Merci aux éditions Harper Collins et à Babelio pour ce partenariat.
Ajar-Paris. En le lisant vite, on pourrait lire "hasard-Paris".
Ajar, c'est une ville de Mauritanie d'où est originaire la famille de Fanta. Au début de l'oeuvre, sa grand-mère décède et, pour la première fois, Fanta se rend là-bas. Découvrir d'om vient sa famille la pousse à se questionner, à s'interroger, et lui donne envie d'écrire un livre sur son père, sur ce qui l'a amené à quitter son pays pour la France.
C'est un livre simple, qui nous raconte l'histoire d'un homme, un de ses hommes que l'on ne voit pas, pour de nombreuses raisons. La première, c'est parce qu'ils font un travail nécessaire, le genre de travail que l'on ne voit que lorsqu'il n'est pas fait (homme de ménage, éboueur). Ceux qui le font ? On ne fait pas attention à eux. La seconde, c'est parce que ces hommes essaient d'être le plus discret possible, de ne surtout pas se faire remarquer, de ne pas attirer l'attention.
Si j'ai parlé de simplicité, c'est parce que la plume de l'autrice retranscrit le plus justement possible ce que son père lui a raconté, confié. Il retrace l'itinéraire qui a été le sien, de Dakar à Paris en passant par Marseille, toutes les démarches qu'il a du effectuer pour parvenir enfin à vivre en France. Si j'ai parlé de simplicité, c'est parce que l'autrice, professeure de français, nous montre à quel point le choix des mots est important : son père est un émigrant, pas un immigré. Si son père ne sait pas lire, écrire le français, il a en revanche une grande culture, mais pas celle qui est valorisée par l'école française. Il est question aussi des traditions, des sacrifices que l'on fait pour assurer aux siens une vie meilleure, des gestes aussi de générosités dont certains sont capables. C'est un livre qui se lit facilement, parce qu'il captive, parce qu'il donne envie d'aller plus loin, parce qu'aussi l'autrice l'a écrit en accord avec son père, confrontant parfois, notamment en ce qui concerne la manière dont ses parents ont vécu entre le moment de leur rencontre et celui de leur mariage, le point de vue de son père et celui de sa mère. Parce que son père a voulu être réellement un père, non un père "matériel", expression que je ne connaissais pas, mais expression qui pourrait s'appliquer à bien des pères européens (même si je pense qu'ils n'en ont pas conscience), il a dû faire encore plus de sacrifices que d'autres, il a dû aussi, revoir certains de ses projets d'avenir, pour le bien de sa famille.
Une oeuvre à découvrir et à partager.