AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,34

sur 37 notes
5
4 avis
4
4 avis
3
5 avis
2
2 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je remercie Masse Critique et les éditions Casterman pour l'envoi de cet ouvrage.
Je ne suis pas une grande connaisseuse en bandes dessinées mais je m'intéresse particulièrement à celles qui traitent des faits historiques ou dédiées aux personnalités.

J'ai d'abord été aimantée par la grande diversité dans le style des dessins. Certaines séquences narratives ont un style glané dans l'architecture classique avec une profusion de détails incroyablement précis, notamment des paysages parisiens. Une profusion de couleurs côtoie des monochromes pour indiquer les flash-backs. Des passages un peu farfelus qui jouent avec la temporalité rythment le récit.

Certains passages décalés et fantasques qui font penser à Alice au pays des merveilles rajoutent une note d'humour bienvenue.

Frantz Duchazeau nous fait découvrir la virtuosité, le génie, la maîtrise parfaite et l'oreille absolue de Mozart. Mais aussi son arrogance, son indiscipline, son côté orgueilleux, et son franc-parler qui ne lui a pas fait que des amis.

Evoquer un fait peu connu du passage de Mozart à Paris à travers cette forme d'expression artistique d'un style un peu alternatif et d'une grande recherche graphique est un très bel hommage.


Commenter  J’apprécie          590
Ce que je veux… ? Composer un opéra !
-
Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. La première édition de cet ouvrage date de 2018. Elle a été réalisée par Frantz Duchazeau pour le scénario, les dessins, et l'encrage. La mise en couleurs a été réalisée par Walter. Il s'agit d'une bande dessinée de 186 pages.

Leopold Mozart est en train de donner une leçon de piano à sa fille Nannerl (Maria Anna). Il met fin à la leçon. Elle indique qu'elle va prier à l'église et prier pour leur mère, et pour Wolfgang. le père se souvient de l'enfance de son fils : en particulier d'avoir constaté son génie musical précoce. Il se rappelle également le Grand Tour effectué avec cet enfant prodige entre 1762 et 1766, ainsi que sa démission de son poste de maître de concert à Salzbourg. En avril 1778, Mozart est à Paris et il se rend dans une riche demeure pour jouer du piano lors d'une réception. La riche noble le fait installer au piano : il fait observer que trois touches sont bloquées sur le clavier. Elle lui répond que ça ne devrait pas être trop compliqué pour lui. Il joue au piano et tout le monde continue à parler sans prêter attention à lui. Il est abordé par la duchesse de Castries qui lui demande de lui donner des leçons à partir du lendemain, ce qu'il accepte. Il retourne dans le petit appartement qu'il occupe avec sa mère en lui disant qu'il faut qu'il s'achète une nouvelle veste. Sa mère lui fait remarquer qu'il n'a pas d'argent.

Mozart ressort pour aller se promener dans les rues de Paris. Il se rend chez le coiffeur et en profite pour se faire raser pour la première fois de sa vie. Il se trouve beau. Ensuite il va donner la leçon promise à la duchesse. Quand il arrive, il a surprise de constater qu'il y a de nombreux invités. Elle lui explique que ce sont des amis qui sont passés à l'improviste, mais que cela n'empêche pas qu'il lui donne une leçon. Elle se lasse très vite, n'arrivant pas à jouer correctement. Il s'installe à côté d'elle et joue : tout le monde s'arrête de papoter et écoute. Quand il s'arrête, Joseph Legros s'approche de lui et se présente, en tant que directeur du concert spirituel. Il a reconnu l'enfant prodige. En réponse aux questions, Mozart indique qu'il a maintenant 22 ans. Legros lui commande une symphonie. Mozart rentre chez lui et évoque ce qu'il vient de se passer avec sa mère. Elle lui demande s'il a été payé : il répond que non, qu'on lui a donné une tabatière pour sa composition de choeurs. Il ajoute qu'il lui tarde de composer un opéra qu'il n'a aucune envie de retourner à Salzbourg ou à Mannheim où il n'est rien. Il s'énerve en découvrant que la troisième lettre écrite par son père cette semaine, en sachant déjà ce qu'elle contient : il doit trouver une situation stable, il doit oublier Aloysia Weber, il faut qu'il pense à son père qui s'est endetté pour que son fils puisse faire ce voyage. le lendemain, il va rendre visite à Friedrich Melchior Grimm, un bienfaiteur, sur les conseils de son père.

Le titre est très explicite : cette bande dessinée se focalise sur les semaines passées à Paris, par Mozart de mars 1778 à octobre de la même année. L'introduction de 3 pages évoque très rapidement les années d'enfance de Wolfgang, essentiellement le Grand Tour et le besoin d'affection de l'enfant. Il vaut mieux que le lecteur soit un peu familier de l'histoire du compositeur pour comprendre cette phase de sa vie. En effet, le comportement, le ressenti de Mozart et la réaction des personnes autour de lui forment le prolongement logique de ce Grand Tour. Au cours de cet ouvrage, la compréhension du lecteur varie fortement en fonction de sa familiarité avec la vie Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791). Il est fait mention de manière incidente, sans développement particulier, du métier du père de Wolfgang, d'Aloysia Weber (1760-1839, soprano allemande), du Grand Tour, de sa taille, de ses amis musiciens de Mannheim, du contexte de composition des opéras et de la musique, en particulier par Christoph Willibald Gluck (1714-1787) et Niccolò Piccinni (1728-1800), de son poste de Konzertmeister à Salzbourg. L'ouvrage s'adresse donc à un lecteur qui a déjà eu la curiosité de s'intéresser à la vie du musicien et qui en connaît les grandes phases. Un lecteur néophyte éprouve des difficultés à saisir les enjeux quand ils ne sont exprimés qu'à demi-mots, ou même l'attitude de Mozart et les réactions qu'elle provoque, faute d'avoir déjà une idée au préalable de son caractère et de sa réputation.

En découvrant la première page, le lecteur constate que l'artiste ne souhaite pas s'inscrire dans un registre réaliste pour certains éléments de ses dessins. Cela se voit en particulier dans les visages qu'il représente plus ronds que la normale, le nez de Mozart un peu trop long et trop arrondi, sa silhouette avec une taille d'enfant, les yeux souvent représentés sous la forme d'un simple point, des petits traits un peu légers à l'intérieur des formes détourées pour les plis et les textures, comme s'il s'agissait de traits de crayons préliminaires, des contours qui semblent un peu lâches, pas assez précis. Cette apparence peut sembler s'apparenter à des dessins à l'économie, mais cette impression disparaît dès la page 9. L'artiste investit beaucoup de temps pour représenter certains décors : une vue de l'Île de la Cité, la cour intérieure d'une immense demeure où il ne manque pas un seul carreau aux fenêtres, les rues de Paris avec des bâtiments reconnaissables (par exemple les arcades de la Place des Vosges), une vue du ciel de l'Île de la Cité, les pianos ouvragés des riches bourgeois, plusieurs ponts de Paris, l'Hôtel de Ville, la Fontaine des Innocents et sa place, les jardins des Tuileries, le magnifique parc autour de la demeure du comte Karl Heinrich Joseph von Sickingen, l'ambassadeur du Palatinat. (1737-1791), Notre Dame de Paris, etc. Les accessoires et les détails sont également représentés avec une grande attention, par exemple un magnifique papillon en page 59. le lecteur en déduit que le choix de l'artiste est de donner plus de légèreté aux personnages.

Wolfgang Mozart bénéficie d'une représentation plus singulière que celle des autres personnages. Pour commencer, Duchazeau le dessine vraiment plus petit que tous les autres, de la taille d'un enfant d'une dizaine d'années, soit plus petit que 1,52m, sa taille réelle vraisemblable. Là aussi, s'il n'est pas familier de cette caractéristique du compositeur, le lecteur se demande bien ce qu'il en est. L'exagération de sa petite taille sert à montrer que ses hôtes ne voient en lui que le petit prodige dont ils ont entendu parler ou qu'ils ont peut-être vu à l'occasion du Grand Tour, encore un enfant. Elle sert peut-être également à se figurer comment Mozart se voit lui-même, et à insister sur son caractère encore enfantin par certains aspects. Son nez à la longueur exagérée et ses grands yeux lui donne un visage intense, à la fois pour des émotions non filtrées, à la fois pour le génie qui l'habite. L'auteur met en oeuvre une narration visuelle assez dense, avec souvent des pages comprenant 10 à 12 cases, soit plus que dans une bande dessinée habituelle. Il conçoit des prises de vues adaptées à chaque séquence, avec des plans plus larges lors des déplacements de Mozart dans Paris, et des cadrages prenant souvent les personnages en pied pour les dialogues. Dès la deuxième séquence, l'impression de dessins légers ou rapides a abandonné le lecteur qui peut se projeter dans chaque environnement, et qui se tient aux côtés des interlocuteurs comme s'il était présent pour écouter à la conversation.

Porté par une narration visuelle solide, le lecteur suit donc Wolfgang Mozart pendant ces quelques mois. Il sait bien sûr qu'il s'agit d'un compositeur de génie ainsi que d'un musicien virtuose, dont les oeuvres ont traversé les époques et ont résisté à l'épreuve du temps. Sous réserve qu'il dispose d'un peu de culture sur sa vie, il sait aussi qu'il fut un enfant prodige exhibé dans les grandes cours d'Europe durant son enfance. Il ressent alors autant de frustration que le musicien n'arrivant pas être pris au sérieux, n'arrivant pas à gagner sa vie. La situation est encore aggravée par le manque de tact de Mozart et par son franc parler, dans une société fonctionnant sur le principe d'une cour. Il enrage de voir que l'évidence n'est pas reconnue. de ce point de vue, l'auteur atteint parfaitement son objectif de montrer un jeune adulte surdoué dans une société qui s'avère incapable de l'entendre. En creux, il présente également le besoin affectif insatisfait du jeune adulte. En filigrane apparait également le pouvoir de la musique, langage universel des émotions. le ressenti du lecteur oscille entre une forme d'énervement à voir un jeune homme aussi talentueux se heurter aux limites des adultes, mais aussi incapable de s'adapter pour gagner la faveur de deux ou trois d'entre eux. Il n'y a ni justice, ni intelligence dans cette situation.

Frantz Duchazeau focalise son récit sur une dizaine de mois de la vie de Mozart, essentiellement son séjour à Paris en 1778. Passé une page ou deux, le lecteur se rend compte de la qualité de la narration visuelle, des partis prix effectués sciemment par l'artiste pour être en phase avec la nature du récit. Il suit les déboires d'un génie incapable de s'adapter aux coutumes sociales du milieu dans lequel il essaye de réussir, ainsi que l'aveuglement des adultes incapables de percevoir, et même de ressentir le génie de ce petit homme. Tout le récit s'articule autour de cette frustration permanente qui finit également par gagner le lecteur. Ce dernier ne parvient pas à ressentir assez de sympathie pour ce jeune homme brillant et intransigeant, sans arriver à condamner totalement les adultes qui le reçoivent en le traitant comme un enfant. Il est difficile d'accepter que l'auteur décrive un constat d'échec dans lequel aucune des parties concernées n'ait appris quoi que ce soit, les adultes étant enfermés dans les conventions sociales, le jeune homme dans sa haute estime de lui-même.
Commenter  J’apprécie          100
Quand je me suis inscrit à Masse Critique pour ce livre, je ne connaissais que sa couverture. J'ai été assez décontenancé par le graphisme de cette BD et j'ai même eu de la peine à accrocher avec ce style.
Entre 1762 et 1766, Mozart a fait le tour d'Europe avec son père et sa soeur, et il a été acclamé partout comme un enfant prodige. En 1778, il retourne à Paris avec sa mère. Il pense pouvoir échapper au carcan que lui imposait l'archevêque de Salzbourg, son patron. Mais à Paris, tout n'est pas si simple. Mozart est encore regardé comme l'enfant prodige qu'il était quinze ans plus tôt. Alors que “composer est mon unique joie, ma seule passion”, comme il le dit lui-même dans un passage de la BD, il est obligé de traverser Paris et des rues crottées pour aller donner des cours très mal payés à des nobles. Quand il compose des oeuvres, on lui objecte qu'elles ne sont pas dans le goût français et on n'accepte pas qu'il refuse de prendre parti dans la querelle qui oppose Gluck et Piccinni. Finalement, Mozart n'arrive pas à se faire reconnaître et apprécier car il lui manque ce “qui me permet de créer en toute liberté, afin d'obéir seulement à mes voix intérieures” : l'amour !
Durant ce séjour parisien, Mozart échange une importante correspondance avec son père qui lui reproche d'avoir quitté Salzbourg. Sa mère essaie de le soutenir, mais elle meurt. Face à son échec global, Mozart n'a plus qu'à refaire à l'envers le chemin qui l'avait conduit à Paris. Il retourne à Salzbourg, tout honteux, pour se remettre au service de l'archevêque Colloredo...à qui il claquera définitivement la porte quelques années plus tard !
Une belle réflexion sur la musique et la création artistique, à laquelle je souscris volontiers, mais j'ai vraiment de la peine avec le style de la BD !
Commenter  J’apprécie          60
Surprenant album qui retrace le séjour à Paris de Wolfgang Amadeus Mozart, entre infortune, déceptions, mauvaises rencontres et le décès de sa mère adorée. Difficile de composer dans cette atmosphère. Et pourtant... le dessin est étonnant. Les visages sont atroces. Mais quelque chose fascine. Sans doute ce personnage de Mozart, représenté de très petite taille, mal habillé, laid, qui parfois redevient l'enfant prodige qu'il était... et la figure de son père, omniprésente. Un album qui s'avère une bien intéressante curiosité !
Commenter  J’apprécie          40


Lecteurs (63) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5251 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *}