L'écriture de ce livre naît dans un fait réel survenu au Chili en 1941 : un bandit et assassin commit plus de 20 morts dans la zone centrale du pays.
Eloy est le récit des dernières 12 heures du bandit, cerclé par la police avec un récit polyphonique entre le flux de conscience d'
Eloy qui, avec un monologue intérieur va narrer son errance en s'aidant de sa mémoire. Nous avons deux sujets entremêlés : la traque et la mémoire de l'assassin.
C'est de loin la lecture la plus ardue réalisée dernièrement, car souvent il faut reprendre la page entière parce qu'il n'y a pas de ponctuation et très peu de paragraphes (14 paragraphes pour 200 pages).
Le sujet central d'
Eloy est la violence et la solitude avec comme corollaire, le silence.
Cette lecture avec le "courant de conscience" est difficile et chaotique car nous assistons en direct à l'activité mentale du personnage. Il y a du lyrisme dans la prose car Droguett s'est laissé influencer par d'autres auteurs au style poétique comme de Rokha,
Borges, Lezama,
Rulfo et d'autres auteurs encore. Dans la prose de Droguett il y a une incroyable richesse lexicale; il scande le texte en utilisant plusieurs adjectifs ou noms et leurs contraires. D'où l'extrême originalité de l'oeuvre, sa rupture totale avec les canons du roman de l'époque. Cela explique aussi la tiède acceptation du livre, publié en Argentine en 1960.
Lecture difficile, déroutante, à aucune autre pareille qui nécessite de la concentration pour mieux l'assimiler.
Un film a été tourné en Argentine en 1969, dirigé par Humberto Rios que l'on peut voir complet sur Youtube : il est près du livre et les flash backs d'
Eloy rendent mieux la compréhension du texte et l'immense solitude du personnage.
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