait vivre les émotions des personnages. En effet beaucoup d'émotion, de l'humour parfois, de la poésie qui imprègnent ce livre.
Très bien écrit, un auteur talentueux, une histoire qui m'a passionné. À lire !
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