Le Conte de deux cités, A Tale of Two Cities. 1859.
Charles Dickens.
1775-1793. D'un royaume à une nation. Terribles et anciens temps. Des jacqueries, à la Bastille, de la Conciergerie à la Sainte Guillotine. La cause était juste mais avait t elle réussi a faire entrer son esprit dans sa raison ?
Dickens construit le décor, modèle chacun des personnages, fait entrer l'aurore, fait descendre la brume, fait grincer les grilles des faubourgs, fait tourner la grande meule, fait tournoyer la carmagnole, verse le vin, déverse le peuple, fait frémir les lanternes de Paris.
Dickens file, tricote, tisse l'intrigue. du cabaretier, au médecin dévoué, de l'aristocrate repenti, à la femme Vengeance, de l'impudence des seigneurs, de la cruauté des maîtres, des tours, des faubourgs, des portes, de la Seine, des sous pentes, des fermages, des carrosses bringuebalant et fuyant dans la nuit, des lettres , des greniers vides, des secrets, du hasard, des destins,des couards, des martyres, de l'Histoire, des regards en poignards, des guenilles, des lames brisées, des tombereaux de victimes, des gueules hagardes et affamées, des purs, des injustes, des crimes d'Ancien régime, des meurtres de la jeune république, de chaque pavé de chaque ruelle, de chaque fontaine, coule l'encre féconde de Dickens.
C'est évidement un régal de lecture pour qui veut bien prendre le temps de monter à bord de ce carrosse de papier.
Ce temps du roman où l'on savait construire une histoire, y insuffler un souffle, lui donner un visage, y planter un style, y mener des dialogues, y poser des silences, marquer un rythme. Nous rendre conte d'un regard. Nous mener à une bonne adresse. La grande tradition du Roman. Ce roman qui se disait
L Histoire.
Dickens- Hugo : le même oeil? En tout cas le même coeur.
Astrid Shriqui Garain