Citations sur Les colombes du Roi-Soleil - Intégrale Coffret, tome 1 (17)
Je m'appelle Charlotte de Lestrange, j'ai seize ans.
J'ai passé trois années dans la Maison Royale d’Éducation. Mais la vie à Saint-Cyr ne me convenait pas.
Si j'avais été un homme, j'aurais enfourché un cheval, j'aurais bousculé la garde, j'aurais enlevé ma mère...
(...)
J'étais femme... et je devais user de la seule arme à ma disposition : le charme. On me disait jolie. Je chantais bien, c'était le moment d'en profiter.
Moi qui n'avait pas de mère, je m'en attribuais à présent deux : Madame de Maintenon et Madame de Montespan. C'était assurément une de trop. Mais laquelle était la bonne.
Je m'appelle Louise de Maisonblanche, j'ai seize ans
Je suis pensionnaire à la maison de Saint-Cyr, à une lieu de Versailles.
J'étais à quelque mètres de la porte lorsqu'un bruit de pas me fit retourner.C'était le marquis,accompagné de deux hommes.Je poussais un cri,soulevai ma jupe et me mis à courir.Les deux sbires du marquis se lancèrent à ma poursuite.J'étais perdue.Le château avait été vidé de ses occupants,lesquels suivaient le Roi,et il ne restait que les valets, les femmes de chambres et quelques personnes âgées devisant dans les salons.Je m'engouffrai dans l'entrée et j'empruntai l’escalier conduisant à l'étage afin de m'enfermer dans la pièce dont la porte serait ouverte.J'avais à peine gravi trois marches que la voix de la personne qui descendait vers moi me paralysa:
-Que l'on approche ma chaise à porteurs!Puisque je me sens mieux,je vais aller à la rencontre de Sa Majesté.
Mme de Maintenon!
Je m'appelle Charlotte de Lestrange, j'ai seize ans.
J'ai passé trois année dans la Maison Royale d'Education. Mais la vie à St-Cyr ne me convenait pas.
Le cocher fouetta ses chevaux, et nous nous éloignâmes rapidement de la Maison Royale. Mme. de Caylus me donna une longue cape et me conseilla d'en rabattre le capuchon sur mon visage lorsque nous arriverions à Versailles.
_ A Versailles! m'exclamais-je. Dans cette tenue!
_ Justement, je vous conduis à mes appartements pour que vous vous changiez. Mais d'ici là, il ne faut point que l'on vous aperçoive pour ne pas avoir à inventer je ne sais quel conte qui justifierait votre accoutrement.
Quelques minutes plus tard, nous pénétrions dans l'appartement de Mme. de Caylus. Trois pièces étroites au dernier étage. Mon visage devait marquer mon étonnement car la jeune comtesse m'expliqua:
_ A Versailles, il n'y a que le Roi qui ait de grands espaces. Le château, quoique vaste, a du mal à contenir la famille royale et toute la noblesse venue faire sa cour. Et j'avoue être bien aise de disposer de cet endroit avec tous les avantages que cela comporte quand beaucoup de nobles doivent payer pour se loger en ville.
Peu après le départ de François, un latin d’août 1685, une troupe entra dans la cour, le sabre haut. Ma mère et ma soeur étaient encore à leur toilette dans leur chambre. Je m'étais vêtue de bonne heure pour admirer trois magnifiques carpes que nous venions d'acquérir pour agrémenter le bassin que mon père avait fait aménager depuis peu. J'aurais dû fuir,me cacher dans une grange ou, mieux dans la forêt proche. Je ne sais pourquoi, cela ne ma vint pas à l'esprit. Au contraire je courus vers le château pour ne pas abandonner ma mère et ma sœur. Je sus, plus tard, qu'elles s'étaient réfugiées dans la placard de la lingerie.
Je m'étais entêtée. Le résultat était effroyable. Mes pleurs redoublèrent.
Le chevalier s'empara de ma main droite et me dit alors:
-Que vous souffriez de connaitre la mauvaise conduite de votre mère m'est insupportable, mais je veux vous délivrer de vos tourments.
Je levais sur lui un regard étonnée quand, tout à coup, il posa un genou à terre et me déclara sa flamme:
-Mademoiselle, je vous aime, voulez-vous m'épouser ?
Complètement tourneboulée, je rejoignis mes amies en récréation dans le parc. Elles profitaient de la douceur de ce mois d'avril pour jouer et bavarder avant de replonger dans le silence imposé par la règle de la maison. Dès qu'elles m'aperçurent, elles coururent vers moi pour satisfaire leur curiosité.
Je ne savais quelle mine adopter. J'étais à la fois heureuse et triste de partir. J'avais à la fois envie de rire et pleurer.
_ Vous en faîtes une tête! s'étonna Charlotte.
-C'est que... il m'arrive quelque chose d'incroyable... et je ne sais pas si je dois m'en réjouir ou me lamenter.
- Madame vous a trouvé un mari! proposa Hortense.
Cette supposition me fit sourire et me permit de relativiser ma situation. Tout valait mieux que d'être mariée de force à un vieillard! Aussi, j'enchaînai plus joyeusement:
-Non point. Je suis engagée pour chanter dans la Musique de la Reine d'Angleterre.