Le sous-titre explicite bien le propos de
Georges Duby : il s'agit de parcourir l'art du moyen âge (à l'exclusion du haut moyen âge) mais en reliant l'évolution de cet art à l'évolution de la société, de ses représentations, de ses valeurs. le texte est d'une grande densité, il vaut mieux connaître déjà cette époque, avoir en tête les dates, et une certaine connaissance des personnages, car
Georges Duby cite un certain nombre d'événements ou personnes, mais ne les explicite pas.
Le texte est découpés en trois périodes, avec ses spécificités et particularités, même si tout est toujours en mouvement, en perpétuel changement et évolution.
La première période qui va de 980 à 1130 est intitulée le monastère. C'est dans ces derniers que s'est réfugié l'art, suite à la dislocation de l'état sous les poussés de diverses invasions (vikings, hongroises, sarrasines). L'art est une offrande à Dieu, un Dieu terrible, le monastère est un lieu de prière pour apaiser ce Dieu, c'est d'ailleurs le seul lieu de prière, les moines étant les intermédiaires indispensables. Et les offrandes de riches seigneurs et chevaliers (illettrés) affluent pour permettre aux moines de remplir leur office dans des conditions dignes de Dieu. L'art roman et Cluny (et tous les monastères fondés sous sa bannière) en sont les symboles les plus représentatifs.
La période de 1130- 1280 est intitulée La cathédrale. Dans cette époque, les seigneurs locaux, ont quelque peu perdus de leur superbe, le pouvoir royal s'est réaffirmé, la croissance de la population, des facteurs économiques ont permis l'essor des villes, une autre forme de production des richesses. L'art demeure néanmoins pour l'essentiel un art liturgique, au service de Dieu, et géré par les clercs. Et se manifeste dans l'éclosion des cathédrales gothiques, dans lesquelles Dieu est lumière. Un dieu moins terrible, plus humain, et qui accepte la participation des croyants non clercs à la prière et à la liturgie, même si c'est encore comme des figurants de second plan.
La troisième période qui va de 1280 à 1420 est intitulée le palais. L'art quitte le domaine de Dieu et investit celui des hommes. Paradoxalement, le XIVem siècle est un siècle de régression sur de nombreux plans, guerres, épidémies, famines, un grand recul démographique. La richesse quitte de plus en plus le grand domaine rural pour se concentrer dans les villes, et en tout premier lieu italiennes. Les mécènes de l'art ne sont plus les mêmes, et ils n'ont plus les mêmes demandes. L'art, comme la société s'individualise, ne s'adresse plus à une collectivité, et se laïcise. En partie grâce à des philosophes comme
Guillaume d'Ockham, qui pose que l'homme ne peut atteindre Dieu que par un acte de foi, une adhésion de l'âme à des vérités indémontrables, mais qu'il ne peut comprendre le monde que par ce qui dans ce dernier est susceptible d'observation directe, d'un raisonnement à partir de l'expérience. Ce qui ouvre la voie à une approche scientifique.
Ce petit texte ne donne pas réellement la richesse de ce livre, mais je ne me sens pas capable de faire mieux, sauf à passer vraiment énormément de temps. Une lecture d'une grande richesse à laquelle il faut revenir plusieurs fois.