Il est parfois que les auteurs nous offrent de jolis doublés voire des triplettes irrésistibles, je pense par exemple à l'auteur
Jon Klassen avec ces "
On a trouvé un chapeau", "
Ce n'est pas mon chapeau" et "
Je veux mon chapeau", ceci ne représentant en aucun cas une suite pourtant.
"
Antoinette" et "
Gaston" sont deux albums jumeaux qui au contraire donne dans le diptyque bien que séparés.
Séparés, les deux personnages l'ont été, échangés à la naissance et associés à une autre portée.
Humour!
Cela se voit comme le nez au milieu de la figure (où la truffe au bout du museau, l'auteure nous invite même à y rejeter un oeil) et pourtant comme dans le bien connu "Vilain petit canard", l'amour d"une maman ne fera aucune différence entre ses petits malgré ce qu'elle croit être un caprice de la nature.
Gaston dénote dans son lot de soeurs caniches élevées pour être digne, belles et soignées.
Un
Gaston est un petit "gars" brouillon, un peu cochon mais empli de bonnes volontés.
Cela peut paraître un brin cliché mais on oubli parce que c'est simplement amusant et attachant.
D'ailleurs, l'éducation fera que
Gaston sera un brave bouledogue plus tenu et
Antoinette une caniche un peu canaille.
Kelly Dipucchio offre une magnifique ironie du sort, puisque la nouvelle famille de
Antoinette et celle de
Gaston voit se croiser.
Mais l'amour d'une maman n'abandonne pas comme cela la chair de sa chair ni ceux qu'elle a éduqué sur son temps famille.
C'est
Gaston et
Antoinette qui devront choisir.
L'auteure pousse encore l'ironie, continue de touiller le mélange, le vent de pagaille amené à l'histoire ne cesse de gentiment souffler (et encore ironiquement, ce n'est pas le plus important) et c'est encore l'amour qui s'en mêle, les deux se reconnaissent, autrement, comme un double médaillon coeur dont les éléments se réunissent comme un puzzle.
Ils tombent amoureux, chers lecteurs (n'est ce pas beau?).
"
Antoinette" a été édité plus tard, avec sa petite pierre ajoutée à l'édifice de la petite histoire.
Nous continuons sur la particularité familiale, la petite
Antoinette ne sait pas de quel bois elle est faite et s'en soucie.
Nous parlons de caractère et non du fait qu'elle diffère de la portée, comme un petit pourrait avoir du mal à trouver sa place dans une fratrie où chacun se distingue avec talent et arrive adorablement à se mettre en avant.
L'histoire est presque une parenthèse offerte à l'album de famille de
Antoinette et
Gaston et nous revenons sur leurs jeunes années.
Le charme rétro sixties des illustrations de
Christian Robinson donne de l'élégance.
Les albums peuvent être lus séparément et l'ironie de l'échange conserve son pouvoir humoristique sur les deux.
Je conseillerais volontiers d'offrir les deux ensemble.