Taba-Taba

Roman Kacew, habitué des pseudonymes, de Shatan Bogat, plus tard d’Émile Ajar, avait publié son roman Direct Flight to Allah sous celui de René Deville. C’est sous celui de Romain Gary qu’il avait écrit cette phrase : « Je n’ai pas une seule goutte de sang français mais la France coule dans mes veines."

"La vie des peuples comme celle des hommes n'est pas chronologique, parfois dans leur demi- sommeil ils se voient à nouveau jeunes et fougueux , s'attristent à leur réveil de se découvrir si vieux aux yeux des autres, et des événements qu'on croyait oubliés sous la poussière des siècles d'un coup agissent sur le présent et bouleversent l'avenir ."

Le patriotisme c’est l’amour des siens, le nationalisme c’est la haine des autres.

Mon étonnement est grand, souvent, qu’on puisse vivre devant un monument sans jamais s’interroger.

C’est très étranger au manuel de géographie de Pauly & Toutey alors en vigueur : « Le caractère des Français est aimable, accueillant ; on nous reconnaît de la gaieté, de l’esprit ; on vante partout notre politesse ; on sait aussi que nous avons de la franchise, de l’ardeur au travail, que nous aimons à faire du bien aux autres. Jeunes Français, efforcez-vous dès l’école d’acquérir et de garder les qualités qui ont fait la grandeur de vos pères.  

Dans un an ils se marieront.
De là à enfanter un boiteux il n'y a qu'un pas.
p 43

"Les livres sont des rapaces qui survolent les siècles, changent parfois en chemin de langue et de plumage et fondent sur le crâne des enfants éblouis..."

Une libellule se pose sur le bouchon. Le fil de pêche brille au soleil sur les ondulations bronzées de l'eau calme. Il lui semble que l'approche de la mort a quelque chose de moins amer, de moins monstrueusement injuste, dans la douce mélancolie des anciennes amours qui ne sont pas oubliées. Il se demande si Annie vit encore, si parfois elle aussi pense à lui. Ce qu'aurait été leur vie.

Je n'avais pas compris qu'il souhaitait faire du fils de son meilleur ami son héritier, lui qui ne possédait rien, ni tiare ni émeraudes, savait qu'il allait mourir, s'allonger bientôt sous le gravier du minuscule cimetière au fonds du parc, qu'il espérait laisser une petite trace dans ma mémoire. Et peut-être que, pendant les quarante années suivantes, il allait devenir de moins en moins manqué, ce rendez-vous.

Oiseau. Ni bord ni vogel, il est en français multicolore, oiseau, le mot file et scintille, déjà disparaît dans les feuillages.