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EAN : 9782351221532
192 pages
Editions Sulliver (10/10/2015)
3.18/5   11 notes
Résumé :
Là-bas, aux antipodes, certaines personnes handicapées habitent en colocation de quatre ou cinq des maisons dispersées en ville, où des assistants se relaient pour les aider à appréhender la vie quotidienne.
À Dunedin, Nouvelle-Zélande, nous partageons avec le narrateur un Français les jours et les nuits de Melville Street et de ses habitants: Tommy-dans-son-fauteuil et Tommy-debout, Chesley, Jon, Carolyn. Au rythme des rites journaliers et des péripéties dé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
J'ai beaucoup apprécié la lecture de Melville Street qui n'est pas vraiment un roman mais plutôt un récit d'expériences. A la limite, les chapitres pourraient être lus indépendamment les uns des autres.
L'expérience de ce français, parti en Nouvelle Zélande pour encadrer le quotidien de handicapés vivant en colocation, m'intriguait.
Qu'est-ce qui pousse quelqu'un à faire ça, que vit-il, que constate-t-il, qu'en ressort-il?
J'étais curieuse de découvrir un autre mode de vie pour les handicapés et aussi de découvrir leur vie tout simplement. Car finalement, leur existence est peu représentée dans la littérature contemporaine.
J'ai suivi avec intérêt le cheminement de notre héros narrateur, son évolution dans cet univers, ses difficultés, ses frustrations, ses tentatives de communication.
C'est comme deux mondes parallèles qui ont du mal à se rencontrer et lorsque cela arrive ce n'est pas souvent de la manière souhaitée.

Par contre, je suis un peu déçue du style froid et distancé. Je m'attendais à un récit plus humain et riche en émotions. Cela reste très factuel, c'est dommage.
Ce livre a le mérite de servir la cause à sa façon, de nous ouvrir les yeux sur un monde, il faut le reconnaitre, méconnu.
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Explorer, à travers les grands anciens et les courants de pensée, des pistes permettant d'appréhender notre temps… et donner la parole aux textes contemporains qui sauront exprimer les appels, les plaintes, les révoltes de la part fragile du monde. Cette mise en exergue, en bas de la une de couverture, reflète parfaitement mon ressenti à l'égard de ce premier roman "Melville Street" de Xavier DEVILLE, car c'est bien la part fragile du monde qui y est abordée. A la manière d'un agenda, d'un carnet de bord, d'un pense-bête, d'un memento, le narrateur, un Français, nous raconte sa vie d'assistant auprès de quelques personnes porteuses de handicap, qui partagent une maison à Dunedin, Nouvelle-Zélande.
On ne peut sortir indemne de la lecture d'un tel récit. Dans une langue d'une grande simplicité, l'auteur, parce qu'il s'agit bien de lui, nous fait part de sa vie au milieu de ces êtres particuliers, de la difficulté parfois à les comprendre et à se faire comprendre d'eux, des lourdeurs administratives liées à la paperasserie omniprésente, de la fatigue à la fois physique et mentale. C'est en même temps tendre et douloureux, amical et gênant. L'auteur ose parler de la violence qu'il découvre parfois en lui face à cette impression d'impuissance à améliorer la situation, à entretenir des liens plus forts. Ce roman porte, me semble-t-il, un regard objectif sur la différence. La personne est profondément respectée sans que rien ne soit caché de la difficulté à appréhender la spécificité de chacun.
J'ai beaucoup aimé cette histoire qui, de mon point de vue, ne peut laisser indifférent aux autres, ceux qui ne sont pas comme nous, avec cette crainte, toutefois, de ne pouvoir complètement partager ce que l'on ne connaît pas.
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Sujet difficile à aborder que celui de la différence et du handicap mental.
Je craignais un livre plein de culpabilité larmoyante ou de stéréotypes bien-pensants vaguement moralisateurs, mais finalement, c'est plutôt drole, touchant et léger.

On sent très fort l'éducateur derrière les mots et je crois que la richesse du livre est surtout là. Pour une personne ordinaire (comme moi), peu ou pas en contact avec le handicap, ce livre permet un regard sur ces personnes qu'on ne doit pas dévisager, sur ces personnes parquées, cachées, isolées du reste du monde "pour leur propre bien". On peut les regarder, pour une fois, et rire aussi, être ému, découragé, surpris ou déçu, vivre avec ces personnes quelques instants choisis, au travers du narrateur.

Bon livre, vaut vraiment la peine!
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Il s'agit du journal de bord d'un Français vivant en Nouvelle-Zélande et travaillant auprès d'handicapés. le pays a mis en place un système qui semble intéressant : des maisons où les handicapés vivent en colocation.
Le narrateur lui est en charge que tout se passe bien dans la maison et aider les résidents dans leur vie quotidienne : lever, petit déjeuner, habillage, montée dans le bus, puis le soir douche, diner, coucher et surveillance de la nuit.
Ils sont 5 locataires souffrant d'handicaps différents : Tommy-dans-son-fauteuil et Tommy-debout, Chesley, Jon, Carolyn

Sur le système ou ce que l'on en comprend, sur le papier cela semble bien on se dit que les handicapés sont considérés comme des êtres humains et bénéficient de conditions de vie proches de tout le monde. Puis au fil des pages et du récit du narrateur on comprend que ce n'est pas si idyllique et que malheureusement ces maisons semblent être des lieux comme les autres où les handicapés ne sont pas considérés. Dommage...

Sur l'histoire, on arrive pas à savoir sur le narrateur s'il a choisi par nécessité ou par envie cet emploi et du coup on évalue mal son implication auprès des locataires. Il semble vouloir conserver en permanence une distance et ne pas trop s'attacher (ce qui est compréhensible) mais du coup on perd en émotions à la lecture. La distanciation nuit à la capacité du lecteur à entrer dans l'univers de la maison de Melville street.

Je suis donc assez partagée sur ce livre, c'est bien écrit, ça se lit facilement mais je n'ai pas réussi à entrer dedans du fait de la froideur de la rédaction.
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Je me suis dis dés les premières lignes que ce livre allait "me parler"! et cela a effectivement été le cas.

Le narrateur travaille en Nouvelle-Zélande dans une maison où vivent en colocation cinq personnes porteuses d'un handicap plus ou moins sévère. Avec une tendresse mêlée d'ironie, le narrateur nous parle ici de son métier (l'équivalent des auxiliaires de vie en France), de son quotidien auprès des "handis" comme il les appelle. Il dresse ainsi les portraits plein de délicatesse et de questionnements de Chesley, Tommy-Debout, Tommy-dans-son-fauteuil, Jon et Carolyn.

Les cinq habitants de Melville Street ne sont pas tout à fait comme tout le monde: ils sont différents, et cette différence, le narrateur essaye de la comprendre et même de l'apprécier. Au début de son travail, plein de motivation, il tentera par tous les moyens de communiquer avec les "handis", de leur apporter ce qu'il pense être le mieux. Puis viendra le moment où, découragé, il verra les petits actes et pensées de malveillance s'emparer de lui. Il découvrira en lui une violence qu'il n'avait jamais perçue jusqu'alors. Une violence due à quoi? Est elle vraiment due à la frustration de ne pouvoir communiquer et apporter davantage à ceux qu'il aurait voulu aider? Ou est elle due à son métier? Un métier où l'on est seul face à ses doutes et à la complexité des relations. Un métier aux horaires décalés et où les cahiers de liaison tiennent lieu de témoins? Un métier où les relations enter collègues se résument souvent à une bataille d'heures en plus ou en moins sur un planning? Un métier non reconnu et dont les conditions sont telles que nul ne peut l'exercer bien longtemps...Et pourtant...pourtant, la solitude de ce travail peut elle excuser tous ces petits actes de maltraitance qui se forment peu à peu?

Voici un livre que je qualifierais d'authentique et qui nous monte à quel point nos relations à l'autre et à la différence peuvent être complexes. Un livre sur l'ambivalence des sentiments face à cette différence. Un livre sur l'échange et la communication également. Un livre qui nous interroge sur nos propres limites...et sur notre propre différence...


Lien : http://tantquilyauradeslivre..
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Carolyn fut une blessure au goût d'abandon. Tout le monde répétait en chœur que l'hôpital était bien pour elle, qu'elle avait enfin ce dont elle avait besoin. Pour tous ceux concernés par Melville Street, c'était certain. Nous avions enfin obtenu son départ. Mais je n'arrivais pas à m'enlever de la tête que c'était elle qui payait le prix pour tout le monde. Avait-elle besoin d'être traitée comme un danger public? Les barbelés sur les murs, les portes avec sas de sécurité, et la cellule où elle était enfermée allaient-ils vraiment la calmer? Je lui rendis visite pendant quelques mois. Je me forçai à aller lui dire bonjour dans cet hôpital verrouillé. En voyant les lieux et les portes bouclées, les gardiens, les hublots de surveillance des cellules (que je n'arrivais pas à appeler chambres), je me dis que le grand coup de balai de l'institution que les Néo-Zélandais voulaient faire disparaitre n'était pas terminé. Régulièrement, on me refusa des visites, "Carolyn se repose, c'est bien pour elle". A Chesley aussi, qui un jour voulait m'accompagner, "Il ne vaut mieux pas". Sa chambre à Melville Street fut finalement vidée, la consigne d'aller la voir invalidée. A mon tour, je la laissai. Et finalement je restai dans la confusion qu'elle m'avait transmise.
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J'appréciais le côté un peu provocateur de notre installation en plein milieu du parc, l'occupation massive des balançoires et la petit frayeur ahurie que les gamins avaient devant Carolyn qui tentait de se balancer. C'était toujours agréable de faire peur aux gamins, d'autant que je pouvais le faire en toute impunité, j'avais pour moi le regard de la société sur les handis. Maintenant, ils avaient le droit de sortir, ils avaient droit à la relation sociale, à la confrontation. Les parents expliquaient aux enfants que tout était normal et je me doutais que ça ne devait pas être facile. Quand les petits tombaient sur Tommy qui se roulait sur la pelouse, ils étaient complètement dépassés, certains restaient figés, les yeux équarquillés à cette apparition. Et j'étais content que d'autres partagent mon incompréhension. Mieux valait un regard d'incompréhension que pas de regard. Et les enfants qui s'effrayaient de voir Tommy ramper en prenaient doucement l'habitude et seraient peut-être moins surpris quand viendrait leur tour de s'en occuper, quinze ou vingt ans plus tard.
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Carolyn "is confused". Confus, tout le monde l'était à Melville Street. Mais les autres avaient la confusion facile. Carolyn avait la confusion agressive et contagieuse. Je ne savais pas quoi penser, n'avais ni certitude ni solution. Certains en avaient, mais au final c'était la certitude qu'ils voulaient s'en débarrasser, ne plus la voir, ne plus la subir, et enfin l'oublier. Ses parents aussi paraissaient être un peu perdus, et essayaient chaque fois une nouvelle solution en remplacement du dernier échec.
Un jour, j'arrivai à Melville Street et Carolyn était partie. C'était fini, plus de Carolyn: enfermée pour une bousculade de trop.
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Je cessai petit à petit de sourire à Tommy, puis de lui parler. Finalement, je m'en occupai en silence, sans un mot, et souvent sans un regard. Dans le salon, je tournais mon fauteil de dos par rapport au sien. J'imaginais ma vie après Tommy comme un champ de bonheur infini. Je pensais au dernier regard que je lui jetterais, chargé de la certitude absolue de ne jamais le revoir. J'avais un but: atteindre sans trop de dommage le moment de notre séparation définitive. Chaque instant me rapprochait du moment où j'allais prendre plaisir à le maltraiter.
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Ce n'était pas bon d'être "unsettled". C'était l'inverse de ce que l'on voulait. L'agitation, c'était ce contre quoi chacun devait lutter. Il fallait être calme, tranquille, dans son fauteuil, dans son canapé, dans son lit, devant la télé, avec un café ou des pilules. La vie des handis oscillait entre deux pôles, "settled" et "unsettled", calme ou agité. Personne ne savait vraiment pourquoi quelqu'un était calme ou agité. Mais il ne s'agissait pas non plus de se poser trop de questions. Qui l'aurait fait? Quand? Et avec quels outils? Dans les maisons, les employés vivaient avec les handis et leur état émotionnel. S'ils étaient vaguement formés pour les doucher et les nourrir, ils ne l'étaient pas pour les écouter ou les comprendre.
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