Aurore est la reine de la remarque acerbe ! Rien ni personne n'échappe à son fiel et l'on se régale de ses répliques mortelles : "Si elle aimait vraiment lire, on verrait autre chose que Titeuf sur son étagère" (en parlant de Sophie), "Elle ne peut plus parler. Pour ce qu'elle a à dire, on ne va pas se lamenter" (en parlant de Jessica), "11 novembre. C'est la fête de la Première Guerre mondiale. Un million de morts, un jour de vacances. A sept millions, je me demande si on a la semaine", "Maman dit souvent que c'est l'intention qui compte. J'espère que c'est une blague. Sinon, je suis bonne pour brûler en enfer", etc. !
En réalité, Aurore n'aime rien, à commencer par elle-même. Complexée physiquement ("mes cheveux sont minables", "je suis un monstre"), elle l'est aussi par les résultats scolaires de Sophie ("je sais désormais où passent tous ces points que je n'ai pas", "d'un côté la tache (moi), de l'autre le génie (Sophie)") ainsi que par l'indifférence méprisante de Jessica ("quand elle me parle, j'ai l'impression que je n'existe pas"). Détestant en vrac le collège, les fêtes rituelles (Halloween, Noël, le Nouvel An et ses résolutions) ainsi que les anniversaires (y compris le sien), elle se lamente que sa vie est un "désastre" : dès lors, "difficile de faire un journal intéressant avec une vie nulle". Et il est vrai qu'il ne se passe pas grand chose dans ce livre, au point qu'on finit par se lasser quelque peu, malgré la verve et la détresse que l'on sent derrière. Car l'adolescente va jusqu'à s'inventer un traumatisme d'enfance, préférant choquer, provoquer ses parents, plutôt que de rester inexistante à leurs yeux : "tant d'indifférence, c'est de la maltraitance".
La situation s'améliore quelque peu quand elle tombe amoureuse, et puis il y aussi l'amitié (de Lola, de Samira), cependant les relations avec les uns et les autres ne sont pas sans déceptions. Heureusement Aurore comprend peu à peu que si "écrire fait du bien", "parler, c'est plus facile". Mais pour que l'on ait envie d'aller vers elle, encore faut-il qu'elle arrête de faire la tête tout le temps ! Car ce qui est drôle au début finit par agacer, l'attitude d'Aurore étant négative en toutes occasions (même pendant les vacances d'été !).
Une lecture mitigée, je n'ai personnellement pas adhéré à cette héroïne geignarde. Pas sûr, par ailleurs, que les jeunes lectrices comprennent son humour à froid...
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