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Citations sur Les Rois maudits, tome 3 : Les poisons de la couronne (94)

- La pluie, la pluie ! disait Louis X avec rage. Aurai-je donc toujours toutes choses contre moi ?
Une santé incertaine,un père dont l'autorité glaciale l'avait pendant vingt-cinq ans écrasé, une épouse infidèle et scandaleuse, des ministres hostiles, un Trésor vide, des vassaux révoltés, une disette l'hiver même où commençait son règne, une tempête qui manquait d'emporter sa nouvelle femme....
Sous quelle effroyable discorde de planètes, que les astrologues n'avaient pas osé lui révéler, fallait-il qu'il fût né, pour rencontrer l'adversité en chaque décision, en chaque entreprise, et finir par être vaincu, non pas même en bataille, noblement, mais par l'eau, par la boue où il venait d'enliser son armée !
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On n'est pas reine pour être heureuse
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Philippe le Bel avait laissé la France en situation de première nation du monde occidental. Sans recourir aux guerres de conquête, mais par négociations, mariages et transactions, il avait largement accru le territoire, en même temps qu'il s'était constamment appliqué à centraliser et renforcer l'Etat. Toutefois, les institutions administratives, financières, militaires, politiques dont il avait voulu doter le royaume et qui, relativement à l'époque, apparaissaient souvent comme révolutionnaires, n'étaient pas suffisamment ancrées dans les moeurs et l'Histoire pour pouvoir se perpétuer sans l'intervention personnelle d'un monarque fort.
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- [...] à ton âge, qu'est-ce qu'un mois de perdu ?
- Si c'était le bon mois, c'est toute la vie qui peut être perdue.
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Chacun de nous n'est pas seulement comptable de ses mauvais agissements,mais aussi de tout le mal dont il est l'occasion,meme a son insu
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Il est généralement mauvais de détourner les gens de leur nature. Mieux vaut laisser un méchant à sa méchanceté que de le transformer en mouton ; la bonté n'étant pas son affaire, il en usera de façon déplorable.
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L’exercice du pouvoir n’est guère comparable qu’à celui de la médecine, qui connaît également cet enchaînement sans trêve, cette primauté des urgences, cette constante surveillance de troubles bénins parce qu’ils peuvent être symptômes de lésions graves, enfin ce perpétuel engagement de la responsabilité en des domaines où la sanction dépend de circonstances futures. L’équilibre des sociétés, comme la santé des individus, n’a jamais un caractère définitif, et ne peut représenter un labeur achevé.
Le métier de roi, au temps où les rois gouvernaient eux-mêmes, comportait ces servitudes ininterrompues.
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Puis, il lui prit le visage dans ses mains et la força à le regarder.
Comme presque tous les êtres destinés aux folies de la passion, Marie avait un oeil légèrement plus petit que l'autre ; cette différence, qui ne nuisait en rien à sa beauté, s'accentuait dans l'état de trouble où elle se trouvait et rendait son expression plus émouvante.
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Mais cette colère était vite tombée. L’ancien grand chambellan avait soudain vomi sur les tapis d’Orient, imité en cela d’ailleurs par la presque totalité de l’escorte. La face blême, et trempé d’embruns des cheveux jusqu’aux chausses, le gros homme, prêt à rendre son âme chaque fois qu’une nouvelle vague soulevait le navire, gémissait entre deux hoquets qu’il ne reverrait jamais sa famille et qu’il n’avait point assez péché dans sa vie pour souffrir autant. Guccio, en revanche, se montrait d’une étonnante vaillance. La tête claire, le pied agile, il avait pris soin de faire mieux arrimer ses coffres, particulièrement celui aux écus ; dans les instants de relative accalmie, il courait quérir un peu d’eau pour la princesse, ou bien répandait autour d’elle des essences, afin de lui dissimuler la puanteur qu’exhalaient les indispositions de ses compagnons de voyage.
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- Vous vous inquiétez, Madame, de savoir si notre Sire le roi...
Elle s'arrêta de nouveau, mais Clémence l'encouragea des yeux.
- Rassurez-vous, Madame, dit Eudeline ; Monseigneur Louis n'est pas empêché d'avoir un héritier, comme de méchantes langues le prétendent dans le royaume et même à la cour.
- Sait-on... murmura Clémence.
- Moi, je sais, répliqua Eudeline lentement, et l'on a pris bien soin que je sois seule à le savoir.
- Que veus-tu dire ?
- Je veux dire le vrai, Madame, parce que moi aussi j'ai un lourd secret. Sans doute devrais-je me taire... Mais ce n'est pas offenser une dame telle que vous, de si haute naissance et de si grande charité, que de vous avouer que ma fille est de Monseigneur Louis.
La reine contemplait Eudeline avec un étonnement sans mesure. Que Louis ait eu une première épouse n'avait guère posé à Clémence de problèmes personnels. Louis, comme tous les princes, avait été marié selon les intérêts d'Etat. Un scandale, la prison, puis la mort l'avaient séparé d'une femme infidèle. Clémence ne s'interrogeait pas sur l'intimité ou les mésententes secrètes du couple. Aucne curiosité, aucune représentation n'aissaillaient sa pensée. Or voici que l'amour, l'amour conjugal, se dressait devant elle en la personne de cette belle femme rose et blonde, à la trentaine plantureuse ; et Clémence se mettait à imaginer...
Eudeline prit le silence de la reine poun un blâme.
- Ce n'est pas moi qui l'ai voulu, Madame, je vous l'assure ; c'est lui qui y avait mis bien de l'autorité. Et puis, il était si jeune, il n'avait point de discernement ; une grande dame l'eût sans doute effarouché.
D'un geste de la main, Clémence signifia qu'elle ne souhaitait point d'autre explication.
- Je veux voir ta fille.
Une expression de crainte passa sur les traits de la lingère.
- Vous le pouvez, Madame, vous le pouvez, bien sûr, puisque vous êtes la reine. Mais je vous demande de n'en rien faire, car on saurait alors que je vous ai parlé. Elle ressemble tant à son père que Monseigneur Louis, par crainte que sa vue ne vous blesse, l'a fait enfermer dans un couvent juste avant que vous n'arriviez. Je ne la visite qu'une fois le mois et, dès qu'elle sera en âge, elle sera cloîtrée.
Les premières réactions de Clémence étaient toujours généreuses. Elle oublia pour un moment son propre drame.
- Mais pourquoi, dit-elle à mi-voix, pourquoi cela ? Comment croyait-on qu'un tel acte pût me plaire, et à quel genre de femmes les princes de France sont-ils donc accoutumés ? Ainsi, ma pauvre Eudeline, c'est pour moi que l'on t'a arraché ta fille ! Je t'en demande bien grand pardon.
- Oh ! Madame, répondit Eudeline, je sais bien que cela ne vient pas de vous.
- Cela ne vient pas de moi, mais cela s'est fait à cause de moi, dit Clémence pensivement. Chacun de nous n'est pas seulement comptable de ses mauvais agissements, mais aussi de tout le mal dont il est l'occasion même à son insu.
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