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Citations sur Pensées sur l'interprétation de la nature (36)

Le philosophe, qui n’aperçoit souvent la vérité que comme le politique maladroit aperçoit l’occasion, par le côté chauve, assure qu’il est impossible de la saisir, dans le moment où la main du manœuvre est portée par le hasard sur le côté qui a des cheveux.
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Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire.
Si nous voulons que les philosophes marchent en avant, approchons le peuple du point où en sont les philosophes.
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Nous avons trois moyens principaux : l’observation de la nature, la réflexion et l’expérience. L’observation recueille les faits ; la réflexion les combine ; l’expérience vérifie le résultat de la combinaison. Il faut que l’observation de la nature soit assidue, que la réflexion soit profonde, et que l’expérience soit exacte. On voit rarement ces moyens réunis.
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Aie toujours présent à l’esprit que la nature n’est pas Dieu ; qu’un homme n’est pas une machine ; qu’une hypothèse n’est pas un fait : et sois assuré que tu ne m’auras point compris, partout où tu croiras apercevoir quelque chose de contraire à ces principes.
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Aie toujours présent à l’esprit que la nature n’est pas Dieu ; qu’un homme n’est pas une machine ; qu’une hypothèse n’est pas un fait : et sois assuré que tu ne m’auras point compris, partout où tu croiras apercevoir quelque chose de contraire à ces principes.
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p. 21 : Il y a dans la deuxième moitié du 18e siècle une crise des modèles épistémologiques hérités du 17e siècle, qui atteint sont climax dans les années 1750. Elle est liée à la naissance et au développement de que nous appelons aujourd’hui les sciences de la vie et de la terre. De Descartes à Newton, les sciences « exemplaires » à la fois à cause de leur développement propre et parce qu’elles servaient de modèle épistémologique pour penser le développement de toute science étaient l’optique, la mécanique, l’astronomie… bref, les domaines où la physique est d’emblée la plus mathématique et le réel le plus facilement réductible au nombre et à la géométrie. Tout change avec le développement des sciences du vivant.
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XXXI

Comment cet esprit se communique-t-il ? Il faudrait que celui qui en est possédé descendît en lui-même pour reconnaître distinctement ce que c’est ; substituer au démon familier des notions intelligibles et claires, et les développer aux autres. S’il trouvait, par exemple, que c’est une facilité de supposer ou d’apercevoir des oppositions ou des analogies, qui a sa source dans une connaissance pratique des qualités physiques des êtres considérés solitairement, ou de leurs effets réciproques, quand on les considère en combinaison, il étendrait cette idée : il l’appuierait d’une infinité de faits qui se présenteraient à sa mémoire ; ce serait une histoire fidèle de toutes les extravagances apparentes qui lui ont passé par la tête. Je dis extravagances ; car quel autre nom donner à cet enchaînement de conjectures fondées sur des oppositions ou des ressemblances si éloignées, si imperceptibles, que les rêves d’un malade ne paraissent ni plus bizarres, ni plus décousus ? Il n’y a quelquefois pas une proposition qui ne puisse être contredite, soit en elle-même, soit dans sa liaison avec celle qui la précède, ou qui la suit. C’est un tout si précaire, et dans les suppositions et dans les conséquences, qu’on a souvent dédaigné de faire ou les observations ou les expériences qu’on en concluait.
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XXX

La grande habitude de faire des expériences donne aux manouvriers d’opérations les plus grossiers un pressentiment qui a le caractère de l’inspiration. Il ne tiendrait qu’à eux de s’y tromper comme Socrate, et de l’appeler un démon familier. Soccrate avait une si prodigieuse habitude de considérer les hommes et de peser les circonstances, que, dans les occasions les plus délicates, il s’exécutait secrètement en lui une combinaison prompte et juste, suivie d’un pronostic dont l’événement ne s’écartait guère [13]. Il jugeait des hommes comme les gens de goût jugent des ouvrages d’esprit, par sentiment. Il en est de même en physique expérimentale, de l’instinct de nos grands manouvriers. Ils ont vu si souvent et de si près la nature dans ses opérations, qu’ils devinent avec assez de précision le cours qu’elle pourra suivre dans le cas où il leur prend envie de la provoquer par les essais les plus bizarres. Ainsi le service le plus important qu’ils aient à rendre à ceux qu’ils initient à la philosophie expérimentale, c’est bien moins de les instruire du procédé et du résultat, que de faire passer en eux cet esprit de divination par lequel on subodore, pour ainsi dire, des procédés inconnus, des expériences nouvelles, des résultats ignorés.
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XXIX.

L’année suivante, un des enfants dit à ses frères : J’ai soigneusement examiné le terrain que notre père nous a laissé, et je pense avoir découvert l’endroit du trésor. Écoutez, voici comment j’ai raisonné. Si le trésor est caché dans le champ, il doit y avoir, dans son enceinte, quelques signes qui marquent l’endroit ; or j’ai aperçu des traces singulières vers l’angle qui regarde l’orient ; le sol y paraît avoir été remué. Nous nous sommes assurés par notre travail de l’année passée, que le trésor n’est point à la surface de la terre ; il faut donc qu’il soit caché dans ses entrailles : prenons incessamment la bêche, et creusons jusqu’à ce que nous soyons parvenus au souterrain de l’avarice. Tous les frères, entraînés moins par la force de la raison que par le désir de la richesse, se mirent à l’ouvrage. Ils avaient déjà creusé profondément sans rien trouver ; l’espérance commençait à les abandonner et le murmure à se faire entendre, lorsqu’un d’entre eux s’imagina reconnaître la présence d’une mine, à quelques particules brillantes. C’en était, en effet, une de plomb qu’on avait anciennement exploitée, qu’ils travaillèrent et qui leur produisit beaucoup. Telle est quelquefois la suite des expériences suggérées par les observations et les idées systématiques de la philosophie rationnelle. C’est ainsi que les chimistes et les géomètres, en s’opiniâtrant à la solution de problèmes, peut-être impossibles, sont parvenus à des découvertes plus importantes que cette solution.
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XXVI.

La philosophie expérimentale est une étude innocente, qui ne demande presque aucune préparation de l’âme. On n’en peut pas dire autant des autres parties de la philosophie. La plupart augmentent en nous la fureur des conjectures. La philosophie expérimentale la réprime à la longue. On s’ennuie tôt ou tard de deviner maladroitement.


XXVII.

Le goût de l’observation peut être inspiré à tous les hommes ; il semble que celui de l’expérience ne doive être inspiré qu’aux hommes riches.

L’observation ne demande qu’un usage habituel des sens ; l’expérience exige des dépenses continuelles. Il serait à souhaiter que les grands ajoutassent ce moyen de se ruiner, à tant d’autres moins honorables qu’ils ont imaginés. Tout bien considéré, il vaudrait mieux qu’ils fussent appauvris par un chimiste, que dépouillés par des gens d’affaires ; entêtés de la physique expérimentale qui les amuserait quelquefois, qu’agités par l’ombre du plaisir qu’ils poursuivent sans cesse et qui leur échappe toujours. Je dirais volontiers aux philosophes dont la fortune est bornée, et qui se sentent portés à la physique expérimentale, ce que je conseillerais à mon ami, s’il était tenté de la jouissance d’une belle courtisane :


Laïdem habeto, dummodo te Laïs non habeat [12
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