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EAN : 9782914467650
168 pages
Chèvre-feuille étoilée (01/09/2010)
3.08/5   12 notes
Résumé :
Jeanne et Jeanne, les sœurs siamoises, les inséparables. Vierge folle et vierge sage. Et inversement. À l’écart des autres. Il y avait elles, et nous.

Comme dans les histoires d'enfants où dans les clairières peuvent survenir les loups, et parce que les libellules, en anglais, s'appellent dragons, c'est l'histoire d'une petite fille qui se fait manger par un ogre. C'est également l'histoire d'une amitié en miroir, entre deux Jeanne, où dans les jeux... >Voir plus
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Ecrire une critique ou un compte rendu du deuxième roman de Christine Detrez, « de deux choses l'une » est un casse-tête chinois… ou une patate chaude.
En effet, tout tourne dans ce roman autour du « mot à fourrure et à griffes, le mot à crocs et à babines, le mot aux yeux jaunes et aux sabots fendus. » En spirale ou en lignes droites parallèles : « Qu'en physique quantique, on pouvait avoir deux réalités apparemment incompatibles, dans des univers parallèles, et que la réalité du monde n'était qu'une histoire de conscience. »
Christine Detrez nous éblouit par sa bravoure et maestria littéraires, elle nous en met plein la vue et les sens, elle nous mène par le bout du nez, elle nous sème à tous vents, elle nous fait virevolter jusqu'à en perdre l'équilibre, elle nous étourdit pour qu'on ne demande pas notre reste, pour qu'on n'aille pas fourrer notre museau trop près du « mot à crocs et à babines. »
Ce mot qui est la clé du suspens, du mystère, de la relation entre les deux petites Jeanne devenues grandes, entre la Jeanne et son fils Martin, entre la Jeanne et la maternité, entre la Jeanne et l'amour. Exposer le mot ici, c'est trahir l'auteur et son intrigue construite et menée brillamment jusqu'au bout. Elle me place dans la position du médecin qui examine l'une des petites Jeanne et se tait, et elle me rend complice de son silence : « Peut-être aurait-il fallu qu'il le dise. Que quelqu'un le dise, puisque moi je ne pouvais pas. »
Sauf que, étant moi-même une sorte de troisième Jeanne, je les connais ces ruses qui ont migré : la virtuosité littéraire, la maîtrise absolue des mots, leur agencement à la perfection, n'est-ce pas une tentative adulte pour venger la « petite sirène qui, de douleur, en perd la parole, condamnée au mutisme. », pour faire régurgiter les oiseaux : « Peut-être ont-ils avalé mes mots, aussi les oiseaux, quand à la rivière je racontais. » ?
De toutes façons, c'est peine perdue de vouloir protéger le « mot à crocs et à babines », parce que même s'il était jeté en pâture, il ne signifierait rien pour la majorité des lecteurs. Que signifie rouge pour un aveugle de naissance ?
Et c'est tout le talent de Christine Detrez dans ce roman que de décomposer, de déstructurer, de décrire, par toutes les facettes possibles ( les sens, si souvent convoqués, avec l'évocation de ce village estival du sud), d'analyser, mine de rien, par l'évolution du lien entre les deux Jeannes, de traquer les moments subtils de basculement irréversible (« C'est cette odeur qui nous a séparées, elle et moi, je crois » ou l'anecdote du premier accès de méchanceté envers le chat) et finalement donner un sens au fameux « mot à fourrure et à griffes, le mot à crocs et à babines, le mot aux yeux jaunes et aux sabots fendus » pour le lecteur. Ouvrir les yeux de l'aveugle et qu'il sache à quoi ressemble le rouge.
Pour arriver à ses fins, Christine Detrez nous prend en traître, il est vrai, tous les coups sont permis, en particulier la tension et le plaisir qui nous forcent à continuer la lecture. Mais après tout, n'est-ce pas le procédé le plus pertinent pour narrer, justement, une histoire de trahison de l'enfance ?

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Au bord d'une rivière, dans une belle maison d'été pleine de soleil, de chansons, de rires d'enfants et de confitures, vivent deux fillettes, deux jeunes amies qui passent ensemble leurs vacances. Deux jeune filles que tout lie et que tout oppose, lumineuse et sombre, ronde et maigre, rieuse et amère, sage et folle, au milieu d'une nature estivale grouillante de vie et de lumière au bord de l'eau – nature que cet excès même de vie leur rend à la fois merveilleuse et répugnante.
Autour des deux adolescentes rode le prédateur et cet attrait répulsif du foisonnement des bords de l'eau se conjugue avec le même attrait, trouble et irritant, de l'éveil de la sexualité. Dans ce qui n'est certes pas un vert paradis, mais l'enfer vert des amours enfantines, les adolescents se cherchent et se repoussent, s'attirent et se fuient, sur fond de brutalité et de chantage.
Ecrit dans une langue chatoyante, un roman de l'ambiguïté, un roman envoûtant sur les troubles de l'adolescence (« la métamorphose des larves »), et un roman déchirant sur les blessures de l'inceste.

(L'originalité de ce roman tient à sa fin, particulièrement inattendue, particulièrement déceptive, une fin magnifique qui remet en question toute la grille de lecture qui avait été appliquée.)
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Certes on ne peut tous aimer les mêmes livres, et c' est assez complexe de rentrer dans celui-ci puisqu'en fait l'héroïne a un gros problème psychologique pour ne pas dire psychiatrique... (dire lequel gâcherait la lecture à ceux ou celles qui désirent aller jusqu'au bout) et si le récit a semblé confus à ce lecteur c'est parce que l'héroïne, qui est en l'occurrence, la narratrice est confuse. Il faut donc se laisser entrainer dans ses pensées, et bien au contraire poursuivre la lecture jusqu'au bout car Christine Détrez, à la manière d'une auteure de policier sème peu à peu des indices avant d'arriver dans les dernières pages à la révélation qui, quelle qu'avertie qu'on puisse être, nous surprend totalement.
Ce livre est peut-être plus difficile à lire pour un homme mais je leur conseille vraiment de persévérer dans sa lecture ! Merci toutefois à Nathan de nous conseiller d'aller sur le blog de pascale !
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Jeanne et Jeanne sont amies depuis le collège. Même prénom désuet (à leur époque), élevées sans père, presque deux ans d'avance, isolées de leurs camarades de classe plus mûres... bref, toutes ces difficultés les rapprochent. Quand son amie se retrouve enceinte de sa première petite fille, Jeanne la narratrice est amère, jalouse, pétrie de haine à l'égard du bébé à naître.
Impossible d'en dire plus, ce livre envoûtant doit se découvrir. J'ai savouré l'écriture, le récit riche en métaphores (serpent, loup, sirène, libellule...), entrecoupé de petites comptines entêtantes, je me suis parfois ennuyée dans des descriptions des paysages, de la faune, de la flore. J'ai néanmoins lu ce roman presque d'une traite, fascinée, mais avec un sentiment de malaise croissant, impatiente de connaître la fin que j'avais pressentie... chut !

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Elles sont deux : Jeanne et Jeanne. Inséparables, complémentaires, amies pour toujours depuis le collège. Une amitié forte où elles partagent tout. du moins, c'est ce que l'on croit…
La quatrième de couverture indique : « Comme dans les histoires d'enfants où dans les clairières peu- vent survenir les loups, et parce que les libellules, en anglais, s'appellent dragons, c'est l'histoire d'une petite fille qui se fait manger par un ogre. C'est également l'histoire d'une amitié en miroir, entre deux Jeanne, où dans les jeux de reflets, l'une d'elle finit par se retrouver. C'est enfin l'histoire d'une rivière et de la lumière entre les feuilles, qui peut dissiper les ombres quand on apprend à la regarder. »

Un livre troublant et dérangeant. le moins que l'on puisse dire est que le lecteur est piégé comme dans une toile d'araignée. Jeanne raconte leur histoire. Mais quelle Jeanne ? Jeanne qui est heureuse ou Jeanne qui souffre en silence. Chut, il ne faut pas réveiller le démon qui dort. Pas vu, pas pris ? Non, ici la souris est vue et prise. Deux adolescentes puis deux femmes unies. A la vie, à la mort ? Presque. Les mots virevoltent sur de grandes envolées poétiques. Comptines d'enfance doucereuses qui viennent naturellement dans le récit. Jeanne parle de son mari, de son enfant. Mais quelle Jeanne ? La tête tourne. Normal me direz-vous. La danse est menée tambour battant, le coeur s'affole. Fantasmes, désirs sont conviés dans la réalité. Mais surtout, il y a l'envie, la jalousie et les blessures béantes. On croit se perdre dans cet enchevêtrement alors que le puzzle se dessine. Des fragments d'indices, des éclaircies. On croit détenir une vérité et le secret nous éclate en pleine figure à la fin. Odieux et terrible. Pire qu'une claque.
L'écriture accroche, ribambelle de mots qui jouent et dansent. Mais, j'ai été mal à l'aise après cette lecture et ce sentiment a perduré. Avec l'impression d'avoir été prise dans un piège …
Lien : http://fibromaman.blogspot.c..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
chap 8
Peut-être dit-il la vérité, Hector, peut-être a-t-il raison, quand il affirme que c’est moi qui ai commencé, à le frôler en entrant, quand il venait ouvrir la porte. À croiser et décroiser mes jambes quand, avec sa sœur, on allait le voir dans sa chambre. À me pencher juste devant lui pour l’effleurer de mes cheveux, de mon odeur, quand je regardais les pochettes de ses disques ou sa collection d’insectes. À chanter en le regardant, à allonger ma voix sur les syllabes comme sur des draps. À le regarder en tentant de prononcer les noms savants des libellules en latin. À oublier de fermer le bouton du haut de mon corsage.
[...]
À avoir envie de lui. C’est ce qu’il dit. Que c’est moi qui me suis jetée dans la gueule du loup.
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Peut-être que les ogres aussi sont malheureux, et qu’ils croquent les petites filles parce qu’elles sont tendres et douces, et qu’ils rêveraient de devenir comme elles. Peut-être espèrent-ils que leurs cheveux d’or et les paillettes dans leurs yeux enfin éclairent leurs ténèbres.
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"Je ne sais pas pourquoi elle m'avait choisie comme amie, elle la fantasque, la joie de vivre. Mais je sais pourquoi Yann l'a choisie elle. Elle, elle croyait au Grand Amour."
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"Elle est là, ma petite araignée, ma tisseuse de dentelles et de lumières, l'emperleuse de ronces. Elle se tient à carreau, blottie, transie, recroquevillée, elle se dit que quand même, je lui fais un sale coup, là."
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Vidéo de Christine Détrez
Riad Sattouf est un observateur hors pair des m?urs juvéniles. Qu?il s?inspire de ses souvenirs, qu?il observe les jeunes dans l?espace public, mène une enquête au collège ou récolte les propos, année après année, d?une petite jeune fille de son entourage, il décrit les rapports entre filles et garçons, la vie amoureuse et l?amitié, le rapport au corps, mais aussi leurs visions de la politique et de la société. Avec humour, mais sans euphémisme, il croque ainsi cette période si étrange qu?est l?adolescence.
Avec : Christine Détrez, Riad Sattouf, Julie Pagis, Kevin Diter
Retrouvez le dossier consacré à Riad Sattouf sur Balises, le webmagazine de la Bpi : https://balises.bpi.fr/bande-dessinee/riad-sattouf
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