Loup solitaire, tome 1 : Les maîtres des Ténèbres

Les LDVELH, ou Livres Dont Vous Êtes le Héros (ou Choose Your Own Adventure en VO), font partie de la culture SFFF des années 1980, même s'ils connurent de beaux moments en France dans les années 1990 décalage culturel oblige. Évidemment on est dans le gaming et non dans la littérature, donc amis littéros pas la peine d'aiguiser vos couteaux car tout le monde aura compris qu'on est pas dans la grande littérature et encore moins dans la haute littérature... ^^
Parmi ces derniers la saga "Loup Solitaire" de Joe Dever suit à la lettre les règles du « vachement bien » (l'univers fait évoluer les personnages et les personnages font évoluer l'univers), et se présente dès son tome 1 comme un feuilleton et non comme un serial. On y incarne Loup Silencieux, un élève du Monastère Kaï, équivalent occident et donc ici médiéval fantastique du Monastère Shaolin IRL... Amis de la Fantasy, si vous avez l'impression de revoir "Bloodsong" d'Anthony Ryan c'est normal : la série à marqué la fantasy anglaise de son empreinte (mais pas autant que les "Fighting Fantasy" de Steve Jackson, qui ont servi de base à l'univers puis à la franchise Warhammer). L'adolescent seul rescapé du massacre des siens parce qu'il avait été puni de corvée de bois pour cause d'inattention répétée en cours devient alors Loup Solitaire ! Mais il est moins en quête de vengeance qu'en croisade contre les forces du mal qui ont envahi son pays : survivant, résistant, combattant, il évolue de tome en tome pour devenir le Champion du Sommerlund puis le défenseur du monde libre contre les Maîtres des Ténèbres, adorateurs impérialistes et militaristes de la divinité maléfique Nagaash... Au point de devenir le dernier et unique espoir du Magnamund, épaulés par de vaillants alliés : les sorciers blancs de Toran, les guerriers-mages du Dessi, les lanciers de Lencia…
L'originalité vient aussi du gaming, et moins du passage du dé à 6 faces ou dé à 10 faces avec coefficient de combat et table des coups portés, qu'avec un chouette choix de compétences à sélectionner et à améliorer au cours de la saga (avant de s'initier à la magie avec les sages de Toran et du Dessi) :
- camouflage
- chasse
- sixième sens
- orientation
- guérison
- maîtrise des armes
- bouclier psychique
- puissance psychique
- communication animale
- maîtrise psychique de la matière


Dans ce épisode 1, intitulé "Les Maîtres des ténèbres" et paru en 1984 en VO sous le titre "Flight from the Dark", la horde maléfique s'abat sur le Sommerlund pour y semer chaos et la désolation : Gloks, Kraans, Drakkarims, Vordaks et autres loups funestes (on reconnaît vite les influences tolkienienne : gobelins, orcs, Nazgûls et cie)... J'ai bien aimé l'ambiance survival de ce tome 1 avec agresseurs et défenseurs, occupants et résistants, pillards et réfugiés : on est en cavale et il faut rejoindre la capitale pour avertir le roi ou à défaut y rejoindre ses troupes. L'aventure est courte car la liberté de choix y est totale, même si tôt ou tard on se retrouve aux portes de la capitale et y faut la rejoindre par la route, la rivière ou le cimetière maudit hanté par des forces maléfiques... (notez bien les personnages de Banedon et et Vonatar, on les reverra par la suite ^^)
Parlons jeu : j'ai choisi la combinaison de compétences suivantes
- la très utile Guérison et l'utile Maîtrise des armes, car Habilité et Endurance c'est le nerf de la guerre dans les LDVELH ^^
- le Bouclier psychique, car il faut mieux se prévenir des psioniques qui traînent ça et là...
- Sixième Sens et Orientation qui permettent d'éviter bien des mauvaises rencontres...
Les choix reposent essentiellement sur la question suivante : avez-vous l'âme d'un véritable héros ? Car bien souvent il faut choisir entre venir en aide aux soldats et aux réfugiés, quitte à prendre des risques, ou passer votre chemin pour accomplir plus rapidement et plus efficacement votre mission... C'est ainsi que malgré les bonnes compétences pour esquiver le danger je me suis taper 2 combats bien costauds contre un Nazgûl et un colossal homme-lézard géant anthropophage (du coup merci la Maîtrise des armes et la Guérison, sinon j'aurai été mal barré ^^).
J'ai vécu l'aventure par le biais des premières éditions VF, et force est de constater que les traducteurs des années 1980-1990 n'ont pas usurpé leur réputation de tâcherons : il y a des coupes inutiles qui se transforment en horripilant hiatus dans la narration et les descriptions, pire encore il y a parfois d'incroyables bugs (comment à portée de vue de la capitale j'ai pu me retrouver au Bois des Brumes à quelques paragraphes du début de l'aventure !). Les illustrations intérieures et de Gary Chalk conservent leur charme vintage (rappelons qu'il fit partie des premières heures de l'épopée "Warhammer" avant de se faire jeter comme un malpropre par les adorateurs du Veau d'Or), et même si elle vient d'ailleurs l'illustration de couverture d'Andrew Peter Jones est très classe, dans un style proche de Boris Vallejo et Julie Bell. Je regrette d'autant plus ces premières éditions que les suivantes vont sombrer dans la médiocrité au fil du temps... L'irrespect, la flemmardise et le mauvais goût des éditeurs français ne finira jamais de me surprendre !

PS1: notez que dans la dernière version du livre en VO, qui date de 2007, on offre une mise en place différente du récit puisqu'on participe au dernier combat du Monastère Kaï ! Oh Yeah !!!
PS2: les auteurs étant très tolérants sur leurs droits d'auteurs, vous trouverez facilement sur la Toile des versions online VO et en VF, au contraire des "Fighting Fantasy" protégés becs et oncles par l'armée d'avocats de Steve Jackson formés à la bonne école des Marchands du Temple de Games Workshop...


Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) 2018

Je n'ai jamais été grand fan des Loup Solitaire, et peut-être viens-je de comprendre pourquoi... A cause de ce premier tome où il ne se passe presque rien, où les caricatures fantasy ne changent que de nom, et où le choix des maîtrises initiales est illusoire.
J'ai un peu eu l'impression de lire un tome d'introduction dirigiste.

Bon, je ne dis pas que ce n'est pas bon, et je suis même prêt à continuer, car l'intérêt de la série "Loup Solitaire" réside effectivement dans son côté "série", avec un personnage qui évolue et une histoire qui se développe, loin du côté one shot de la plupart des Défis fantastiques par exemple.

Le système de combat me laisse perplexe, de même que les maîtrises Kaï, de la plus cheaté comme Guérison, à la plus inutile comme attaque psychique (et oui, tous les ennemis rencontrés y étaient insensibles !).

Bref, c'est amusant mais pour faire bien il faut impérativement se munir de plusieurs tomes et se laisser entraîner par l'univers qui semble simpliste à première vue.

Fan des Livres dont vous êtes le héros quand j'étais adolescent, j'ai eu envie de m'y replonger.
Est-ce parce que ce premier tome est le début de l'histoire (qui se poursuit dans les livres suivants) ou est-ce parce que j'en avais beaucoup trop d'attentes par rapport à mon souvenir ?
Quoiqu'il en soit, je trouve ce premier Loup Solitaire banal, et peu attrayant.
J'ai terminé l'aventure en une heure à peine, avec un sentiment de frustration : "Quoi ? Déjà ? J'ai gagné ?"