Il était à l'âge charnière où l'on pouvait encore deviner l'enfant imbuvable qu'il avait été et voir poindre le sale con qu'il s'apprêtait à devenir.
Il y a quelques mois,j'étais arrivé ici au soir de la mort de Benjamin Waines,ce père qui s'était tranché la gorge au plus près de son fils.Et là,je m'apprêtais à quitter la ville après le meurtre de mon voisin Brad,l'homme qui nourrissait les chats.Entre-temps,je n'avais cessé de me poser la seule question qui valait et hantait l'esprit du shérif Wade Whitehouse dans " Affliction" :" What is real ?"
-Vous lisez des choses sur le surmoi? Il est temps que cette grève s'arrête.
Tu peux baiser qui tu veux. C'est la vie. On est tous là pour ça.
Toutes ces religions de merde ont bien compris ça, plus l'histoire est énorme, plus elle paraît inconcevable, et plus ça marche.
FÉVRIER
Je n'avais jamais aimé Charles Stern.Avec son visage bourbonien,avachi,sans caractère--trop de chair,pas assez d'os--ses manières prétentieuses et cette façon désinvolte qu'il'avait de traiter les autres,il me mettait mal à l'aise.L'idée que nous étions de la même famille m'était très difficile à accepter.Charles Stern me faisait honte.( Page 11).
Je regardai passer les heures. Et ce n'était jamais très bon signe.
Quand elle partait dans une telle chevauchée logorrhéique, Selma me rappelait Whitman en proie à ses illuminations. Tous deux avaient cette capacité à masquer par un éboulis de mots le peu de pertinence de leur argumentation.
C'était Jules. L'aîné. Le chef de famille irréprochable. Le mari modèle. Le garçon prévenant. Le conseiller en énergie. L'économiseur de ressources. L'ami de la planète. À force de sérieux, mon fils était enfin devenu le père qu'il aurait tant aimé avoir.
Il ne fallait pas que je parle, sinon tout deviendrait trop compliqué.