De temps à autre, un long frisson parcourt l'eau. C'est une vierge blonde qui se lave après l'amour et qui demande au liquide incolore d'effacer de son corps les traces d'un combat de cauchemar.
In Deuil pour Deuil, 1924.
Les dents des femmes sont des objets si charmants qu'on ne devrait les voir qu'en rêve ou à l'instant de la mort.
In Deuil pour Deuil, 1924.
Il importe peu de savoir quels furent les préambules de la conversation du héros avec l’héroïne. Il leur fallait des fauves en amour, de taille à résister à leurs crocs et à leurs griffes.
Où est-il le temps des galères et celui des caravelles ? Il est loin comme une minute de sable dans le trébuchet du destin.
Le nouveau corsaire vêtu d’un smoking est à l’avant de son yacht rapide qui de son sillage blanc singeant les princesses des cours périmées, heurte dans sa course tantôt le corps des naufragés errant depuis des semaines, tantôt, enveloppé d’un ridicule drapeau, le corps de celui qui décéda avant d’arriver au port [...], tantôt la troublante arête-squelette d’une sirène défunte pour avoir, une nuit, traversé sans son diadème de méduses les eaux d’une tempête éclairées par un phare puissant perdu loin des côtes et proie des oiseaux fantômes.
Car il y a des fantômes d’oiseaux.
Ne me dites pas qu’elle est belle, elle est émouvante. Sa vue imprime à mon cœur un mouvement plus rapide, son absence emplit mon esprit.
Je crois encore au merveilleux en amour, je crois à la réalité des rêves, je crois aux héroïnes de la nuit, aux belles de nuit pénétrant dans les cœurs et dans les lits.
Corsaire Sanglot aborde au port. Le môle est en granit, la douane en marbre blanc. Et quel silence. De quoi parlé-je ? Du Corsaire Sanglot. Il aborde au port, le môle est de porphyre et la douane en lave fondue... et quel silence sur tout cela.
Ma plume est une aile et sans cesse, soutenu par elle et par son ombre projetée sur le papier, chaque mot se précipite vers la catastrophe ou vers l’apothéose.
Navire en bois d’ébène parti pour le pôle Nord voici que la mort se présente sous la forme d’une baie circulaire et glaciale, sans pingouins, sans phoques, sans ours. Je sais quelle est l’agonie d’un navire pris dans la banquise, je connais le râle froid et la mort pharaonique des explorateurs arctiques et antarctiques, avec ses anges rouges et verts et le scorbut et la peau brûlée par le froid.