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sur 909 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
En 2017, François-Henri Désérable publie « Un certain M. Pikielny » et fait la démonstration brillante de ses compétences en matière d'interprétation fictionnelle de la réalité.
A travers l'improbable personnage de M. Pikielny, ce roman jubilatoire nous éclaire autrement la vie de Romain Gary et tout un pan de l'histoire européenne ; en subsidiaire, il nous dévoile un procédé précieux et attachant : le regard en biais. Parce que F.-H. Désérable a l'intelligence de faire adopter à son narrateur une posture qui lui permet d'effleurer gracieusement les choses et les réalités, qui n'exclut ni la tendresse, ni la rêvasserie, ni l'approche tâtonnante face à son sujet, une approche soucieuse des vérités possibles autant que des faits historiquement avérés. Cela compose un livre auquel on pardonne facilement les petites maladresses, et dont on garde surtout le plaisir de lecture.
Ce plaisir de lecture – un peu coupable aujourd'hui, il faut l'avouer (l'actualité façonne et conditionne indubitablement notre réception, je le crains) – se retrouve dans « Mon maître et mon vainqueur », que François-Henri Désérable vient de sortir (aujourd'hui !) et que j'ai pu lire en avance : pour ce petit privilège estival je remercie Babelio et les Éditions Gallimard.

Qu'est-ce que c'est la passion amoureuse ? La folie des sens, l'incontinence des coeurs, la fusion des corps ? M. Désérable semble s'être posé cette question et avoir relevé le défi d'y répondre en bon élève.
Il en résulte un livre facétieux, sympa, spirituel : une Francesca da Rimini et un Paolo Malatesta de nos jours s'amourachent sur les pages des livres rares de la BNF : « Elle n'était pas du tout son genre ; il n'avait jamais été le sien. Ils n'avaient rien pour se plaire ; ils se plurent pourtant, s'aimèrent, souffriront de s'être aimés, se désaimèrent, souffriront de s'être désaimés, se retrouvèrent et se quittèrent pour de bon » (p. 28).
Savoureux, piquant, drôle, invraisemblable et banal à la fois, ludique, voire divertissant (car l'actualité façonne et conditionne indubitablement notre réception...), le plus récent livre de FHD est riche de qualités et de jeux : jeux de miroirs, jeux de mots, jeux herméneutiques, jeux intertextuels, jeux amoureux etc...
Jusqu'à ce qu'il risque de devenir, somme toute faite, un simple jeu de société. Un jeu mondain. Parce que le coeur n'y est pas : ni chez l'auteur, ni chez le lecteur. Ce dernier admire la maîtrise stylistique et savoure les références (quel beau titre, par ailleurs...!), mais constate, avec une certaine amertume, qu'il survole de loin l'histoire, sans attache(s), ni empathie.

« Mon maître et mon vainqueur » aurait fait un carton il y a 40 ans, et M. Désérable aurait pu s'expliquer joliment chez M. Pivot. Mais aujourd'hui...

François-Henri Désérable aurait peut-être eu l'envie secrète de parler de soi entre les lignes, à travers le portrait impitoyable d'un écrivain-« écrevisse » : « sa prose était vieillotte, académique, poussiéreuse, ça ne se lisait qu'à grands coups de plumeau ; c'était scolaire, appliqué comme les coloriages d'un enfant qui veille à ne jamais dépasser, en tirant la langue ; on avait envie de lui distribuer de bons points. Et puis tout cela manquait de coeur, or le bon romancier doit avoir à l'égard de ses personnages le coeur tendre et l'oeil dur ; Adrien avait le coeur sec et leur faisait les yeux doux. Je lui avais conseillé, en déployant des trésors de délicatesse, d'attendre quelques années, de travailler, puis de revenir avec un autre roman » (p. 172).

Qu'on me pardonne ce petit détournement malicieux : quand on aime, on devient exigeant : c'est pas mal, mais M. Désérable peut sans doute mieux faire.
J'attends son prochain livre. de tout mon coeur, « mon maître et mon vainqueur » dans toute lecture.
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Lorsque j'ai commencé ce livre, j'ignorais qu'il allait obtenir le jour même le Grand prix du roman de l'Académie française -- certes par seulement 10 voix contre 9 pour l'un de ses challengers --, mais je n'ai pas imaginé un instant que cette distinction allait favoriser mon entrée dans ce livre qui me lassait dès ses vingt premières pages.

L'histoire a pour unique originalité d'être contée dans le bureau d'un juge d'instruction, donc le lecteur comprend que l'une des deux histoires d'amour mises en scène va se terminer par du saignant peut-être...

Deux histoires d'amour donc, l'une d'un véritable amour, l'autre de sexe qui deviendra passion amoureuse. Au milieu des ébats et des réflexions métaphysiques, l'auteur distille du Verlaine et du Rimbaud qu'il mélange à du Baudelaire à faire passer pour du Verlaine, prévenant quand même ses lecteurs -- présumés ignorants -- que Les merveilleux nuages sont bien baudelairiens.

Les situations sont presque toutes invraisemblables, depuis le vol du coeur De Voltaire à la BNF jusqu'aux enchères sur le pistolet avec lequel Verlaine tira sur Rimbaud par le plus minable des protagonistes, même pas capable de réussir un suicide de survie.

Les vingt dernières pages m'ont paru plus réussies que l'ensemble dont l'écriture est plutôt bonne, hormis celle des scènes érotiques d'une langueur à décourager la plus quelconque star du X, mais vraiment deux étoiles c'est le grand maximum pour moi, d'ailleurs à l'Académie, il a obtenu le prix en étant juste au-dessus de la moyenne.
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Désérable François-Henri – "Mon maître et mon vainqueur" – Gallimard-NRF, 2021 (ISBN 978-2-07-290094-5) – format 21x14cm, 190p. – quelques illustrations.

Ce roman peut se lire sous deux angles fort différents.
Le premier consisterait à recenser ses indéniables atouts littéraires : l'auteur est un malin aguerri, détenteur d'un certain savoir, tous avantages qu'il sait mettre en avant. Ainsi, il mêle habilement quelques poèmes, quelques illustrations, des connaissances (très) académiques sur Verlaine et Rimbaud (sans dépasser les sempiternelles rengaines), une technique d'écriture consistant à imbriquer plusieurs strates de récits (le narrateur raconte au juge et au greffier, mais en conservant certains apartés pour le lecteur, il raconte ce que l'un des protagonistes lui a raconté etc etc), des descriptions quasi documentaires (comme celles de la BnF, dont il ignore qu'il s'agit incontestablement d'un gigantesque raté architectural, urbanistique et bibliothéconomique). le final est amené comme une apothéose, qu'il n'est pas interdit de trouver fort drôle. Tout ceci relève du "métier", de la technique.

Malheureusement, l'autre angle de lecture consiste à s'intéresser à l'intrigue elle-même, à ce qu'elle reflète de l'air du temps, qui demeure l'une des caractéristiques fondamentales du genre romanesque.

Et là, patatras, l'édifice s'effondre car il ne s'agit que d'un tissu de lieux communs chers à certains auteurs mâles, qui inventent l'héroïne de leurs rêves.
Soit une Tina, qui
"était avec son amant dans une chambre d'hôtel, où elle se faisait baiser comme la petite putain qu'elle était" (p. 116),
qui profite de son bain pour – bien évidemment – user de son "canard vibrant... acheté dans un sex-shop à Pigalle" (p. 150). Non moins évidemment, elle boit et se saoule le plus souvent possible tout au long des pages, chante divinement faux (p. 31), se fait sauter dans la salle de la réserve de la BnF (p. 52-55), fréquente "youporn" (p.57).
C'est une "baiseuse" d'élite (pp. 101-103) telle qu'un pôvre écrivain mâle peut la rêver et se complaire à la décrire à grands renforts de lieux communs (probablement puisés sur youporn).

Ingénument, l'auteur révèle ainsi au passage comment les bobos cultureux surtout de "gauche" mais pas que, fervents partisans de la "libération de la femme" à la mode mini-jupe et string, se retrouvent aujourd'hui cloués au pilori par des accusatrices "féministes" ayant mis plusieurs décennies à comprendre qu'elles s'étaient fait violer par ceux-là mêmes qu'elles adoraient et dont elles prennent dorénavant la place.
Il fallut l'assassinat de Marie Trintignant et le traitement judiciaire extra-ordinaire réservé au Cantat... Il fut un temps où cette caste vivait en se contemplant le nombril, aujourd'hui elles et ils ne survivent qu'en expertisant continuellement leur entre-cuisses. Comment ne pas frémir d'indignation, d'horreur, à l'évocation d'un minable zozo comme Hulot, ministré par un Macron, se permettant d'effleurer le précieux fondement d'une "petite fille de François Mitterrand" – incontestable crime de lèse-majesté ?

Mais attention, comme il convient d'installer une tension dans le récit, la Tina est déchirée (séquelles de "Jules et Jim" ?), car elle aime aussi un autre homme, le "père de ses deux enfants" (comme ça se dit aujourd'hui, une véritable horreur), fort gentil, mais bien incapable de satisfaire aux immenses besoins de luxure innés chez sa compagne : il dort et ronfle (p. 57), se laisse berner, s'occupe bien des enfants.
Il va même jusqu'à organiser un mariage "à l'ancienne" et "en province" (zone peuplée d'arriérés, bien évidemment, tout le reste du roman se situe à Paris) où il faudra même aller à l'église, bref, l'auteur campe l'archétype du mari benêt.

Ce ne sont là que les principaux lieux communs, tout le reste est à l'avenant – l'auteur nous inflige même la tirade sur les amours multiples
"quand le désir s'émousse au sein du couple, il faudrait pouvoir sous-traiter" (p.109).

Lamentable. Consternant. D'autant plus consternant que j'ai lu ce torchon juste après la lecture de "L'eau rouge" de l'écrivain croate Jurica Pavičić. Il est presque cruel de faire ainsi l'expérience de ce qui sépare un écrivain qui a réellement quelque chose à raconter, d'un auteur n'usant de sa plume que pour se vautrer dans un récit érotico-porno-rigolo ne présentant au final que fort peu d'intérêt...
Poubelle.
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Une quatrième de couverture qui en dit peu … mais que dire.
C'est une histoire qui pourrait rejoindre les vaudevilles, une histoire d'amour impossible, une histoire de mari trompé, une histoire un tantinet scabreuse … une histoire pour un roman début XIXème avec comme un air de Belle du seigneur.
Elle est belle, légère, libre … Il est beau, un peu fou et complètement à cran.
Leur sensualité est débridée et occupe toute la première partie du roman. François-Henri Désérable se délecte dans les détails des corps, des chairs … Bof !!!
Le mari est un sombre personnage évidemment, très coincé dans les entournures, comme pour donner vie à l'envie d'aller voir ailleurs.
Pour faire bref, ils vont s'aimer, tenter de s'oublier, se quitter … jusqu'au coup de feu final.
Comme je vous le disais rien d'extraordinaire.
Reste l'écriture !!! C'est assez bien écrit avec beaucoup de poésie.
Ça se laisse lire et ça s'oublie comme un beau roman photo.

Un roman qui a reçu le prix du roman de l'Académie française … C'est à pleurer !!!
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À la page 20 du roman, le narrateur avertit : « je passais pour le meilleur ami de Vasco. J'étais l'un des amis les plus proches de Tina. Autant dire qu'il attendait beaucoup de moi, le juge. Et moi j'étais d'accord pour lui expliquer ce qu'il voulait, si ça lui chantait je pouvais bien me faire l'exégète d'un recueil de poème, mais enfin je l'avais quand même mis en garde, il allait devoir s'armer de patience, tout cela allait prendre beaucoup de temps ». Et en effet, je n'avais tout d'abord pas été intriguée par cet avertissement puisque j'étais happée par ce récit rapporté : récit qui construit au fil des pages une passion amoureuse avec beaucoup de digressions et de touches d'humour… Et puis, cet engouement pour la parole rapportée du narrateur, parole gouleyante, s'est assurément essoufflée en même temps que la passion dévorante de Vasco et Tina se brise. À partir de là, rien ne va plus : l'auteur semble avoir pour unique but de railler ses personnages parce que trop conventionnels, lâches ou grotesques. C'est le premier roman de l'auteur que je lis et cela me laisse très circonspecte quant à l'envie de continuer de le découvrir !
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Si vous observez bien la photo, vous verrez que ces petits livres sont signés des noms de poètes dont il sera beaucoup question dans ce roman. Baudelaire, Verlaine et Rimbaud et les nombreux Haïkus qui rythment ce roman à l'écriture si particulière.

Je n'ai pas adhéré à cette lecture, mais je reconnais que c'est un extraordinaire travail d'écriture. Si François-Henri Désérable ne vous embarque avec son style particulier, son histoire d'amour perd tout son charme. C'est difficile d'expliquer pourquoi on ne part pas dans un roman. Il faut d'abord que je dise que les continuelles références à la culture littéraire m'agacent prodigieusement. Je sais que j'en ai raté beaucoup car cela ne m'amuse pas et j'ai trouvé que son roman fonctionnait comme un jeu pour des lecteurs « cultivés » : à qui en trouverait le plus.

Ensuite l'histoire m'a semblé très artificielle, ces personnages avaient beau s'aimer, je ne trouvais ni leur âme ni leur sensibilité dans cette histoire passionnelle.

Bref un roman qui n'est pas pour moi mais qui a obtenu le prix de l'Académie Française.

Le poème dont est extrait le titre :

Es-tu brune ou blonde ?
Sont-ils noirs ou bleus,
Tes yeux ?
Je n'en sais rien mais j'aime leur clarté profonde,
Mais j'adore le désordre de tes cheveux.

Es-tu douce ou dure ?
Est-il sensible ou moqueur,
Ton coeur ?
Je n'en sais rien mais je rends grâce à la nature
D'avoir fait de ton coeur mon maître et mon vainqueur.

Fidèle, infidèle ?
Qu'est-ce que ça fait,
Au fait
Puisque toujours dispose à couronner mon zèle
Ta beauté sert de gage à mon plus cher souhait.

Paul Verlaine
Lien : https://luocine.fr/?p=14244
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Après avoir découvert avec plaisir Evariste du même auteur, je me suis lancée dans ce roman sans réticence; j'ai pourtant attendu d'être emportée par le style et les nombreux poèmes cités mais tout au long de ma lecture, je ne me suis pas sentie happée par cette histoire d'amour. L'auteur s'applique dans son exercice de style trop marqué à mon goût et c'est dommage car la lassitude l'emporte et un sentiment de passer à côté de quelques chose m'a envahie. Dommage.....
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On dirait du Proust ou du Camus... aussi ennuyeux

J'attends d'un livre qu'il me raconte une histoire, qu'il m'emmène dans l'imaginaire, qu'il m'apprennent quelque chose ou qu'il m'amène à m'interroger.

Ici, à partir d'une idée intéressante on suit les méandres affectifs et les élans copulatoires incontrôlés d'une femme qui doit se marier mais poursuit sa relation avec son précédent amant, par le truchement d'un ami tiers qui se trouve dans le bureau d'un juge, pour défendre... je n'ai pas compris qui... du moins est-ce que j'ai compris tant tout est confusion de par les aller et retour incessants entre les références aux divers acteurs.
Ce fond confus se traduit ou est induit par l'usage immodéré et irrespectueux de leur valeur grammaticale, de nombreuses conjonctions de coordination.

Je n'ai pas compris l'histoire, je n'ai rien appris, je ne m'interroge sur rien, je n'ai pas rêvé. Encore un roman dont le personnage principal ne sait s'il veut ce qu'il pourrait vouloir ne pas vouloir ou ne pas voulor ce qu'il veut. On tourne en rond et rien n'avance.

J'ai repris ce livre par quatre fois et par quatre fois je l'ai abandonné, tant je m'ennuyais à sa lecture. Je l'ai trouvé aussi ennuyeux que Proust ou la peste de Camus.
Cet auteur est reconnu par ses pairs et bénéficie de pas mal de critiques positives. Je pense donc, tout simplement, que ce type d'ouvrage ne m'est pas destiné. Mon appréciation est dure mais elle reflète le "plaisir" ou l'enrichissement que j'en ai tiré, ce n'est nullement une valeur absolue.

Bonne lecture à ceux qui aime ce genre littéraire... mais c'est sans moi.
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PAS PU LE TERMINER. JE NE CONNAIS PAS L'AUTEUR, MAIS IL VIENT DE REMPORTER LE GRAND PRIX DE L'ACADÉMIE FRANÇAISE. MÉFIANCE DONC.
J'IMAGINE QUE C'EST UN AUTEUR D'UN MILIEU PRIVILÉGIÉ, PARISIEN, JEUNE.
C'EST TROP " LITTÉRATURE", ON NE SENT PAS LA VIE DANS CE ROMAN.
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Bof. Beaucoup de digressions littéraires pour raconter une histoire du plus loin possible sans jamais toucher l'émotion. Pas une seule fois au cours de ce (très court) roman, on ne ressent quoi que ce soit pour les personnages qui sont décrits à grands renforts de références puisées dans la littérature, avec un certain snobisme. Je n'ai ressenti aucune proximité avec les trois personnages principaux. le juge, bien évidemment, est un imbécile car chacun sait que la Justice est tyrannique… Les poncifs ennuyeux tel que celui-ci s'enchaînent sans vraiment que le lecteur ne s'émeuve. On baille beaucoup. On compte le nombre de pages qui reste avant la fin régulièrement. On ne reprend jamais la lecture du roman avec fébrilité, mais plutôt avec cette impression que laissaient les bouquins imposés par le/la prof de français au collège…
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