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4,09

sur 491 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Nous sommes sur terre, mais dans des territoires reculés et peu identifiables selon nos repères géographiques du 21è siècle. Les humains survivants s'y sont regroupés, en quelques communautés qui bien sûr ne pensent qu'à lutter les unes contre les autres. Quant aux conditions de vie, sans animaux et sans végétation, détruits il y a bien longtemps par la folie et l'inconscience des ancêtres, elles sont extrêmement difficiles. Ce sont les algues qui constituent la matière première pour l'alimentation les vêtements ou les produits cosmétiques.

La société a conservé des codes anciens, divisée en castes, des travailleurs parias, les suants , aux apex, l'élite de mutants qui contrôle le tout.

La jeune Astréa, du nom de son animal totem, l'étoile de mer, gravée sur sa peau, bêche sans fin les algues nauséabondes , jusqu'à ce que son frère, pressentant une catastrophe sur la chantier s'en prenne au crachant (le surveillant) et se retrouve prisonnier. Astréa part sur ses traces.

Pendant ce temps le prince héritier déchu, car unijambiste, Océrian, s'échappe du palais avant qu'on ne le contraigne à prendre la route pour épouser la fille d'un ennemi dont il faut se faire un allié.

C'est le début d'un itinéraire éprouvant à travers des paysages désertiques et sous un soleil meurtrier, pour une bande de suants accompagnée d'un otage de marque…

C'est un roman d'aventure, et d'amour, sur fond de désespoir, devant l'état de cette planète exsangue et promise à une destruction totale (chaque chapitre est un compte à rebours et le titre ne laisse guère d'espoir)

Fort bien conté, et très imaginatif, on prend plaisir à voir l'évolution des sentiments entre la jeune plébéienne et le prince aux cheveux mauves.

J'ai beaucoup appréciera le passage où les fuyards se retrouvent chez un médecin à la retraite , qui collectionne les livres et les objets du passé. C'est l'occasion de se délecter de superbes poèmes de Baudelaire.

Un très beau roman de littérature jeunesse.
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La fin du monde est proche. tout au moins, la fin de l'humanité. le réchauffement climatique a gagné, les animaux ont quasiment tous disparus. Dans cette ambiance de survie, le peu de population qu'il reste a perdu toutes ses connaissances scientifiques, sociales et culturelles. le mode de vie est revenue au Moyen-Age dans cet environnement hostile, les castes ont repris le dessus : les Suants travaillent, les Crachants surveillent les travailleurs, les Saignants combattent, les Pleurants prient et pleurent sur les péchés passés et la Apex, caste de mutants, règnent.
Astréa, jeune Suante aspirant à rejoindre les pleurants, se retrouve à partir à la recherche de son frère qui va être exécuté pour avoir attaqué un crachant. Elle est prise entre deux feux : sa loyauté envers leur mode de vie, le respect qu'elle a des croyances et l'amour qu'elle a pour son frère, pour lequel elle a aussi de plus en plus de soupçon quant à son respect des lois.
On suit également Océrian, membre des Apex mais renié et caché par sa famille en raison de son handicap.
Les deux se rencontrent, vont se détester et apprendre à se connaître, à s'aimer.
J'avais déjà aimé Cogito, du même auteur. On y retrouve ses personnages attachants, jeune fille à la vie difficile qui doit affronter sa propre naïveté. On retrouve également une vision de l'avenir très pessimiste, un peu comme un signal d'alarme. L'auteur met en avant le rapport de l'Homme à la planète, mais aussi les rapports des Hommes entre eux.
J'ai aussi apprécié les petites originalités de l'édition car sur chaque bas de page est inscrit le nom latin d'une espèce du vivant, comme s'ils nous accompagnaient tout au long de la lecture.
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Victor Dixen est parvenu une fois encore à me scotcher.

Cette fois, il aborde les thèmes du climat et de l'extinction de l'humanité. Autant vous dire tout de suite que ces sujets sont traités d'une main de maître et que la plume est envoûtante du début à la fin.

Bien entendu, l'univers est également bien construit et les différentes cartes que vous trouverez tout au long du récit, vous permettront de mieux entrer dans l'histoire.

Les personnages sont également bien développés et touchants. Comme personnages principaux, vous retrouverez Astréa qui est à la fois forte et juste et Océrian qui cache une personne remplie d'émotions sous une carapace de pierre.

Evidemment, la narration se partagera entre nos deux protagonistes, ainsi le lecteur parviendra à mieux les connaître et surtout découvrira la vie dans les Dernières Terres à travers le point de vue d'un prince et celui d'une suante (ce qui correspond à la caste la plus basse dans cet univers).

Le récit est rempli de rebondissements tout du long et le lecteur voyagera à travers les Dernières Terres aux côtés de nos protagonistes.

Je n'ai absolument pas vu venir le rebondissement final et autant vous dire que j'ai littéralement fini sur les fesses. En plus, une fois que j'ai terminé ce livre, j'ai pleuré pendant un bon moment tellement la fin m'a marqué.

J'ai aussi beaucoup aimé la manière dont le livre est fait. Comme je vous l'ai déjà dit, vous retrouverez différentes cartes afin de pouvoir suivre les péripéties des personnages mais vous découvrirez également au début de chaque chapitre un compte à rebours avant l'extinction ainsi qu'une chandelle. Et plus les chapitres avanceront, plus la chandelle diminuera tout comme le compte à rebours.

Ce qui est vraiment affreux dans ce livre, c'est que vous essayez de ne pas vous attacher aux personnages car vous savez qu'ils vont bientôt tous mourir mais vous n'y parvenez pas et plus vous approchez de la fin, plus vous priez pour qu'un miracle arrive et les sauve.

Je vous recommande vivement ce livre si vous aimez la science-fiction, le young adult avec une pointe de romance et que vous avez envie de découvrir un roman qui va vous chambouler et vous faire prendre conscience de ce qui pourrait arriver par la suite sur notre planète.

Bref, je n'ai pas vu passer les 601 pages de ce roman. le style d'écriture est assez grand et bien espacé ce qui permet une lecture fluide. Pour le prix, vous pouvez vous procurer ce livre pour 19,90 euros ou 32,50 francs.

Je pense que vous avez compris que j'ai dévoré ce roman et que je me suis repris une belle claque à la fin. Pour moi, c'est un énorme coup de coeur et je ne peux que lui attribuer la note de 10 sur 10.
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« La flamme brûle plus fort avant de s'éteindre »
Mon deuxième roman de Dixen et je suis de plus en plus fana !
Dixen nous montre ici la vie après le grand effondrement, une histoire qui fait froid dans le dos mais qui a une résonance toute particulière car ces échos sont les bombes à retardement que nous sommes en train de semer sur notre Terre…
Cet ouvrage nous plonge en plein dans la mouvance actuelle où climat, extinction de masse, et catastrophes sont à l'origine de l'effondrement de la civilisation… Une civilisation reconstruite peu à peu par les derniers humains vivant sur les dernières terres. Entre suants, pleurants et apex, vous vous serez plongé dans un monde où oracles, technologies, religions, lutte de pouvoir, classes sociales, y prennent encore une place prépondérante … (Les derniers humains n'ont-ils rien appris de leurs erreurs passées ?!).
Entre Astréa, Océrian, Margane, Sépien, vous ne saurez pour qui votre coeur battra !
Extincta, ce n'est pas seulement la fin de l'espèce humaine mais la fin des grandes valeurs idéologiques qui nous sont inculquées, celles-là même qui sont constamment faussées par ses déviances, ses conséquences désastreuses, …
Un roman que l'auteur a mis 10 ans à écrire afin de mettre en place les rouages d'une toute nouvelle vie sur Terre, d'un nouveau monde, d'une nouvelle société… Ces rouages qui arriveront peut-être plus vite que prévu si on ne bouge pas MAINTENANT….

« le moment est venu d'écouter la fin des hommes. Là où s'achève leur longue histoire, commence le dernier de leurs chants »
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Alors autant vous le dire tout de suite : si ces temps de confinement vous dépriment, n'ouvrez pas Extincta ! En effet, le dernier roman de Victor Dixen n'évoque rien de moins que la fin du monde et l'anéantissement de l'humanité. Pas forcément joyeux joyeux, mais terriblement d'actualité. Le tout à la sauce Dixen évidemment. Une fois qu'on a commencé, on n'arrive plus à s'arrêter. Désespéré et terriblement addictif.
Après une superbe première de couverture (dans la même veine que celle de Cogito, cette fois-ci dans les tons noir, vert et argent) les premiers mots, empruntés à Baudelaire, nous cueille à froid : “Le fin du monde - Un roman sur les derniers Hommes[...]”. Puis vient une première page où le texte est imprimé blanc sur fond noir, et où un Choeur s'exprime. Victor Dixen connaît parfaitement ses classiques. Prologue de tragédie, la couleur est annoncée dès la première phrase : “L'espèce humaine s'éteignit un jour d'été [...] Une oraison funèbre, mais surtout un cri d'amour”. Roméo et Juliette version fin de l'humanité. le roman est découpé en “Chants”, et la caste des “pleurants” dans le roman ne peut manquer de nous faire penser aux rites funéraires dans la Grèce antique.
Mais Victor Dixen est également passé maître dans l'art de la construction du récit. Il invente ici une société complète, divisée en castes, vivant dans un monde brûlant, ravagé par le soleil et la chaleur, la faute aux terracides de l'ancien temps qui ont fait n'importe quoi et provoqué le Grand Effondrement. Terra est devenue THE divinité suprême, et on vivote sur ce qu'il reste d'habitable en bouffant des algues. Interdiction totale de toucher aux animaux, qui ont de toute façon quasiment disparu de la surface de la terre (si on prête attention, en bas de chacune des 595 pages qui constituent le roman, Dixen cite le nom latin d'une espèce aujourd'hui disparue). Dans ce monde, nous allons attacher nos pas à ceux d'Astréa, une jeune “suante” dont le travail harassant est de récolter l'algue sous une soleil meurtrier. Elle appartient à la caste la plus inférieure, mais elle aspire à devenir “pleurante” et rejoindre le pleuroir, temple de Terra. L'autre personnage auquel nous nous attachons est Océrian, jeune prince déchu car il a perdu une jambe dans un glissement de terrain et dont le père, Orcus veut lui faire épouser la princesse Gryphie Cathartide afin de forger une alliance avec la lointaine cité de Flamboyante. Par un incroyable concours de circonstances, Astréa et Océrian, son prisonnier, vont être amenés, avec quelques autres compagnons, à faire route ensemble vers Flamboyante. Difficile de résumer ce roman foisonnant. Victor Dixen crée un monde complexe, une société redéfinie, une géographie nouvelle également. C'est avant tout une extraordinaire épopée, une incroyable aventure qui attend Astréa et Océrian. Au fil de leur parcours, ces deux personnages vont découvrir un objet ancien et oublié absolument extraordinaire : le livre. Les poèmes de Baudelaire, en particulier “L'invitation au voyage”, accompagnent les personnages et leur apporte un peu de légèreté dans ce monde à l'agonie. Emily Dickinsen a également les faveurs de Dixen : “L'Espoir est cette chose à plumes[...] Alors complètement désespéré le roman de Dixen ? Pas sûr, d'autant que la fin, bien que tragique, nous réserve un joli twist final.
J'étais déjà une fan inconditionnelle depuis la saga du Cas Jack Spark. Encore une fois, je suis conquise.
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Après ma déception pour Cogito, le précédent toman de l'auteur, je n'avais pas particulièrement d'attentes pour Extincta. En fin de compte… J'ai adoré ma lecture. C'est une histoire déroutante, passionnante et bouleversante. L'auteur veut faire passer un message écologique en dépeignant un monde dans lequel on ne voudrait surtout pas vivre. Et ça marche. C'est une des versions futures de notre univers que nous présente l'auteur. A partir de faits actuels, il a crée un univers incroyablement bien construit, complet, et aussi terrifiant que magnifique.
L'ambiance est elle aussi incroyable. Glauque, assez oppressante, mais surtout fascinante.
Victor Dixen a réussi à me surprendre avec une plume différente que dans ses autres écrits, plus poétique. La poésie tient d'ailleurs une place importante dans le récit. J'ai beaucoup aimé ce mélange entre passé et futur, par le biais de la poésie.
J'ai bien aimé les personnages, même si ce n'est pas le point fort de ce roman. J'ai remarqué pas mal d'incohérences dans leur caractère à chacun. Pendant la première partie, c'étaient de vrais personnages, maitres de leurs décisions, mais dans la deuxième partie, ils étaient devenus des outils de l'histoires, ils ne la vivaient plus, et j'avoue que cela m'a un peu dérangé dans ma lecture.
La fin, même si on la connait dès le départ, n'en reste pas moins incroyable.
Un coup de coeur auquel je ne m'attendais pas. Un livre qu'il faut m'être entre les mains de tout le monde !
Pour un complément à cet avis, pour découvrir ma photo du livre, et pour me donner directement votre avis sur ce livre, n'hésitez pas à cliquer sur le lien ci-dessous !
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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Victor Dixen est un auteur que j'apprécie depuis que je l'ai découvert avec Animale. Mais c'est surtout avec ses romans de la série Phobos ainsi que Cogito, que je l'ai placé dans cette liste des auteurs dont je lis chaque nouvelle publication. Extincta, sorti fin 2019, n'a donc pas échappé à la règle et j'ai même eu le plaisir de l'obtenir dédicacé lors du Salon du livre de Montreuil. Il est resté un peu dans ma PAL, avant que je ne m'y plonge.

Ce qui m'a le plus séduite dans Extincta, c'est l'univers imaginé par Dixen. J'ai aimé découvrir sa vision de notre monde à venir, ce futur qui ne connaît plus le monde animal, vit dans des terres désolées, âpres et voit l'humanité s'achever. Il ne reste aux hommes que 255 heures et c'est ce compte à rebours que Dixen va égrener tandis que le lecteur suivra le destin de deux personnalités issues de milieux très différents. D'un côté, il y a Astrea, une jeune fille qui vit dans la partie la plus misérable du reste de la Terre et est une « suante ». Elle passe ses journées à ramasser des algues, presque unique moyen de subsistance pour l'homme. D'un autre côté, il y a Océarian, un apex, cette classe de sang royale aux cheveux violets. Devenu infirme enfant, il est cependant la risée de son peuple.
Par une succession d'événements, Astrea et Océarian vont croiser leur destiné mais leur histoire impossible sera très loin de ressembler à un conte de fées et connaîtra de nombreux soubresauts et trahisons…

Victor Dixen explique avoir passé dix années à concevoir Extincta. le projet n'est en effet pas évident pour celui qui veut offrir aux lecteurs un texte le plus abouti possible et un univers crédible et complexe. Extincta relève le défi. Il y a une véritable maturité dans le monde futuriste et terrifiant qu'il invente : paysage, organisation du royaume, hiérarchie des castes, religion,… toute une civilisation a été imaginée, pensée, affinée et Victor Dixen s'est largement surpassé. J'ai notamment ma préférence pour l'idée du nom associé à un animal disparu ainsi que du tatouage qui l'accompagne et que chacun arbore.

Fasciné par cet univers, le lecteur est sans cesse amené à vouloir le découvrir et à en comprendre les rouages. le message que l'histoire porte est aussi très clair : l'humanité est menacée par le désastre écologique et c'est à la jeunesse actuelle que semble incomber plus ou moins malgré elle, cette immense défi. Un roman dans l'air du temps, que Victor Dixen a voulu placer en miroir de Cogito, comme une duologie qui ne porte pas son nom. En effet, comme il l'expliquait au Salon de Montreuil, écologie et intelligence artificielle sont pour lui les deux grands défis de l'homme pour les prochaines décennies…et on ne saurait le contredire.

Dixen a le sens de la narration. Il offre un roman plus contemplatif et moins actif que Phobos ou Cogito ( peut-être plus proche du style d'Animale) sans rogner sur le suspense. J'ai senti néanmoins quelques longueurs dans le récit même si j'avais envie d'accompagner Astréa et Océarian. Ma lecture a été ainsi plus hachée qu'habituellement et elle s'est étalée sur presque trois semaines ( ce qui est très rare chez moi ) mais après avoir pris le temps du recul ( j'ai achevé ma lecture il y a deux mois), j'en garde encore un souvenir fort, intense et très précis, ce qui me fait dire qu'Extincta fait partie de cette catégorie des livres marquants, qu'on n'oublient pas aisément. Une fois de plus je peux dire que j'attends le prochain Dixen avec impatience !
Lien : http://www.lirado.fr/extinct..
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Oserais-je avouer que ça m'arrive encore parfois ? Eh oui : j'ai acheté ce livre, tout récemment sur un coup de tête, dans le but essentiel de grappiller quelques points dans un challenge particulier… J'avais certes déjà entendu parler de l'auteur – en bien ! – et j'ai même plusieurs de ses livres en PAL ou pour le moins dans mes souhaits de lecture, mais je n'avais encore jamais rien lu de sa plume, et ce livre-ci en particulier ne figurait dans aucune de mes listes.
Et pourtant, après l'avoir refermé, j'ai juste envie de dire : waouh !

D'abord, c'est un bel objet : les algues omniprésentes, de ce beau vert tellement trompeur, sont légèrement brillantes et reliéfées. Par ailleurs, pour moi qui lis désormais en grande partie en numérique, je continue d'acquérir des livres en format broché (ou parfois poche) si c'est « justifié », par exemple par la présence d'illustrations ou de cartes par exemple, qui sont décidément plus agréables à découvrir sur papier. C'est bien le cas ici : des cartes en effet de ce monde pas si imaginaire que ça ; le « choeur » du début et de la fin, carrément flippant, et le fait qu'il soit imprimé en blanc sur fond noir ajoute une touche à ce frisson glacé qui parcourt tout à coup l'échine ; et en début de chaque chapitre, cette longue bougie qui ne cesse de s'amenuiser, au fil du décompte des dernières heures des derniers hommes…
Car c'est bien de cela qu'il s'agit, on le comprend en lisant le synopsis et ça s'annonce sans aucun doute possible dès la lecture de ce premier « choeur » en guise de prologue, et pour ceux qui voudraient encore ne pas y croire tout à fait, le sous-titre du premier chapitre ne laisse aucune marge à ce doute : 255 heures avant l'extinction… et il en reste moins en début de chaque nouveau chapitre, un véritable compte à rebours !

Oh ! l'histoire de base est assez convenue, d'une certaine façon : on se retrouve dans une société fonctionnant selon un système de castes, particulier à ce monde qui ressemblerait à un monde de fantasy… jusqu'à ce qu'on comprenne (très vite, cela dit) qu'il ne s'agit de rien d'autre que des dernières terres habitables de notre planète, autour du pôle Nord désormais quasi-uniformément désertique car offert aux rayons impitoyables d'un soleil dont plus aucune couche d'ozone ne filtre les rayons, obligeant les habitants à se vêtir de « linceuls » (ciel que ce mot seul est affreux ! – c'est quand même, nous dit le Robert, une « pièce de toile dans laquelle on ensevelit un mort. »…), de diverses couleurs selon leur niveau social.
En effet, ces derniers survivants de la race humaine se sont organisés en cités-royaumes, et notamment celle de Viridienne, située en bord de mer, où commence l'intrigue. Ces cités sont dirigées par les « apex », une race apparemment supérieure d'êtres humains aux cheveux et aux yeux de diverses teintes du sceptre violet, tandis que les autres hommes sont divisés très clairement en quelques autres castes – dont une dédiée à la nouvelle religion pour « Terra » -, allant jusqu'aux « suants », qui sont, à Viridienne, des ouvriers bêcheurs de ces algues, potentiellement mortelles, mais aussi dernière ressource de ces hommes, et qui servent absolument à tout : de la nourriture jusqu'aux vêtements, en passant par les constructions etc., dans un monde où tout autre être vivant a disparu, à part quelques arbres rachitiques et quelques-uns de ceux qu'on appelle aujourd'hui nuisibles (moustiques, sangsues et scorpions, par exemple) et dont le « meurtre » est sévèrement réprimé.

Dans ce monde sans grand espoir, qui vivote au jour le jour pour le peuple, tandis que les puissants règnent par la force et les alliances avec les voisins des autres cités-royaumes, Astréa la suante et Océrian l'apex ont leurs rêves, leurs désillusions, et leur désir d'un « ailleurs »… Leurs chemins vont bien sûr se croiser et on aura une inévitable ( ?) mais bien gentille romance (après tout, on est dans du young adult) façon « je t'aime moi non plus », qui sera bien présente sans être jamais vraiment centrale, et surtout, sans jamais effacer l'enjeu bien plus important de ce roman.
J'ai craint un moment que ce livre serait – comme je l'ai parfois ressenti dans certains livres post-apo destinés à la jeunesse – un énième plaidoyer pro-végétarisme, avec cette obsession d'Astréa surtout, contre tout qui oserait tuer le moindre animal encore vivant, et considère avec un sentiment d'horreur absolue ses ancêtres (dont moi !) qui osions en consommer. J'avais alors envie de crier à l'auteur : ce n'est pas le fait de consommer de la viande qui est en train de bousiller notre monde, après tout l'être humain est omnivore et en consomme depuis la nuit des temps ; le problème, comme toujours, c'est l'excès : nos élevages intensifs inadmissibles, notamment… Heureusement, j'ai commencé à réellement respirer lorsque notre petit groupe de héros croise un « médecin » féru de littérature ancienne (on aura un large partage des vers de Baudelaire, à partir de ce moment-là !), qui rejoint cette pensée qui me taraudait : « Terra offre généreusement ses ressources à tous ses enfants, humains y compris : c'est l'excès seul qui constitue un crime, répondit mystérieusement l'érudit. » - certes, à ce moment-là il était question des livres, que l'on faisait à partir d'arbres, chose impensable pour nos hommes de ce futur tellement plausible, puisque les arbres en ont quasiment disparu…

Je me suis d'ailleurs demandé, à ce sujet : dans cette société où les algues servent absolument à tout (ou presque), comment est-il possible que les hommes aient renoncé aux livres, n'aient pas tenté de continuer l'aventure de l'écriture en créant du papier d'algue ou que sais-je ? On le sait : la distinction officielle entre préhistoire et histoire (de l'humanité) se fait à partir de l'invention de l'écriture… Qu'a donc voulu signifier l'auteur en créant cette société post-apo (et aussi très dystopique !) qui ne connaît plus l'écrit ? C'est clairement une société qui a une structure de type moyenâgeuse (ou peut-être antique), mais certainement pas préhistorique ! Ou alors il n'a pas pensé à ce « détail », dans le but d'arriver à la découverte de Baudelaire par nos héros ? cette dernière n'aurait pas eu le même impact s'ils avaient eu accès à de la littérature dans leur vie courante…
À vrai dire, on se pose tout un tas de questions, tout au long de cette lecture, et j'ai été plus que satisfaite de découvrir que l'auteur a réellement bien « manipulé » le lecteur, car toutes ces interrogations qui ont surgi au fil de mes lecture, ont trouvé réponse dans les derniers chapitres ! sauf cette histoire de l'absence de l'écrit (et d'un support quelconque) dans cette société qui n'avait pourtant rien de préhistorique. Si ce n'est, peut-être, cette vision désespérée que la fin de l'humanité ressemble désespérément à ses débuts…

Mais je reviens à ce que je disais plus haut : histoire de base convenue, car ce sont les immuables pouvoirs de l'amour, de l'amitié, de l'engagement, du courage etc. qui affrontent la soif de puissance, le besoin de gloire, la cruauté… et qui donnent toute leur valeur à nos quelques héros, dans ce monde pourtant désespéré, où le lecteur voit les dernières heures s'égrener implacablement.
Mais ici, leur mise en scène offre un roman plein de rebondissements et retournements de situations, certains que l'on croyait prévisibles et qui s'avéreront complètement inattendus, pleins d'inventivité. Ce sont un peu plus de 600 pages où l'on ne s'ennuie jamais, où l'on a le coeur serré pour Astréa et/ou pour Océrian et leurs compagnons de route, où l'on frémit au fil de leurs rencontres rarement agréables – à part celle avec l'érudit cité plus haut, qui est une véritable bouffée d'oxygène dans un monde qui n'en a plus guère… On sait que c'est du young adult (ce qui fait que je me « méfie » toujours un peu), mais on se laisse prendre dans ce voyage plein de péripéties qui se cessent de surprendre ; on sait dès les premières pages, comme je disais plus haut, que ce livre va nous narrer les toutes dernières heures de notre propre espèce, c'est d'autant plus horrifiant que l'on sait trop bien que ce n'est même pas un avenir impossible (au contraire !), et on s'étonne même un peu que l'auteur ait été bien « optimiste » de créer ce monde à une époque qui n'est jamais révélée précisément, mais il laisse entendre que ce sont quand même plusieurs générations après la nôtre, au point que tout ce qui fait notre quotidien ait été oublié entre-temps, si ce n'est par quelques-uns…

C'est une histoire étonnamment glaçante et désespérée, mais aussi terriblement humaniste (dans un sens positif !), car elle ne cesse de mettre en avant ces valeurs qui auraient pu sauver l'humanité et, dès lors, toutes les autres espèces. Hélas, sans tomber pour autant dans un discours manichéen, l'auteur laisse entendre que l'inlassable recherche du pouvoir pour le pouvoir, l'exploitation des ressources de la terre, ont quand même conduit au désastre, et le fil ténu de l'espoir que laisse l'auteur en toute fin de volume, est aussi vacillant que la flamme de cette fameuse bougie, qui a fini par s'éteindre…
C'est un livre qu'il faudrait faire lire très largement, à nos jeunes sans aucun doute, à leurs parents sans hésiter car, malgré son orientation « jeunesse », il est très agréable à lire pour un adulte (je parle là de la plume), mais aussi à tous nos « dirigeants », certains plein de bonne intentions, mais si souvent aveuglés par ce goût du pouvoir pour le pouvoir qui ne cesse d'être dénoncé !

Quant à ce choeur glaçant et bien un peu mystérieux qui apparaît au début comme un prologue, et puis tout à la fin en épilogue, on comprend au fil des pages (je dirais que j'ai commencé à avoir des « doutes » vers le milieu du livre, à cause d'un événement particulier) ce qu'il peut bien représenter. Et ainsi, indéniablement, même s'il est un élément de cet infime fil d'espoir qui est laissé, il participe aussi à ce sentiment de malaise diffus qui ne quitte plus le lecteur, plusieurs heures après l'avoir refermé. Glaçant, mais magnifique !
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Victor Dixen a totalement réussi son pari et je m'incline devant sa minutie ! Tout est parfait et très recherché, du nom des personnes issues des noms latins de nos chers animaux disparus jusqu'à tout l'environnement dans lequel évolue Astréa et Océrian ! On peut également prendre Extincta comme un terrible présage si jamais l'humanité continue de ronger notre chère planète, les ressources ne sont pas inépuisables et un jour la nature se retournera contre nous et il ne restera plus grand chose pour les survivants…
Un livre que je conseille bien évidemment !
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Ce livre m'a tous bonnement boulversé sur des sujets qui sont et seront des défis que l'on aura à relever dans les années à venir : le défi du dérèglement climatique. Dans ce magnifique roman on retrouve le destin de deux des derniers humains qui viennent de milieux très différents. le tout dans un environnement après le pire des scénarios de dérèglement climatique : les glaciers et les pôles ont totalement fondus et des poches de méthane se libèrent sans arrêt. Pour revenir aux milieux sociaux qui ont été organisés en caste et qui sont opposés de nos deux héros, l'un de nos héros qui s'appelle Océrian et qui vient de la caste la plus élevée : celles des seigneurs que l'on nomment les apex (ils ont de mystérieux cheveux violets), ensuite viennent les pleurants : l'équivalent de nos prêtres; ils prêchent le culte de Terra qui symbolise la terre Mère juste après viennent les saignants qui sont les guerriers puis les criants et enfin les suants qui cultivent les champs d'algues et dont est issue notre deuxième héroïne qui s'appel Astréia et qui est issu de cette « caste ». Ils vont se rencontrer lorsque que le frère d'Astéria est emprisonné au château où vit Océrian qu'elle va se retrouver à devoir le kidnapper pour libérer son frère.
Je sais que ce n'est pas le meilleur début d'histoire mais la suite en vaut la peine. de plus l'auteur est top et les sujets traités sous sa plume sont toujours intéressants.
Ps : je n'aime pas faire de la pub pour des groupes mais je vais faire une exception à ma propre règle et je vais vous mettre le lien sur un groupe que je viens de créer sur Victor Dixen et ses livres : https://www.babelio.com/groupes/678/Victor-Dixen-et-ses-livres
Bonnes lectures à toutes et à tous
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