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3,45

sur 347 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai trouvé ce livre totalement génial. J'ai été vraiment prise dedans. A chaque chapitre, je m'attendais à ce que l'auteur revienne au prévisible, au banal. Et pas du tout, le roman repartait plus fort encore dans une direction que je n'aurais jamais imaginée. A lire ! Un vrai régal.
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Vos yeux sont fermés, et règne ce brouhaha typique d'un marché de village. Les voix éclatent, passant les unes par-dessus les autres. Les corps se frôlent, se poussent, pressés de passer dans la même allée, d'entendre les premiers, ce bonimenteur à la gouaille chaleureuse.
Ouvrez les yeux : vous êtes bien sur votre réseau social favori, et il n'est pas question que vous perdiez votre belle place dans la file. Si vous restez invisible et réservé dans le fil de votre journée, votre double narcissique n'envisage aucunement de rester dans l'ombre. Et plus l'original est effacé, plus son reflet sera mégalomane. Face à la danse hypnotique de la lumière bleue, la résistance est paraplégique.

Julien Libérat vit sa vie rangée de professeur individuel de piano dans un Paris mangé de grisaille, seul depuis que May l'a quitté. En perdition. Alors il erre dans les allées surpeuplées des réseaux sociaux, comme on cherche quelqu'un dans la foule sans se souvenir de qui nous attaché, comme on fait ses courses en oubliant sa liste devant les tentations. Mais il manque encore une chose pour que le cerveau soit acquis : il faudrait un espace qui vous apporte, qui vous rapporte autant que dans le vrai monde, le hasard en moins. Un espace dans lequel l'illusion est parfaite, en trois dimensions, les sensations offertes et les décisions suggérées. Ce Monde parallèle existe : le metavers, "l'anti-monde", peuplé "d'anti-humains" (il ne s'agirait pas de mélanger les deux composants explosifs).

Ce que l'on n'ose pas concrétiser dans le Monde réel, le metavers nous propose de le parapher dans son espace. Julien va alors lever le voile sur sa créativité (est-il réellement créatif ?) poétique (la poésie a-t-elle encore un avenir, si l'on n'accepte pas toutes ses formes ?). Ensemble et séparés. L'exact dilemme de nos rapports humains brisés par les écrans du net.

Un roman extrêmement bien documenté, sur la montée en puissance des réseaux sociaux et de notre soif d'humanité avalée par une intelligence artificielle aux mains d'anti-humains. J'ai dévoré de livre que je vous recommande de lire, Ensemble ou séparés.
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07/11/22 : en direct sur les réseaux, Julien Liberat se suicide. Avec calme et détermination. Choc.

Retour en arrière. Julien Liberat fait le bilan de sa morne existence : musicien raté, vivant dans un appart-clapier à Rungis, donnant des cours de piano pour survivre, looser au coeur brisé. Pas brillant.
Dans ses errances, il découvre l'Antimonde, qui va lui donner une inattendue seconde chance.

Le créateur de de « jeu », Adrian Sterner, croisement de Musk et Zuckerberg, crée une machinerie puissante, un monde prodigieux de beauté et d'authenticité, sorte de matrice déshumanisante et aliénante rendant addicts les humains perdus qui s'y ruent sans hésitation.

Juien crée son Anti-moi, Vangel, découvre la crypto-monnaie, boursicote pour de faux et s'invente une vie sans limites, faite de gain, pouvoir et gloire. Très vite, sa vie réelle s'efface au profit du métavers, dans une spirale vertigineuse sans retour possible.

Happée dès les premières lignes, j'ai bouloté ce roman comme du petit lait. Quelle idée géniale !

Ce récit aux accents dystopiques nous plonge dans un abîme de perplexité : réel ou virtuel ? Libre-arbitre ou mouton 2.0 ?   Finalement, la question n'est pas là tant l'un prend le pas sur l'autre et permet à chacun de s'interroger son rapport aux réseaux sociaux. Englué.e.s dans nos posts/likes/selfies/followers, ne sommes-nous pas déjà victimes de nos errances, nous aussi ?

Cynique, caricatural mais fascinant, le texte propose quelques scènes savoureuses, comme cette fictive interview entre Beigbeder et Finkelkraut à la Grande Librairie, et pose des questions essentielles pour notre avenir. le tout avec la légèreté d'un jeu vidéo.
Il fallait le faire, parler de tels sujets avec une légèreté bienvenue.

Car on s'amuse en lisant ce roman. Beaucoup.
Et on en redemande.

Coup de ❤
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Brillant ! Parmis ceux de la liste que j'ai lus, celui-ci aurait pu faire un bon Goncourt 2022 !
L'auteur, Nathan Devers n'a que 24 ans; il est normalien, agrégé de philo et publie avec Les Liens artificiels son 4ème livre. Ce n'est pas vraiment de la science fiction, ni même de l'anticipation, c'est une sorte d'anticipation à la Houellebecq. D'ailleurs un internaute l'a traité de sous-Houellebecq. Et bien moi je le qualifierais plutôt de Houellebecq augmenté: plus fin, plus drôle (enfin différemment drôle), plus romanesque, plus fluide. Devers décrit lui aussi une société occidentale à bout de souffle agonisant (croyant s'évader) dans le metavers, qualifié d'antimonde. le trait de génie de Devers ce n'est pas avoir imaginé un monde virtuel idéal ou dystopique mais un monde virtuel identique au monde réel mais encore plus décomplexé en raison de l'anonymat des avatars. Isolement, narcissisme, quête d'identité, star system, malgré les thèmes apparemment futiles, le questionnement est profond. Mais Nathan Devers a de l'humour et le bon goût de se moquer d'abord de lui-même. Il réalise de mon point de vue un ouvrage haut de gamme, passionnant mais populaire. Une sorte de roman philosophique pour les nuls. Que diable n'a-t-il pas eu au moins le Goncourt des Lycéens ?!
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Julien Libérat, la trentaine désabusée vit de petits boulots dont celui d'animateur pianistique chichement rémunéré d'une petite boite de nuit et de quelques cours particuliers qui satisfont plus les parents que les élèves. En dérivatif à sa déprime, il découvre un monde parallèle, « Heaven », un métavers imaginé par Adrien Sterner dans lequel il s'engouffre et agit en tant que Vangel, avatar qui va lui permettre de vivre des aventures extraordinaires. L'imagination délirante de l'auteur est bourrée d'humour et pose des questions débattues entre autres par Beigbeider et Finkielkraut à la grande librairie de Bunel. Monde virtuel, antimonde, planète B dans laquelle on peut s'épanouir mais aussi se perdre. Très bon roman débouchant sur des question existentielles contemporaines parfaitement envisagées par l'auteur.
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"L'Antimonde leur offrait la possibilité d'avoir une vie privée à l'intérieur de leur vie privée. Si bien qu'au soir où il s'y inscrivit, Julien n'était que le énième représentant d'une tendance globale : rebaptisé Vangel, voici qu'il rejoignait la contre-société croissante où se réunissaient les déçus du réel."

Un très bon récit satirique, très bien écrit. En plongeant son antihéros en plein métavers, Nathan Devers se livre à une critique de la société actuelle ultraconnectée, en fait peut-être tout simplement ultramalheureuse.

Un bon moment de clairvoyance !
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AUDACIEUX
Julien Libérat, jeune artiste s'installe en lisière de Paris, à Rungis, là où le loyer est moins cher. Il arrondit ses fins de mois en jouant du piano au PianoVache.

Après une période de confinement, ses doigts dansent sur le clavier pris sous l'emprise du syndrome de l'imposteur. Il végète entre un bullshit job et des rêves de célébrités.

Julien, pris dans le séisme d'une séparation, dont les hurlements et les promesses non tenues ont achevé son couple, se met à scroller pendant des heures sur Facebook.
Dans cet immense champ de solitude et de désolation, il découvre un nouvel univers, le metavers.

Alors qu'en 2000, sous la plume de Niel Stephenson, le metavers n'en est qu'à ses balbutiements, Adrien Sterner invente l'anti-monde Heaven, un réseau de liens artificiel s rempli de promesses de paradis.

L'anti- monde renverse les fondements mêmes de notre civilisation, Adrien Sterner devient le créateur d'un nouveau monde, un dieu vivant.
Julien s'y engouffre. Julien vit à travers Vanger, son double. Vanger capitalise, écrit des poèmes et découvre un univers effroyable...

Un roman original et audacieux, entre réalité et metavers, à la lecture addictive!

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C'est par une journée comme les autres que Julien se jeta du haut de sa fenêtre et se fracassa la tête la première sur le sol. Moralité : être ou ne pas être, telle est la question…
L'histoire commençant par la défenestration de notre protagoniste, la lecture de ce livre me rappelle cette citation shakespearienne à l'heure où la frontière entre le réel et le virtuel est de plus en plus confuse.
L'oeuvre de Nathan Devers s'inscrit complètement dans le contexte actuel des réseaux sociaux en plus de reprendre les codes du monde vidéoludique : il y est fortement question d'avatar, de crédit, de missions etc.
C'est l'histoire de Julien alias le célébrissime Vangel dans l'Antimonde. L'Antimonde est le Paradis (au sens biblique, d'ailleurs, l'entreprise se nomme Heaven) en ligne imaginé et créé par un certain Adrien Sterner, businessman, créateur de la plateforme et Tout-Puissant de son état. L'Antimonde devient alors la possibilité d'une nouvelle vie dans un autre univers, similaire au nôtre , à cela près que cette-fois ci, tout sera parfait. La tentation de vivre un destin sans erreur, sans regret et sans malheur ; d'un monde nouveau où l'occasion nous est donnée de vivre une vie sans le moindre défaut...
Les lien artificiels, ou le roman d'une existence idéale numérisée et du retour à la réalité minable de Julien.
ND compose avec le thème peu orthodoxe du métavers sans oublier d'évoquer notre misère existentielle caractérisée par le temps passé devant nos écrans et notre vulnérabilité à tomber dans les pièges d'Internet. Cette vulnérabilité est par ailleurs mise en lumière par l'auteur comme une séquelle post-confinement.
Ce roman- fable 2.0 de Nathan Devers est une pure réussite.
P.S : Pour ma part, j'ai adoré entre autres le passage de l'émission « La Grande Librairie » pour sa pertinence (et son impertinence) avec l'intervention de F.Beigbeder et A.Finkielkraut.

Lien : https://aikadeliredelire.blo..
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Julien Libérat est un puaniste talentueux mais en mal de notoriété, il n'a réellement jamais percé dans le monde de la musique...
Appaté,comme beaucoup d'autres utilisateurs des réseaux sociaux, par le metavers Heaven, il va très rapidement y prospérer à coups d'investissements judicieux dans la crypto-monnaie, son avatar Vangel y devenant une des personnes les plus influentes...
Un scénario digne d'un épisode de Black Mirror, où toute ressemblance avec l'avènement des réseaux sociaux et Méta de Facebook n'est pas fortuite...
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**** Rentrée Littéraire 2022 #6 ****

L'auteur, est né à la fin des années 90, et appartient à la première génération qui n'aura pas connu le monde sans les écrans. Qui aura découvert le réel à travers le virtuel. Une génération ensemble et séparée. Tout le monde est connecté, tout le monde est solitaire.

Nathan Denvers commence son roman par une scène paradoxale. En direct, sur facebook, dans le plus grand silence, Julien ouvre la fenêtre de son appartement, regarde sa caméra en selfie et se suicide. le suicide, c'est l'acte par excellence de l'autodestruction, et le selfie, c'est l'acte par excellence de l'affirmation de soi. Une mort à la fois en s'affirmant et en s'autodétruisant, à la fois sur les écrans et sur la vie, la mort elle-même est virtualisée. Une banalisation du mal.

Débute ensuite une analepse. L'histoire de deux hommes qui ne se connaissent pas et qui n'ont rien en commun. D'une part Julien Ribérat, un jeune homme qui a presque 30 ans, et déjà au bout de sa vie. Il est professeur de piano et ne supporte plus son métier. Il rêve d'être chanteur et pour couronner le tout il devient addict aux écrans. Il passe sa vie à sroller sur les réseaux, avec un sentiment de plus vivre. Et d'autre part, Adrien Sterner, le grand architecte du monde de demain, qui au contraire est une sorte de milliardaire prophétique, qui passe sa vie à relire la bible, plus particulièrement le nouveau testament, surtout l'apocalypse de Jean. Ce texte qui exprime la naissance de l'idée de paradis dans l'histoire de l'occident. Visionnaire, un peu à l'image de Steve Jobs, d'Elon Musk, de Zuckerberg et qui est l'inventeur de « l'Antimonde ». le premier métavers grandeur nature. Une plateforme virtuelle en 3D immersive, qui réplique la totalité de la planète terre auquel on accède en mettant un casque de réalité virtuelle, une combinaison, et qui permet de vivre une seconde vie à travers son avatar, dans un monde totalement virtuel, inexistant. Une vie plus folle, plus libre, plus riche, exploiter des perspectives qu'on n'a pas dans notre vraie vie.

L'auteur nous dresse le portrait de notre génération où le virtuel et le réel se réverbèrent, se mélangent, s'inversent et se pénètrent l'un l'autre sans cesse. Et même si technologiquement, le métavers est quelque chose de nouveau, ça ne fait que réactiver la pulsion la plus ancienne qui soit de l'humanité, la plus enracinée dans la condition humaine... le désir d'ailleurs, le désir de paradis, le désir d'une autre réalité et qui s'exprime dans la religion à travers le paradis, d'inventer un autre réel.

« Les liens artificiels » est un roman vertigineux, à la dimension de questionnement philosophique, à la fois poétique, musical, et apocalyptique avec une touche d'humour. La poésie et la musique occupent une place très importante à travers l'histoire de ce Julien, un peu poète, qui rêve d'être chanteur, et grand admirateur de Gainsbourg. L'apocalypse du réel à travers ce métavers, cette époque qui dépasse l'empire de la réalité et qui en finit avec les choses pour les remplacer par des mirages, par du fake, par des hologrammes, par des écrans etc... et apocalyptique aussi parce que l'apocalypse biblique est très présente dans le roman.

Au travers de ce roman, le rôle de la littérature est de se compromettre, de sortir de son espace naturel, d'aller là où elle n'a pas sa place, de se frotter à ce qui la menace. A l'heure où l'on dit toujours que les écrans menacent peut-être la lecture, menacent peut-être les livres, il est important de réconcilier les écrans et les livres. Malgré un sujet antilittéraire, Nathan Denvers essaie de faire sortir le roman de sa zone de confort, pour l'emmener là où il ne pouvait plus aller.

Cette histoire et une comédie racontée par un homme qui pleure, ou une tragédie racontée par un homme qui rit. Un peu comme les clairs-obscurs en peinture. C'est un livre « triste-drôle » à la fois.
A tous les rêveurs, à tous ceux qui ne sont pas satisfaits par la réalité, qui rêvent d'une autre vie, d'une autre identité, d'assouvir des rêves, une part d'eux-mêmes qu'ils n'ont pas pu accomplir et réaliser dans leur existence concrète. A tous ceux qui sont imprégnés dans l'océan des écrans, dans le tsunami des réseaux sociaux, dans ce monde de like, ce monde de story, de compte, d'ami virtuel, qui peuvent avoir l'impression d'une façon tout à fait naturelle que c'est un peu les livres contre les écrans. Quand on n'est un peu comme ça imprégné par les écrans, qu'on n'a pas l'impulsion naturelle d'aller vers un roman où on peut avoir l'impression que c'est un peu l'un contre l'autre. Avec « Les liens artificiels », Nathan Devers réussit à faire rentrer les écrans dans les livres, et faire sortir les livres d'eux-mêmes pour aller vers les écrans....un gros coup de coeur !
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