Savoir que mes souffrances passées ont pu servir à leur nouvelle vie m’aide à cheminer ; cela donne un sens à tout le reste.
Et puis il y a Martine.
Celle que j’aime. Celle qui prouve qu’il faut toujours garder espoir. Notre amour est simple. Nos moments, toujours uniques. Sans le savoir, elle m’aide à redevenir bon, à accepter ma vraie nature, à mettre un baume sur mes tourments de violence.
Toute ma vie, j’ai jugé les gens qui agissent de la sorte, qui affirment leur mécontentement. Au fond, je les enviais. Oui, très souvent, ils exagèrent. Mais, parfois, ils crient haut et fort à l’injustice. J’admirais leur verve, leur courage.
L’humain est ainsi fait: on prend conscience de l’importance d’une chose quand on ne l’a plus.
L’amour qu’elle me témoigne me fait perdre tous mes repères. Je plonge.
Tout le monde fait semblant de regarder au loin, de froncer les sourcils en cherchant une réponse à un problème imaginaire, d’être dans la lune de manière professionnelle. Bref, comme chaque matin, personne n’est assez gentil pour offrir son siège au vieux monsieur qui meurt à vue d’œil. Je devine qu’ils m’implorent tous de me lever et de lui laisser ma place. Ils savent que je suis le bon Samaritain, celui qui, à chaque occasion, se fend en quatre pour être gentil avec son prochain. Ils me connaissent trop bien, même si on ne s’est jamais parlé.
M’attaquer à ce monstre serait de la folie. Au lieu de le combattre par le feu, je m’éloigne du feu pour ne pas y laisser ma peau.
Dans les circonstances, la joue constitue le plus merveilleux des débuts d’amorce de soupçon d’espoir.
Il sait parfaitement qu’il a passé toute son existence à mettre les autres au centre de sa vie, qu’il n’est nul autre qu’un figurant qu’il erre à l’intérieur du même scénario. Cette réalité l’a toujours comblé. Il a toujours assumé cette tendance innée en lui.
Il y a toujours une lueur au bout du tunnel. Espérons juste que ce ne soit pas un train.
Je ne crois en rien. Ni en Dieu ni dans les jeux de hasard ou l’astrologie. Tout est toujours coïncidence, chance ou malchance. Je pense que nous n’avons aucun pouvoir sur la plupart des trucs qui nous arrivent, malgré que nous ayons, toujours, après coup, la liberté, la responsabilité de réagir à ces événements. Un mince pouvoir, oui, mais toujours là.