AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Heiraten (Noces) (52)

C'était tout près de la Gamsgasse, à deux pas du palais Kinsky.
Je regardais les grands arbres s'agiter dans le vent.
Je me souviens encore t'avoir fait éviter un amas de crottin dans la rue.
— Fais attention, petite !
Tu m'as tiré la langue...
C'était un joli monticule, d'une couleur franche et fraîche. Je t'ai dit :
— Trouvons-en plutôt un autre, celui-là ne m'inspire pas...
Nous en avons trouvé un autre : les boulettes en étaient sèches, on devinait l'herbe sèche en ossature secrète à l'intérieur. Une sorte d'anatomie cachée. Avec autour, la texture d'une sorte de sable.
Tels la Pythie, nous restions penchés dessus : face au livre ouvert de la digestion équine. Spectacle étrange dans la rue pavée, encore ombreuse à cette heure...
Julie s'est moquée de moi :
— Tu aimes aussi ce parfum-là ?
— Encore plus que tu ne crois...
Au-dessus de nous, les arbres se penchaient sur nos âmes.

[Chapitre XIII : "CHEVAUX DE ZÜRAU ", page 67 - éd. Stellamaris, 2015]
Commenter  J’apprécie          150
Je ne sais pas parler du bonheur.
N'est-il pas temps que j'apprenne ?
Un pas, puis deux dans la lumière...
Comme un enfant apprend à marcher.

[Chapitre II : "JULIE W.", page 12 - éd. Stellamaris, 2015]
Commenter  J’apprécie          150
« Heiraten »...
Tu t'es blottie contre moi : tout ton petit corps frémissait.
N'as-tu pas soupiré ?
Il faisait gris : une clarté vague venait de la cour intérieure.
Petite pièce exiguë, pleine de ta chaleur ; l'eau à pomper sur le palier...
Du vasistas est tombée cette belle lumière orangée.
Tu l'as remarquée la première quand elle t'a caressé l'épaule.
Un signe ?
Comme tes grands yeux riaient...

[Chapitre XVI : "FUIR... ", page 90 — éd. Stellamaris (Brest), 2015, pages 90]
Commenter  J’apprécie          140
Les grands peupliers bruissent à nouveau au-dessus de nous. Dans l'un de ces coins égarés du grand Parc de Prague, une couverture de laine dépliée sous elle, Julie est étendue en robe claire dans l'ombre bleue-verte des arbres.

Ces grands peupliers dans le vent qui vient ; leur long murmure de rivière.

Je dépose un baiser sur le front de l'infante endormie.

(Chapitre XIII : Chevaux de Zϋrau)
Commenter  J’apprécie          142
N'ai plus qu'à l'écouter chanter...
—... et la vie continue !
Une brèche pour moi ?
— Bien sûr, tu es la vie.
— Chuuut, enfin !
—... la vie qui continue... absolument imperturbable.
— N'est-ce pas trop te demander...
— Eh bien ?
— ... d'étoffer un peu le livret avec moi ?
— Me laisserais-tu parler ?
— Méchant !
— Chère Julie... je n'ai pas ton talent.
— Hypocrite ou menteur ?
— Pas tant... Si je te dis : ton inventivité est réelle... et j'espère bien que tes patrons l'apprécient...
— Tu es sincère ?
— Cela m'arrive souvent... Sinon je me force à me taire.
— Je ne te crois pas...
— Un exemple : on pourrait étoffer ce joli propos tenu par notre dramaturge, en sortie de scène... et la belle vie continue... Le spectateur n'en aurait-t-il pas davantage pour son argent ?
— Tu vois ? Tu es méchant !
— Sincère. Ne m'as-tu pas demandé de l'être ?

Elle me pinça la joue. Elle était heureuse. Je remarquais combien le long trait de ses lèvres révélait pour nous l'infini du ciel.

(Chapitre IV : OPÉRETTE ET VOILETTES) page 19.
Commenter  J’apprécie          142
Ma sœur se plaint des lapins qui ravagent le potager.
De plus en plus nombreux — et tous nos pièges restent vides.
En parler au voisin qui tient caché son fusil de chasse...
Son coup de feu tiré à l'aurore fera trembler nos maisons endormies.

["Heiraten (Noces)", éditions Stellamaris, 2015 — Chap. XIII : "CHEVAUX DE ZÜRAU", page 72]
Commenter  J’apprécie          132
« A mentsch tracht, un Got lacht. » (*)
[...]
Tu as ri des aventures de ce Samsa (Gregor) qui a tant peur de rater son tram, de la réprimande de ses chefs, tout par la faute d'une Métamorphose qui lui complique encore sa triste vie...
[...]
Tu aimes le burlesque.
Au point que la mort prévisible de mon Gregor ne te fait pas peur...
Tu trouves cette mort logique et miséricordieuse.
Belle, presque...
Il y a un apaisement, les sensations s'amoindrissent, puis...
« Venez donc voir, il est crevé ; il est là, il est couché par terre ; il est crevé comme un rat. »
______________________________________________
(*) Proverbe yiddish : « Un humain s'efforce, et Dieu rit. »

[Chapitre X : "ECRIRE ? VIVRE ? AIMER ?", page 52, 53 et 55 — éd. Stellamaris, 2015]
Commenter  J’apprécie          130
Danse et violon sont affaire de mains comme d'oreilles charmées.
D'yeux s'abandonnant au regard de l'autre.
Eternellement, pensions-nous...
Alors que là-haut se pourchassent et crient encore les oiseaux du soir.

*

Tout en bas, la ruelle s'effaçait sous nos gestes et nos arcs de cercle.
Sous ma main, la taille de Julie s'amollissait.
Notre chaleur. Ce rouge aux joues.
Et Julie souriait, souriait...

[Chapitre XV : "KLEZMER ET SHNORRER", page 84 - éd. Stellamaris, 2015]
Commenter  J’apprécie          130
Je vois aussi très bien à travers elle. Fermant les yeux et retrouvant dans l'obscurité ses yeux noisette et ses fossettes... [...]

– Cholemshe maidel ! (*)
– Midelshe neshomeh iz a cholem... (**)
_______________________
(*) [yiddish] – Fille de rêve !
(**) [yidd.] – L'âme d'une fille est un rêve...

[Chapitre VII : "LES DIABLES DE LEVY", pages 30-31 - éd. Stellamaris, 2015]
Commenter  J’apprécie          120
Relevant les yeux, soudain :
— Franz ?
— Oui.
— M'aimes-tu ? M'aimeras-tu toujours ?

Je suis là, silencieux, immobile : avec mon air digne. Mon chapeau, ma cravate, mon costume clair de ce jour-là. Silhouette inaccessible au cœur chantant de Julie. Elle me touche la main :

— Franz, il y a quelque chose...

Comme un chant de violon dans l'air.

[Chapitre XV : "KLEZMER ET SHNORRER", page 82 — éd. Stellamaris, 2015]
Commenter  J’apprécie          110






    Lecteurs (55) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1229 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}