Citations sur Nous nous attendons : Reconnaissance à Gérard Schlosser (9)
Elle tient ses cheveux se place
Sous la lampe qu'il avance
Comme s'il faisait beau un doux soleil
Il pose son autre main plus loin dans l'ombre
La fenêtre est bien ouverte maintenant le soir
La couverture sent les fleurs de la journée.
Il est fou
Oubliant la lettre qu'elle a posée sur la table
Le tiroir est ouvert, son visage est penché,
Ses longs cheveux pas attachés
Ne laissent paraître qu'un peu de sa nuque
Elle n'a pas oublié plutôt elle l'a déjà relue
La lettre à demi ouverte par ses quatre plis
Et soulevée à l'endroit où elle touche l'enveloppe
Pour bouger elle attend de ne plus brûler
Tu aurais pu dire une chose pareille ?
Depuis qu'elle l'a lancée la chaise
Ne bouge plus de sa place
Il n'y a personne
Elle met sa main devant ses yeux
Toute cette force à un endroit
Et pas de vrais bords
Elle enlève sa main ouvre la fenêtre
Le ciel
Elle découvre le temps qui lui reste
Mais, consulté, l'ami me dit que j'ai supprimé justement ce qu'il préfère, cette pensée comme une mastication intérieure, alors j'écoute ce premier lecteur. Je déplace toutefois le ciel, sans grande certitude. Peut-être le poème l'expulsera-t-il un jour.
"Tu voudras bien lui donner"
Dans le bol transparent une poignée de cerises
Plutôt sombres que rouges, les dernières
Elles ne sont pas prises
Sauf si penser à, aimer sans réponse c'est comme manger
Le bol est plein d'elles qui sont prêtes
Qui disent :
"Il faut savoir que c'est fini"
Même si le ciel est bleu tout à fait
Violemment
Gouttes coagulées exactement comme
Ce qui peut souffrir et le refuse
Le poème aura donc su, en bonne amitié, patienter ce qu'il fallait. Toujours par amitié, il ne me dit pas tout, ou pas tout de suite, il a rejoint la vie, nous y sommes ensemble.
Tu es beau
Il plie le bras pour qu'elle y mette sa tête
A deux ils font un corps
Et toujours l’œil vers la mer, là où la vie
Se met loin et n'est plus que le temps
Elle peut s'écarter, eux se respirent
La peau titubant contre la peau
Je suis comme toi
La porte à demi ouverte laisse voir les corps
Mais un long baiser est une forme
Que le visible ne retient pas
Il est brun, elle se tait dans le creux de ses bras
Les mots pas entendus s'enfoncent dans les cheveux
Chaque partie d'eux
Est touchée par une autre qui se replie
Pour l'étreindre
La nuque ne s'affaisse pas, on le croit
C'est seulement la peau, son odeur touche le visage
Aux yeux fermés, sa chaude odeur
IRIS
Mais Dieu, surtout pas.
Ne mettez pas de mots vides dans votre bouche,
Hommes, regardez
Iris, malgré le mur,
Debout
C’est votre bleu.
Votre ligne, imaginons
Une plaie vivement recousue.
Votre broderie, sa joie se gonflant,
Quelques secondes d’amour par miracle successives.
Ici,
Du balancement le velours dressé,
Iris.
Je m’endors les mains sur toi.
Tu m’aimes si profondément qu’en dormant
Il y a ton visage pour le dire.
La nuit n’est pas noire.
Reconnaître ton sexe
A mon bonheur touché,
Fleur de l’infinie sculpture, fleur.
Plus rien de multiple.
La simplicité qui serait violente de te perdre,
qui serait d’un coup.
La vie simple vite tranchée
Serait mon visage dans la sciure.
Tu fermes les yeux pour que je les embrasse aussi,
C’est en confiance le ciel.
La langue dans le baiser, je dis la vérité.
Si j’ai la voix grave ?
Tantôt basse, tantôt soulevée dans le corps que tu cherches au milieu
de tes mains.
Mes enfants grandissent, l’air passe. Serre-moi, toi qui es l’amour amour.
La vie éternelle n’est que mort, la vie veut seulement que les épaules frémissent l’une et l’autre et s’il fait froid, c’est qu’il n’y a pas de lumière sans qu’elle change.
La nuit les mains dansent obscurément.
Parfois le jour tu pars,
Je ramasse de l’invisible à plein courage.
C’EST TOUT MOUILLÉ
Sur le banc du parc
Un seul baiser est une
Des mille petites feuilles
Comme le sexe est d’avril !
Quand il pose la tête sur ses cuisses
Les mains levées pour la courber jusqu’à lui
Elle se courbe en une fois la robe
On en voit mieux le gris
Comme sa chemise est tiède sa poitrine !
Courbée le rejoint à la bouche
Comme une fatigue qu’on dit le désir
Quelle joie ? Demain
Il n’y aura pas ce parfum
JE SUIS EN TRAIN D’OUBLIER SON VISAGE
Seul en plein champ,
Le pommier lance son geste compliqué
Elle rattache ses cheveux et n’avance plus
Malgré les nuages mais ils sont beaux à voir
Et puis c’est l’été
Aucune divinité n’enfoncera ses doigts dans les blés
Touchés pourtant, ils bougent de bonne grâce
Plus haut l’herbe prend un chemin, le ciel
Et la pente
Disent « Viens ! » aussi fort l’un que l’autre