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4,14

sur 1018 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je ne vais pas tourner autour du pot ; je tiens finalement pour remarquable et captivant ce pavé de sept cents pages, mais au début, j'ai éprouvé quelques réticences à m'y lancer. En l'ouvrant, j'ai en effet été déconcerté par des têtes de chapitres et de sous-chapitres étranges, puis par un premier épisode de science-fiction, un genre dont je ne suis pas amateur. Il m'a aussi fallu du temps pour trouver mes repères dans les quatre ou cinq récits qui s'entrecroisent autour d'allusions cryptées à un texte antique plus ou moins égaré, titré comme le roman, La Cité des nuages et des oiseaux. Quatre ou cinq récits d'aventures fictives, dont les protagonistes n'ont rien à voir entre eux, et qui se sont déroulées à des époques et dans des lieux différents.

Qu'on en juge ! Ça commence dans un futur lointain avec Konstance, une petite fille confinée dans un vaisseau spatial ; on croit comprendre qu'il emporte des habitants d'une Terre devenue inhospitalière vers une planète très éloignée, un voyage censé durer plusieurs décennies. On assiste ensuite, en l'an 1453, aux dernières heures de l'Empire romain d'Orient à Constantinople, théâtre des heurs et des malheurs d'Anna, une jeune Byzantine, et d'Omeir, un jeune bûcheron bulgare recruté par les armées ottomanes. Mais l'essentiel de l'intrigue prend place de nos jours, très précisément le 20 février 2020, dans une petite ville des Etats-Unis, à l'occasion de la répétition d'un spectacle d'enfants ; des circonstances explosives mettent aux prises deux personnes : Seymour, un adolescent révolté de dix-sept ans présentant des symptômes d'autisme, et Zeno, un octogénaire désenchanté, qui n'avait trouvé un sens à sa vie qu'à la suite d'une relation nouée en captivité pendant la guerre de Corée.

Qu'ont-ils tous en commun ?

Dans le précédent roman d'Anthony Doerr, Toute la lumière que nous ne pouvons voir — une de mes premières critiques, en 2015 —, j'avais aimé le principe de la construction littéraire, alternance de courts chapitres consacrés à deux personnages éloignés et destinés à se croiser. Dans son nouveau roman, l'on retrouve le même système narratif, à un niveau bien plus complexe.

La Cité des nuages et des oiseaux est un puzzle dont les pièces paraissent a priori difficiles à ordonner. On en entrevoit peu à peu l'image finale, celle qui relie les personnages et les époques : une image symbolique, celle de l'immortalité du conte fabuleux évoqué dès les premières pages, attribué fictivement par Anthony Doerr — qui en est l'auteur véritable — à Antoine Diogène, un poète grec du début de notre ère. Après avoir traversé les siècles, rongé par le temps, les conditions climatiques et toutes sortes d'accidents, le manuscrit original sera miraculeusement déchiffré grâce aux technologies numériques d'aujourd'hui, avant que Konstance, dans son vaisseau spatial, ne le reconstitue à son tour… avec des moyens du bord très archaïques !

Dans ce roman, au-delà du plaisir à résoudre le puzzle énigmatique dont la conception enchevêtrée est un véritable prodige littéraire, on se laisse prendre au talent créatif et narratif de l'auteur. Les personnages sont captivants, attachants et l'on est happé par l'envie de savoir ce qu'il adviendra d'eux.

L'écriture de l'édition française est très soignée, probablement fidèle à l'intention de l'auteur. le texte, essentiellement narratif, très descriptif, est constitué de longues phrases harmonieuses, parsemé de détails plaisamment fouillés, d'allusions nébuleuses, de références érudites, de métaphores lyriques, qui lui confèrent une musicalité agréable… parfois un peu lénifiante. Il m'est arrivé de m'endormir.

Le livre peut se voir comme un hommage à la littérature, cette discipline qui entrelace le rêve et le réel, sillonne le temps et l'espace, gravant pour l'éternité l'imagination des écrivains, dans son dessein merveilleux d'apporter connaissance, sensation et émotion à celles et ceux qui aiment lire.

Tout au long de l'ouvrage, l'auteur ne manque pas d'évoquer les dégradations actuelles et à venir de la planète. Ce n'était pas nécessaire, mais il faut bien se placer dans l'air du temps.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Je suis un peu ennuyée de ne pas crier au chef-d'oeuvre, comme clamé sur la couverture par la maison d'édition, ou comme expliqué avec enthousiasme par certains de mes amis babéliotes avec lesquels je suis souvent du même avis.

Il faut dire que j'étais impatiente de me plonger dans cette ode à la lecture, à la langue grecque, aux bibliothèques, à la nature.
Mais avant d'être satisfaite par mes attentes, il m'a fallu patienter pendant plus de 150 pages, au moins.
J'étais perdue parmi ces personnages de différentes époques et aux lieux éclatés :
- Konstance, une jeune fille de quatorze ans, apparemment seule avec l'ordinateur central, dans un vaisseau spatial, l'Argos, dans le futur de l'humanité ;
- Zeno, un octagénaire américain faisant répéter une pièce de théâtre à des enfants dans une bibliothèque de l'Idaho, à notre époque
- Seymour, un adolescent américain de 17 ans avec des caractéristiques autistiques, prêt à faire sauter sa bombe contre un mur de cette même bibliothèque
- Omeir, un garçon né à trois cents kilomètres de Constantinople, et affligé d'un bec-de-lièvre, nous sommes en 1453
- Anna, une jeune habitante de Constantinople, ouvrière dans un atelier de broderie en compagnie de sa grande soeur (je rappelle que nous sommes en 1453, et j'avais appris à l'école : « 1453 : chute de l'Empire romain d'Orient »)
Avec des flash-backs dans l'enfance des protagonistes et des bonds dans le temps.
Le tout « relié » par une histoire d'oiseaux, de paradis, de tortues portant sur leur dos des galettes de miel, de hautes tours magnifiques, et d'un garçon, Aethon, voulant atteindre ces hautes tours là-haut dans le ciel et se transformer en oiseau. Transformation qui ne réussira pas du premier coup, loin s'en faut. Cette histoire, on la connait grâce à un manuscrit trèèèèèèèèès ancien et super abimé.

Il m'a fallu donc de la patience pour trouver les liens entre ces différents personnages, mais une fois que cela s'est produit, ça y est, j'étais lancée. J'ai donc sauté de page en page, trouvant le temps long à certains moments, surtout lorsque l'histoire de ce manuscrit mystérieux est racontée (que de descriptions…) ainsi que lors du siège de Constantinople (les armes, les sièges et moi, on ne s'entend pas très bien).

J'ai aimé les évènements, les personnages, et les idées qui s'y propagent : il faut sauver la nature et la Terre, les livres sont essentiels à l'être humain, quoiqu'ils se détériorent, il faut donc sauver les anciens de la décrépitude. Oui, je suis entièrement d'accord ! Mais cela m'a semblé si …comment dire pour ne pas choquer…commun ? Rebattu ? Comme si l'auteur surfait sur la vague des idées auxquelles tout le monde se doit d'adhérer.

Bref, j'ai passé un tout bon moment, sauf pendant les trop nombreuses pages du début, et avec une petite voix qui me titillait, qui me susurrait « Il en fait trop ».

N'empêche, je conseillerai quand même ce livre aux lecteurs qu'un pavé ne rebute pas, qui aiment les énigmes, et qui sont intéressés par l'écologie et les livres.
Un chef-d'oeuvre, non, pas pour moi, mais un parcours intéressant dans le passé, le présent et le futur de notre planète, où les livres et les ordinateurs se côtoient pour le meilleur et souvent pour le pire.
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Ample, multiple mais étonnamment fluide, ce roman va d'un siècle à l'autre, d'une bibliothèque à l'autre, de Constantinople à Lakeport en passant par l'espace. Les cinq héros sont unis par un manuscrit fictif qu'aurait écrit Antoine Diogène pendant l'Antiquité, manière pour Anthony Doerr de rendre hommage à la littérature, à sa force, et de mettre en scène la vie d'un livre – éternelle si chacun y veille (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/09/15/la-cite-des-nuages-et-des-oiseaux-anthony-doerr/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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J'ai à peine survolé Homère, je n'ai jamais lu Sophocle ni Aristophane, encore moins Antoine Diogène.
Je sais tout juste que huit cents ans séparent la période mycénienne de la période hellénistique, il m'arrive de confondre Ulysse et Achille, je ne sais plus quand ni comment Byzance devint Constantinople.
En quatre mots : je suis un ignare.

Et pourtant tout n'est pas perdu, puisqu'il me reste Anthony Doerr !
Avec son étourdissant roman aux allures de puzzle un peu fou, il ose un grand écart ambitieux entre la chute de l'empire byzantin (milieu du 15ème siècle) et le 22ème siècle à venir, pour nous conter la transmission d'un mythe grec antique, celui du berger Aethon et de sa quête d'une mystérieuse cité céleste.
Ce texte fictif, attribué à Antoine Diogène, et l'auteur s'attarde - dans un complet désordre un peu déstabilisant mais finalement savamment étudié ! - sur différents personnages, liés à travers le temps par leur passion des mots, leur goût pour la fiction et l'imaginaire, et leur désir de sauvegarder une oeuvre dont ils s'estiment redevables.

Il y eut jadis Anna la petite brodeuse de Constantinople et Omeir le paysan turc enrôlé dans l'armée du sultan, puis cinq cents ans plus tard Zeno le vieil américain passionné de langues mortes, et quelques temps plus tard, dans un vaisseau en route vers d'autres galaxies, la jeune Konstance à l'esprit si vif, elle qui fait preuve d'une grande curiosité pour cette planète Terre qu'elle n'a pas connu, pour l'étrange aventure du fameux Aethon et de sa mystérieuse cité que lui a racontée son père.
Aidés par de nombreux anonymes, ils sont les gardiens du mythe, les passeurs d'histoire. C'est par eux que l'auteur a choisi de célébrer le caractère sacré de la littérature et de nous rappeler, s'il en était besoin, que les grandes oeuvres vivent bien plus longtemps que leur créateur, qu'elles peuvent même prétendre à l'immortalité pour peu qu'on en prenne soin et qu'on les préserve de l'oubli.

Et quelle étonnante construction que celle imaginée par Anthony Doerr pour traiter son sujet ! A la manière d'un habile prestidigitateur, il ne cesse de mélanger les lieux, les époques et les personnages, comme les cartes d'un jeu battues et rebattues sans que le spectateur ne puisse véritablement deviner quelle pourrait être l'issue du tour.
Le procédé n'est pas nouveau, mais l'auteur y ajoute un étonnant mélange des genres, puisqu'il passe sans transition du roman d'aventure historique au récit de science-fiction, en passant par le manifeste écologiste ou le journal de guerre d'un soldat américain envoyé combattre en Corée. le risque était donc grand d'aboutir à un texte fourre-tout et trop éparpillé, mais en dépit de quelques longueurs, Anthony Doerr évite avec brio cet écueil ! Il tient son lecteur en haleine grâce à des chapitres brefs, vivants et bien équilibrés (aucun des trois brins de sa trame narrative ne m'a semblé plus faible que les autres), entrecoupés par des extraits (parfois un peu nébuleux) du fameux conte mythologique.
Ainsi le lecteur n'a-t-il pas le temps de s'ennuyer ! Il aura même toutes les chances de faire sienne la réflexion de Zeno, celle que nous inspire à tous la lecture d'un bon livre : "je suis toujours dans ce monde, mais il en existe un autre et il n'est pas bien loin". Il est même juste là, à portée de main, niché au coeur de ce roman atypique au style plaisant et enlevé.

Un bel hommage à l'univers des livres, trois histoires croisées pleines d'inventivité, de jolis vers grecs franchissant les siècles et d'épatants coups du destins ("ainsi font les dieux, ils tissent les fils du désastre à l'étoffe de nos vies, afin d'inspirer un chant pour les générations à venir") : voilà donc entre autres choses ce que nous réserve cette étonnante Cité des nuages et des oiseaux.
Peut-être pas un chef d'oeuvre absolu, comme annoncé en gros sur la couverture, mais en tous cas un bien beau voyage !
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Ce roman, foisonnant et surprenant, m'a transportée dans plusieurs époques et lieux différents autour de cinq personnages principaux. Je l'ai vu comme une grande fresque épique et métaphorique.
Constantinople au XVème siècle, l'Idaho dans les années 1950 et de nos jours, et un vaisseau spatial dans un certain futur.

Les époques s'entrelacent au fil du récit qui s'articule autour d'un texte antique imaginaire – manuscrit d'un écrivain de l'époque grécoromaine ayant réellement existé, Antoine Diogène.
« Un récit qui contient la totalité du monde. Et même les mystères qui se trouvent au-delà ».

Cette lecture c'est une odyssée universelle aux allures de fable fabuleuse mêlant merveilleux et symbolisme, hommage vibrant aux bibliothécaires et aux livres.
Car il s'agit bien de louer la puissance de l'imaginaire grâce à la littérature, l'éveil aux mots procuré par les manuscrits et parchemins, et sublimer le pouvoir des livres ; l'envol qu'ils nous procurent, à s'échapper, s'y perdre parfois pour mieux retrouver un chez-soi.

L'ambiance est antique, mystérieuse, mythique, empreinte d'espoir.
Une ode aux livres – éloge de leur formidable et enchanté creuset de mystères et d'histoires.
On sent l'attachement de l'auteur aux lettres classiques, aux textes fondateurs, au grec ancien notamment ; et une curiosité sans fond pour tous les manuscrits perdus ou encore jamais retrouvés…

J'ai aimé la pertinence de l'auteur à réussir ses messages de plaidoyer pour la préservation de notre planète, entre autres la protection des forêts, et de fait des espèces animales, aux côtés des recherches incessantes de l'homme en quête de technologies nouvelles.

L'auteur a confié vouloir son roman comme un projet humaniste et de nombreuses références et symboliques peuvent y être vues, transposées à chacune des époques et des personnages.

C'est le pouvoir des mots et réaffirmer qu'un livre est une fenêtre sur le monde, un portail vers l'extérieur, un moyen de prolonger la lumière en chacun de nous, une espérance.

J'ai craint de décrocher, appréhendant les chapitres se déroulant dans le futur, mais on réussit à tisser des liens, et je me suis laissée emporter par l'érudition qui s'en dégage, poussée par la curiosité au sujet de l'oeuvre et des antiques en parallèle. Mais j'ai aussi accepté de m'y perdre parfois.

D'une belle originalité, assez exigeant pour ma part, un roman dense que je n'aurais pas lu sans le conseil avisé de ma libraire. Un périple étrange et merveilleux par lequel je découvre l'auteur et le talent de conteur. .
Et sa dédicace très à propos : « A tous les bibliothécaires passés, présents et à venir ».

« Etranger, qui que tu sois, ouvre ceci et tu apprendras des choses stupéfiantes ».
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La Cité des nuages et des oiseaux est un conte grec écrit par Antoine Diogène pour réconforter sa nièce mourante, il a traversé toutes les époques en subissant des ravages mais à chaque ré-apparition : il a sauvé des vies, redonné l'espoir à ceux qui l'ont eu entre les mains !
C'est Aethon ( brillant en grec ) qui tente de rejoindre une cité utopique, et au cours de ce voyage, il va se transformer en âne, en poisson et en corbeau....
Ce sont des récits en 24 chapitres organisés sous forme de chant choral, qui s'imbriquent les uns dans les autres en associant l'imaginaire d'Antony Doerr et des références savantes !
XXII ° siècle : Konstance est une jeune fille qui vit à bord de l'Argos : un engin guidé par Sybil, une intelligence artificielle qui a rassemblé tout le savoir d'une humanité et, qui se dirige vers Beta Oph2, Konstance observe attentivement la terre avec son "Atlas" : en effet, elle est née à bord et, ne la connait pas comme ses parents..mais l'engin va se détériorer et elle sera obligée de mettre un pied à terre..
Au XV ° : devant les remparts de Constantinople :
Maria et Anna sont brodeuses dans un couvent abandonné et, pour guérir sa soeur aveugle, Anna va chercher des documents anciens et trouver le manuscrit.
Omeir est né en Bulgarie avec un bec de lièvre et il est rejeté par tous mais il se console avec l'amour qu'il porte à ses 2 boeufs, hélas il va être réquisitionné avec eux par les troupes du sultan Mehmed II qui veut prendre la ville de Constantinople avec ses canons et sa flotte armée ! C'est le siège de 1453 qui va acter la défaite des Byzantins, de leurs alliés génois, vénitiens venus en renfort .
Au XX° siècle :
Zeno est un vétéran de la guerre de Corée, un ex- émigré qui avait découvert la littérature, les bibliothèques avec son ami Rex dont il était secrètement amoureux, il a 86 ans et monte actuellement une pièce ( celle du titre ) avec des ados aux U.S dans l'Idaho...
Seymour est élevé par sa mère Bunny dans la misère et les dettes, il est hypersensible, passionné d'écologie et révolté contre la société qui aurait tué sa chouette Ami-Fidèle, et quand, sur des terrains sauvages à coté de sa maison, il constate la construction frénétique d'immeubles..il veut tout détruire !
La Cité des nuages et des oiseaux est le voyage dans le temps d'un manuscrit, l'Odyssée d'un texte qui glorifie les bibliothèques, les livres et leur message intemporel !
L.C thématique d'avril 2023 : un roman historique.
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Ce roman ne m'a ni ensorcelée, ni bouleversée, ni questionnée mais je n'ai que peu de choses à lui reprocher.
La construction est parfaitement maîtrisée et on ne se perd jamais dans l'évocation successive des différents personnages aux differentes époques. Les inserts incomplets du texte d'Antoine Diogène sont judicieusement placés dans la narration et toujours pertinents. La plume de l'auteur est alerte, fluide et ne présente aucune difficulté.

Le sujet du roman est tout aussi prometteur : la quête d'un livre ancien et mystérieux, maintes fois perdu et diversement recopié.
« le conte grec aujourd'hui disparu La Cité des nuages et des oiseaux d'Antoine Diogène, qui relate le voyage d'un berger vers une ville céleste, date probablement de la fin du premier siècle de notre ère. Un résumé byzantin du IXe siècle nous apprend que le récit débutait par un bref prologue dans lequel Diogène s'adressait à sa nièce souffrante […] Mêlant les ingrédients du conte merveilleux, de la quête insensée, de la science-fiction et de l'utopie satirique, la version abrégée de Photios nous laisse penser qu'il s'agissait d'un des récits les plus fascinant de l'Antiquité. »
La lectrice que je suis ne peut être qu'enthousiasmée par cette épopée d'un livre qui fascine d'autant plus qu'on lui attribue de singuliers pouvoirs. L'hommage sincère d'Anthony Doerr aux gardiens des livres est également touchant.

Mais il manque à cette quête d'un manuscrit ancien cette touche de complexité ou d'intensité  qu' Umberto Eco, ou plus récemment Mohamed Mbougar Sarr, ont réussi à saisir. La fluidité du roman ne laisse aucune place à l'éblouissement devant la virtuosité de l'auteur, au point que j'ai souvent eu l'impression de lire un bon roman dans la catégorie "jeune adulte".
Un peu trop lisse, un peu trop consensuel !
Alors oui, Anthony Doerr aborde avec une conscience citoyenne de nombreuses thématiques contemporaines : l' écologie et la destruction de l'environnement, la violence sociale et le travail précaire, le racisme, le sexisme, l'homophobie, l'acceptation de la différence, la guerre, la société de consommation, l'individualisme mais il le fait de manière simplificatrice, avec une naïveté parfois réductrice.

Il reste un roman plaisant dont le mérite est de rendre hommage à la littérature et à sa valeur rédemptrice.
« Un texte — un livre — est un lieu de repos pour les souvenirs de ceux qui ont vécu avant nous. Un moyen de préserver la mémoire après que l'âme a poursuivi son voyage. […] Mais les livres meurent, de la même manière que les humains, ils succombent aux incendies ou aux inondations, à la morsure des vers ou aux caprices des tyrans. Si personne ne se soucie de les conserver, ils disparaissent de ce monde. Et quand un livre disparaît, la mémoire connaît une seconde mort. »
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Ecrit pendant l'Antiquité par Antoine Diogène pour réconforter sa nièce mourante, La Cité des nuages et des oiseaux est un conte en grec ancien qui a traversé toutes les époques, subissant les ravages du temps et des voyages. Mais chaque fois qu'il a réapparu au fil des siècles, il a sauvé des vies et redonné l'espoir à ceux qui n'en avait plus.

Il raconte l'histoire d'Aethon qui sillonna le monde sous la forme de divers animaux, cherchant aux confins de la Terre, une Cité utopique merveilleuse.

On le retrouve au XVème siècle dans la ville chrétienne de Constantinople attaquée par les Ottomans, dans les mains d'Anna, une jeune fileuse qui le sauve de la destruction.

Il reprend vie en 2020 dans l'Idaho, sous la forme d'une pièce de théâtre traduite par Zeno, un vétéran de la guerre Corée passionné de grec ancien, et jouée par des enfants.

Dernier Grand Prix de littérature américaine, ce roman de 700 pages se distingue par ses qualités littéraires de premier plan.

Une odyssée chorale à travers le temps et le monde, empreinte à la fois de magie ancestrale et de problématiques actuelles et même futuristes.

Anthony Doerr nous conte l'histoire d'un mystérieux manuscrit, intitulé "La cité des nuages et des oiseaux", à travers les âges et les yeux des personnes qui le découvrent.

Un roman mêlant aventure médiévale, inspiration de récit antique, campagne américaine et anxiétés écologique et sociale, bien ancrées dans le présent.

Une belle épopée à la fois historique et aux limites du fantastique.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Il vaut mieux être bien concentré sur sa lecture, lorsque l'on commence à lire ce gros pavé de 690 pages car l'auteur nous présente plusieurs personnage, le tout étalé sur des époques différentes.

Qu'est-ce qui pourrait relier Zeno (1940, 1950, 2020), Seymour (2014, 2020), Konstance (2156), Anna, et Omeir (1450), alors qu'ils ne se connaissent pas ?

Sans oublier qu'ils ne sont pas sur les mêmes lignes du temps…

Est-ce que les récit allaient se croiser ? Bonne question, j'en étais à la moitié du roman et je n'en savais pas plus. Il faut ajouter à ces différents récits, des extraits d'un manuscrit, celui d'Antoine Diogène, narrant les aventures (fictives) du berger Aethon à la recherche d'une utopique cité céleste.

L'inconvénient, c'est qu'au début, tout semble décousu, on saute les époques, on passe d'un personnage à l'autre, les chapitres sont courts, ce qui fait qu'à peine remis dans le bain de l'histoire, on resaute déjà dans le temps (ou d'un personnage). L'avantage, c'est que chaque arc narratif est très riche et que les personnages sont travaillés, ne manquant pas de profondeur.

La littérature est au centre de ce récit, que ce soit avec la bibliothèque municipale, avec des textes anciens datant d'avant l'imprimerie ou dans le futur, avec des livres qui sortent de leurs étagères pour s'ouvrir là où se trouve le renseignement que vous avez demandé. Est-ce que la littérature peut aider des gens ? Les sauver ? C'est à ça que le livre va répondre et entre vous et moi, je le pense, oui.

Le bandeau-titre disait "Un chef-d'oeuvre"… Heu, c'est peut-être abusé. Bien que des copinautes aient noté, dans leurs chroniques, que cette lecture faisait partie de leurs meilleures.

Non, ce roman ne fera pas partie de mes coups de coeur, et ce, malgré que je n'ai pas grand-chose à lui reprocher, si ce n'est 100 pages en trop, ce qui n'est pas grand-chose lorsqu'on en a 690… Lu en trois jours, ce qui en fait un roman addictif.

Mais… Il ne m'a pas fait vibrer. le récit me semblait plus écrit pour des jeunes adultes que pour des adultes tout court. L'écriture de l'auteur est agréable, sa plume n'utilise pas des mots compliqués, ses décors étaient bien décrits, les personnages aussi, mais il manquait les émotions pour me faire vibrer réellement.

Beaucoup de sujets de société sont abordés dans ce récit (écologie, les guerres, l'homophobie, la survie, société de consommation,…), hélas, c'est trop lisse, consensuel, sans peps. Limite réducteur…

Il paraît que la critique est facile, ce qui est réducteur, car si l'on reste honnête, la critique n'est pas un art aisé, la preuve en est avec ce roman qui me laisse le cul entre deux chaises : il est lisse, mais j'ai aimé ses atmosphères, son histoire, ses personnages, sa construction. Il ne m'a pas emporté, mais il ne m'a pas déplu non plus.

C'est un sacré pavé et je n'ai pas perçu son épaisseur, je ne me suis pas ennuyée dans son récit, même si je lui reproche une petite centaine de pages en trop. Quant à son final, il m'a bien plu, il était inattendu pour un personnage.

Alors non, ceci n'est pas un chef-d'oeuvre, mais ce n'est pas non plus un mauvais roman et il vaut la peine d'être découvert. Aux lecteurs et lectrices ensuite de se faire leur propre avis.

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Je n'attendais rien en démarrant cette lecture mais ce fut une superbe expérience.

La lecture est certes exigeante. Il faut s'accrocher au début pour faire le lien entre les différentes histoires, comprendre leur rôle, leur utilité, puis accrocher aux personnages, mais cela en vaut le coup. Quand le canevas se dévoile, c'est avec émotion qu'on découvre un portrait sensible mais terrible sur notre époque, son passé et son futur, et le rôle des livres et de l'écriture.

Un véritable hommage à la puissance des mots par un auteur qui les maîtrise si bien. C'est beau, âpre, poétique et cela pousse à la réflexion.
Lien : https://blog.lireka.com/la-c..
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