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4,09

sur 198 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Prenez Zola et dégraissez-le : ôtez toutes les pages de descriptions qui peuvent s'avérer pénibles. Ajoutez-y une grosse louche de Steinbeck. Touillez avec une grosse cuillère socialiste (au sens que ça avait avant la révolution russe). Secouez vivement dans un shaker antimilitariste et n'oubliez surtout pas de recouvrir de grosses tranches d'anticapitalisme (néanmoins taillées dans la finesse). Un saupoudrage anarchisant par dessus tout ça, et on commence à s'approcher du contenu de 42e parallèle.
J'ai un peu honte de ne découvrir que maintenant ce classique de la littérature américaine paru en 1930 (aux États-Unis, car pour la traduction française, il a fallu attendre le début des années 50), mais mieux vaut tard que jamais et je ne regrette pas le voyage. Dos Passos ne se contente pas de nous décrire la vie des ouvriers, des vagabonds et des parvenus américains de 1900 à l'entrée en guerre des États-Unis en 1917, il aborde aussi la question de la place des femmes, de l'absence de droits des noirs, de la propagande pro-guerre, des bénéfices qu'en tirent (entre autres) les grandes banques, de la corruption politique et de la montée en puissance du libéralisme économique. Il y a des lectures plaisantes, des lectures de détente, des lectures intelligentes, mais 42e parallèle devrait être une lecture obligatoire. On y trouve tous les germes du monde dans lequel on se trouve actuellement.
C'est le premier volume d'une trilogie, et je vais de ce pas me précipiter sur les deux ouvrages qui lui font suite.
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Quel livre!!! Quel auteur!! et surtout quel pays!!!. Dos Passos est le premier auteur américain que j'ai lu, et sans savoir pourquoi, j'ai tout de suite senti qu'il y avait quelque chose de particulier dans son écriture (et comment, vous me direz émoticône smile ): du génie, tout simplement, et surtout, de la maîtrise. Car comment arriver à embrasser cette immensité qu'est l'Amérique? je dirais même plus: cette immensité qu'est l'Amérique du début du 20ème siècle? Dans 42ème parallèle, ce n'est pas un ou deux personnages que l'on suit, ce ne sont pas que des anonymes, ou des personnages fictifs, ce n'est pas une vie, ce n'est pas une bourgade, une ville ou un Etat, mais toute l'Amérique et tous les américains. Et surtout ce n'est pas un style d'écriture, mais des styles, car il en faut pour pouvoir rendre justice à ce qu'a été ( et l'est encore peut être) une formidable machine de survie , de conquête, et de réussite. Et justement, tout au long de la lecture, je n'ai cessé de me demander ce qui fascinait tant chez les USA? ce n'est pas le seul pays a avoir eu une histoire mouvementé? des hommes et des femmes brillants? des tragédies et l'énergie pour s'en sortir? Et pourtant, qu'on le veuille ou non, nos regards sont -soit franchement, soit du coin de l'oeil- toujours tournés vers cet immense pays, à l'affût. Et la seule réponse que j'ai eue pour le moment, c'est que tout est une question de représentation, littéraire dans le cas présent. Et tout le talent de Dos Passos s'exprime dans le fait qu'il nous livre son pays tel qu'il est, sans chichi ni jérémiades, sans admiration ou exclamation, juste honnêtement, et c'est alors qu'à la fin de la lecture, il reste une impression de tristesse, devant ses destins, qui , tout en étant individuels -fruits de simples instincts de survie, et de lutte acharnée pour s'en sortir et améliorer son sort, tout en bradant d'un côté ses idéaux, ou au contraire de s'en servir comme énergie motrice - ont en quelque sorte, façonné le monde entier.
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premier tome: je n'ai pas l'idiote prétention de donner une critique sur cette oeuvre fameuse, que je viens de lire avec le plus grand plaisir, en attendant de lire le deuxième tome.
Donc je vais simplement recopier sur une édition paru en 1958, la quatrième de couverture :"Cette oeuvre immense qui domine la production littéraire de sa décade"(parue en 1930,) écrit le critique américain John Brown. John Dos Passos,dans le 42ème parallèle, invente un genre romanesque nouveau. Prodigieux tableaux des débuts du XXème siècle aux U.S.A., il fait vivre des personnages de toutes les classes sociales, introduit des actualités, des portraits au vitriol des célébrités du jour, des collages, des textes lyriques.
Ainsi surgit la "comédie inhumaine" d'un monde collectif, où les tragédies individuelles se fondent dans le désespoir d'une époque, d'une société.
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42ème Parallèle est le premier volume de la trilogie de Dos Passos, son grand oeuvre, intitulée U. S. A. L'édition que je tiens en main est celle éditée par Gallimard dans la collection Quarto regroupant les trois tomes, agrémentée d'un appareil critique très précieux. L'oeuvre couvre deux décennies de l'histoire de l'Amérique, entre 1910 et 1930, marquant la cristallisation sociale du pays et asseyant sa domination dans le concert des nations. Dès l'abord la technique narrative vous frappe par sa singularité. Quatre registres sont à l'oeuvre. L'histoire de personnages imaginaires mais représentatifs d'un milieu social, de milliers de destinées. S'intercalent des courtes réminiscences autobiographiques, allusives, sans ponctuation. Puis l'auteur emploie la technique du collage en se servant de gros titres, d'extraits de véritables articles de journaux nationaux, de rengaines populaires, de chroniques de feuilles de choux locales. Pour finir, de loin en loin, il nous est proposé la courte biographie d'hommes célèbres, hommes d'affaires, syndicalistes, politiciens, scientifiques... incarnant le légendaire rêve américain. L'ensemble créé une matière narrative dense, s'allimentant de ces différents registres. La petite histoire, s'inscrit dans la grande, les personnages luttent, espèrent et sont aussi les jouets d'une histoire en marche.

On découvre dans ce premier opus une Amérique qui nous est peu connue. le pays est le théâtre de vives revendications sociales, le capitalisme doit encore composer avec le syndicalisme, l'immigration européenne prédominante est porteuse d'idéologies de partage équitable des profits, le socialisme n'est pas encore un terme péjoratif, on débraye pour de meilleurs salaires, les sociétés par actions sont en formations mais ne dominent pas encore l'économie. Bref tout est possible, rien n'est encore figé. L'entrée en guerre tardive des États-Unis dans la Première Guerre mondiale signera le glas de toutes ces aspirations.

Ce premier volet du tryprique est passionnant, l'évidence s'impose très vite à vous, vous êtes en face d'un monument de la littérature américaine, sinon mondiale, du XXème siècle. C'est une somme, un monde cohérent, foisonnant, qui porte en lui tout ce que le roman-fleuve a d'hypnotisant, de jubilatoire. Immergez-vous.
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Entrer dans la littérature américaine en commençant par Dos Passos, c'est un peu comme commencer à étudier l'Histoire par la BD.
Et laissez moi préciser que pour moi, c'est un compliment. le parallèle avec l'histoire est fondamental ici, puisque c'est une oeuvre profondément historique. Si on s'y intéresse de plus près, tout est juste. Et c'est d'ailleurs ce qui peut être frustrant en lisant Dos Passos, c'est qu'on a envie d'avoir un cours en parallèle pour nous expliquer le pourquoi du comment. Encore plus frustrant pour les amoureux des livres physiques impeccables, on a envie de découper des phrases, de tenter de remettre un ordre dans ces pièces disparates que Dos Passos nous offre.
Frustrant encore, le sentiment de toucher du doigt certaines problématiques (notamment tous les passages « Chambre noire »), sans en prendre la mesure réelle. Pour cela, j'espère avoir plus de réponses lors de la lecture du deuxième tome.
Les portraits donnés par l'auteur répondent à des questions d'histoire sociale. On s'éloigne de l'histoire des grands hommes, on s'intéresse à ce qui fait les Etats-Unis, son peuple. le flottement que ressentent les personnages, ces longs voyages, les situations économiques qui changent, traduisent bien l'atmosphère économique du Gilded Age, puis de la crise de 1929. Incertitudes, inégalités, troubles, la réalité historique se traduit également par la forme du roman. le lecteur est emmené dans cette Amérique vacillante à travers un plan peu clair, dont les tenants et aboutissants nous manquent parfois.
J'ai aimé Dos Passos, je l'ai dévoré, et j'en redemande.
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