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Colas Duflo (Éditeur scientifique)
EAN : 9782080711885
244 pages
Flammarion (06/01/2005)
3.7/5   15 notes
Résumé :

Les Pensées sur l'interprétation de la nature sont une œuvre emblématique de l'esprit des Lumières. Rédigées en marge de la publication de l'Encyclopédie, en 1753, elles prennent la mesure des bouleversements épistémologiques et métaphysiques qui accompagnent la naissance des nouvelles sciences expérimentales de la vie et de la terre. La découverte des fossiles et l'analyse des couches qui c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Diderot, reste prudent vis à vis de l'Eglise, l'époque n'est pas encore au libéralisme de la pensée, il part du principe que les mathématiques ne peuvent plus expliquer le vivant, qu'il faut poser les bases d'une nouvelle science! Elle doit s'appuyer sur l'observation et l'expérience. Pour lui c'est l'approche même de la matière qui est à revoir, la connaissance doit commencer par l'expérience. Il présuppose quand même que cette connaissance va au-delà de Dieu, il ose cependant se détacher de la simple admiration de la nature qui serait la preuve irréfutable de Dieu. Il se fait quelque fois ironique. Pour le le savant doit généraliser ses connaissances et il ne peut le faire que par une vulgarisation de son propre langage, rendre clair ce qui est compliqué...Il finit par s'attaquer à lobscurantisme de l'Eglise, mais presque à mots voilés...
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Diderot est à la charnière du monde ancien et du monde moderne. Il a résolument pris le parti des modernes et sa pensée de la nature est toute fondée sur l'observation scientifique alors naissante. le philosophe cherche à évacuer toute interprétation préalable à l'expérimentation sur le terrain. Il laisse de côté les dogmes de la métaphysique pour concentrer son oeil sur la physique et sur les surprises qu'un regard rigoureux fait naître en notre esprit quand l'oeil essaie de voir en direct le monde qui l'entoure, sans en faire un objet de rêverie religieuse. Certes, les remarques de Diderot sur la nature sont datées. Il débat d'objets obscurs pour nous qui avons vu passer Darwin et Einstein. Mais ce qu'il reste des remarques éparses qui constituent ce petit livre, c'est une méthode : la méthode scientifique, qui permet à l'homme de ne pas tout à fait affirmer n'importe quoi à propos d'un univers qui le dépasse.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
Le philosophe, qui n’aperçoit souvent la vérité que comme le politique maladroit aperçoit l’occasion, par le côté chauve, assure qu’il est impossible de la saisir, dans le moment où la main du manœuvre est portée par le hasard sur le côté qui a des cheveux.
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Hâtons-nous de rendre la philosophie populaire.
Si nous voulons que les philosophes marchent en avant, approchons le peuple du point où en sont les philosophes.
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VI.

Quand on vient à comparer la multitude infinie des phénomènes de la nature avec les bornes de notre entendement et la faiblesse de nos organes, peut-on jamais attendre autre chose de la lenteur de nos travaux, de leurs longues et fréquentes interruptions et de la rareté des génies créateurs, que quelques pièces rompues et séparées de la grande chaîne qui lie toutes choses ?… La philosophie expérimentale travaillerait pendant les siècles des siècles, que les matériaux qu’elle entasserait, devenus à la fin par leur nombre au-dessus de toute combinaison, seraient encore bien loin d’une énumération exacte. Combien ne faudrait-il pas de volumes pour renfermer les termes seuls par lesquels nous désignerions les collections distinctes de phénomènes, si les phénomènes étaient connus ? Quand la langue philosophique sera-t-elle complète ? Quand elle serait complète, qui, d’entre les hommes, pourrait la savoir ? Si l’Éternel, pour manifester sa toute-puissance plus évidemment encore que par les merveilles de la nature, eût daigné développer le mécanisme universel sur des feuilles tracées de sa propre main, croit-on que ce grand livre fût plus compréhensible pour nous que l’univers même ? Combien de pages en aurait entendu ce philosophe qui, avec toute la force de tête qui lui avait été donnée, n’était pas sûr d’avoir seulement embrassé les conséquences par lesquelles un ancien géomètre a déterminé le rapport de la sphère au cylindre ? Nous aurions, dans ces feuilles, une mesure assez bonne de la portée des esprits, et une satire beaucoup meilleure de notre vanité. Nous pourrions dire : Fermat alla jusqu’à telle page ; Archimède était allé quelques pages plus loin. Quel est donc notre but ? L’exécution d’un ouvrage qui ne peut jamais être fait et qui serait fort au-dessus de l’intelligence humaine s’il était achevé. Ne sommes-nous pas plus insensés que les premiers habitants de la plaine de Sennaar ? Nous connaissons la distance infinie qu’il y a de la terre aux cieux, et nous ne laissons pas que d’élever la tour. Mais est-il à présumer qu’il ne viendra point un temps où notre orgueil découragé abandonne l’ouvrage ? Quelle apparence que, logé, étroitement et mal à son aise ici-bas, il s’opiniâtre à construire un palais inhabitable au delà de l’atmosphère ? Quand il s’y opiniâtrerait, ne serait-il pas arrêté par la confusion des langues, qui n’est déjà que trop sensible et trop incommode dans l’histoire naturelle ? D’ailleurs, l’utile circonscrit tout. Ce sera l’utile qui, dans quelques siècles, donnera des bornes à la physique expérimentale, comme il est sur le point d’en donner à la géométrie. J’accorde des siècles à cette étude, parce que la sphère de son utilité est infiniment plus étendue que celle d’aucune science abstraite, et qu’elle est, sans contredit, la base de nos véritables connaissances.
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XII.

Il semble que la nature se soit plue à varier le même mécanisme d’une infinité de manières différentes [5]. Elle n’abandonne un genre de productions qu’après en avoir multiplié les individus sous toutes les faces possibles. Quand on considère le règne animal, et qu’on s’aperçoit que, parmi les quadrupèdes, il n’y en a pas un qui n’ait les fonctions et les parties, surtout intérieures, entièrement semblables à un autre quadrupède, ne croirait-on pas volontiers qu’il n’y a jamais eu qu’un premier animal, prototype de tous les animaux, dont la nature n’a fait qu’allonger, raccourcir, transformer, multiplier, oblitérer certains organes ? Imaginez les doigts de la main réunis, et la matière des ongles si abondante que, venant à s’étendre et à se gonfler, elle enveloppe et couvre le tout ; au lieu de la main d’un homme, vous aurez le pied d’un cheval [6]. Quand on voit les métamorphoses successives de l’enveloppe du prototype, quel qu’il ait été, approcher un règne d’un autre règne par des degrés insensibles, et peupler les confins des deux règnes (s’il est permis de se servir du terme de confins où il n’y a aucune division réelle), et peupler, dis-je, les confins des deux règnes, d’êtres incertains, ambigus, dépouillés en grande partie des formes, des qualités et des fonctions de l’un, et revêtus des formes, des qualités, des fonctions de l’autre, qui ne se sentirait porté à croire qu’il n’y a jamais eu qu’un premier être prototype de tous les êtres ? Mais, que cette conjecture philosophique soit admise avec le docteur Baumann [7], comme vraie, ou rejetée avec M. de Billion comme fausse, on ne niera pas qu’il ne faille l’embrasser comme une hypothèse essentielle au progrès de la physique expérimentale, à celui de la philosophie rationnelle, à la découverte et à l’explication des phénomènes qui dépendent de l’organisation. Car il est évident que la nature n’a pu conserver tant de ressemblance dans les parties, et affecter tant de variété dans les formes, sans avoir souvent rendu sensible dans un être organisé ce qu’elle a dérobé dans un autre. C’est une femme qui aime à se travestir, et dont les différents déguisements, laissant échapper tantôt une partie, tantôt une autre, donnent quelque espérance à ceux qui la suivent avec assiduité, de connaître un jour toute sa personne.
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III.

Je ne sais s’il y a quelque rapport entre l’esprit du jeu et le génie mathématicien ; mais il y en a beaucoup entre un jeu et les mathématiques. Laissant à part ce que le sort met d’incertitude d’un côté, ou le comparant avec ce que l’abstraction met d’inexactitude de l’autre, une partie de jeu peut être considérée comme une suite indéterminée de problèmes à résoudre, d’après des conditions données. Il n’y a point de question de mathématiques à qui la même définition ne puisse convenir, et la chose du mathématicien n’a pas plus d’existence dans la nature que celle du joueur. C’est, de part et d’autre, une affaire de convention. Lorsque les géomètres ont décrié les métaphysiciens, ils étaient bien éloignés de penser que toute leur science n’était qu’une métaphysique. On demandait un jour : Qu’est-ce, qu’un métaphysicien ? Un géomètre répondit : C’est un homme qui ne sait rien. Les chimistes, les physiciens, les naturalistes, et tous ceux qui se livrent à l’art expérimental, non moins outrés dans leurs jugements, me paraissent sur le point de venger la métaphysique, et d’appliquer la même définition au géomètre. Ils disent : À quoi servent toutes ces profondes théories des corps célestes, tous ces énormes calculs de l’astronomie rationnelle, s’ils ne dispensent point Bradley [2] ou Le Monnier [3] d’observer le ciel ? Et je dis : heureux le géomètre, en qui une étude consommée des sciences abstraites n’aura point affaibli le goût des beaux-arts ; à qui Horace et Tacite seront aussi familiers que Newton ; qui saura découvrir les propriétés d’une courbe, et sentir les beautés d’un poète ; dont l’esprit et les ouvrages seront de tous les temps, et qui aura le mérite de toutes les académies ! Il ne se verra point tomber dans l’obscurité ; il n’aura point à craindre de survivre à sa renommée.
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Vidéo de Denis Diderot
Rencontre avec Christian Grataloup autour de Géohistoire. Une autre histoire des humains sur la Terre paru aux éditions des Arènes, et de L'Atlas historique de la terre (Les Arènes).
Christian Grataloup, né en 1951 à Lyon, agrégé et docteur en géographie, successivement enseignant du secondaire, professeur de classes prépas, formateur d'instituteurs puis de PEGC, maître de conférences à l'université de Reims et finalement professeur à l'université Paris Diderot. Les recherches et les publications de Christian Grataloup se sont toujours situées à la charnière de la géographie et de l'histoire. Une grande partie de ses travaux concernent la didactique, en particulier par la mise au point de «jeux» pédagogiques. Il a notamment publié: Atlas historique de la France (Les Arènes, 2020), L'invention des continents et des océans. Comment l'Europe a découpé le Monde (Larousse, 2020), Cabinet de curiosité de l'histoire du Monde (Armand Colin, 2020), Atlas historique mondial (Les Arènes, 2019), Vision(s) du Monde (Armand Colin, 2018), le Monde dans nos tasses. Trois siècles de petit-déjeuner (Armand Colin, 2017), Introduction à la géohistoire (Armand Colin, 2015).
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20/03/2024 - Réalisation et mise en ondes Radio Radio, RR+, Radio TER
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