Un grand merci à Babelio et aux éditions Casterman...
Dans ce petit village de campagne, à quelques jours des vacances scolaires, Pierre est fasciné par la nature, le soleil et est obsédé par le temps qui passe et la mort. Il aime alors prendre des photos pour figer le temps. Alors qu'il discute avec son papa, horloger, celui-ci lui donne un petit morceau de quartz que le petit garçon assimile à une pierre de soleil qui le protégera, lui et sa famille. Parce qu'il voudrait que rien ne change. Mais, il se rend compte que ses parents ne s'entendent pas aussi bien qu'avant. Un sentiment redouté qui se confirme lorsqu'il entend un autre gamin, se bagarrant avec son frère, évoquer sa maman avec un autre homme. Il craint que ses parents ne se séparent d'autant que pour l'anniversaire de sa maman, son papa ne l'a pas embrassée. Il appréhende alors ces quelques jours passés chez ses grands-parents, là où il retrouvera sa cousine avec qui il aime discuter et se promener. Mais, il est inquiet car il a oublié sa pierre de cristal à la maison...
Frantz Duchazeau nous replonge, avec une certaine nostalgie et un brin de mélancolie, dans notre enfance avec cet album qui fleure bon le passé. À l'âge où l'on aime se soucier de peu de choses, découvrir ce qui nous entoure avec les yeux écarquillés, l'on se rend compte qu'il n'en sera pas toujours ainsi. Tout comme Pierre qui, au fil du temps, accepte peu à peu de grandir et de quitter peu à peu le gamin qu'il ne pourra pas rester éternellement. Autour de lui, il prend conscience du couple que forment ses parents, de la mort qui, inexorablement, nous emportera tous, des copains qui parlent de sexe, du sérieux des conversations qu'il tient avec sa cousine. L'auteur nous offre un récit intimiste, tendre et suave. Avec justesse et beaucoup d'émotion, il dresse le portrait touchant et attendrissant d'un enfant qui peu à peu perd son insouciance au cours de cet été qui le changera à tout jamais. Graphiquement, le noir et blanc ainsi que le trait vaporeux siéent à cette atmosphère emplie de silence et de rêverie.
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Pierre a une dizaine d'années.
Comme la plupart des petits garçons des 1970's, il lit Rahan, regarde Casimir et L'Age de cristal à la TV, porte sous-pulls en acrylique & débardeurs, et passe ses vacances chez ses grands-parents.
Enfant solitaire et rêveur, il aime prendre des photos, mais se prête aussi au jeu quand son grand frère lui propose de mimer les parents avec leurs Big Jim :
« Lui, il dit : 'Tu as passé une bonne journée ?' Et la maman répond : 'Ah non, atroce, je me suis ennuyée à mourir, il y a rien à faire dans ce bled pourri, pourquoi tu m'as emmenée vivre ici ?'
- AHAHAH !
- On continue ?
- Ouais.
- 'Alors qu'est-ce qu'on mange, ce soir ?' ... 'Si t'as faim, t'as qu'à te faire à bouffer, patate.' »
Ambiance ! 😢
Pierre en souffre, d'autant plus qu'il est particulièrement sensible et observateur. Il se pose plein de questions. Certaines terre à terre : ses parents vont-ils divorcer ? D'autres plus existentielles sur la fuite du temps et l'irréversibilité des événements.
Comme il est touchant, cet enfant !
Grâce à la délicatesse du graphisme et à la subtilité du propos, on s'immerge rapidement dans cette histoire, a fortiori si on a connu 'ces années-là' et ressenti ce genre de malaise en passant des vacances forcées avec des 'vieux' un peu rudes, loin de la tendresse maternelle.
L'intrigue a un petit air de 'Le grand chemin' (film de JL Hubert, 1987), avec la découverte des cruautés de la campagne, et les reparties de l'intrépide petite cousine - reparties bienvenues pour alléger tant de tristesse.
Bel album doux-amer qui exprime à merveille les angoisses enfantines.
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C'est marrant de voir comme certaines BDs peuvent me laisser sans voix. Mais en ce qui concerne celle-ci, ce n'est pas parce qu'elle est tellement géniale que je ne sais pas par où commencer. Ici, c'est plutôt parce qu'elle m'a laissée tellement indifférente que je ne sais pas trop quoi en dire.
La 4ème de couverture pouvait laisser présager une petite pépite. Elle nous promettait une BD qui restituait bien les interrogations enfantines sur la vie, la mort, ce genre de questions qu'on se pose quand on est petit et auxquelles on n'a pas la réponse. Bon, pour ça, c'est vrai, on suit effectivement un petit garçon qui se pose tout un tas de questions. En fait, il ne fait que ça quasiment, tout au long de la BD. C'est pour dire qu'il ne se passe pas grand-chose ! Mais de là à parler de « justesse » comme ils le disent si bien dans la 4ème de couv… Je ne sais pas. En tout cas, je n'ai rien ressenti de particulier face à ses questions, pas vraiment d'émotions. Pas vraiment non plus de « ah mais oui, c'est vrai ça, c'est une bonne question ». Il y a même certaines réflexions que je n'ai pas totalement bien saisie, comme si il fallait vraiment faire partie de l'esprit de ce petit garçon pour tout comprendre.
Niveau dessins, ce n'est pas ça non plus. En noir et blancs, assez brouillons, ils ne m'ont pas vraiment emballée. Je ne suis pas totalement contre le noir et blanc, mais là, les dessins sont trop flous, pour que je m'y retrouve. Je n'arrivais même pas à différencier le petit garçon de sa cousine.
Je n'irai pas jusqu'à dire que cette BD était nulle, mais je n'y ai trouvé aucun intérêt.
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Pierre a une dizaine d'années quand à l'école, il entend d'autres élèves dire qu'on a vu sa mère avec un autre homme que son père. Il n'avait pas besoin de ça pour se rendre compte que quelque chose clochait à la maison, les gestes tendres entre ses parents étant inexistants. Dans une angoisse du temps qui passe trop vite, il ne cesse de prendre des photos de ceux qui l'entourent, et de ses parents en premier lieu.
Cette BD est la BD de la nostalgie de l'enfance par excellence. On ressent à la fois l'ennui inhérent aux vacances chez les grands-parents et le plaisir de partager du temps avec la cousine, les liens fraternels et ces liens complexes qui unissent les enfants à leurs parents. Et il y a cet épisode très bien vu de ces objets talismans dont les adultes ne comprennent pas l'importance dans la vie des enfants.
C'est doux amer, ça pique un peu sous la langue, tout en finesse. Je vous la conseille.
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Superbe saisie des moments de l'enfance, beaucoup d'émotion portée par le dessin comme les mots. "Tu crois qu'on peut figer le temps ? Tout arrêter comme une photo qui arrête un moment" demande le petit garçon à sa cousine... C'est toute l'entreprise de ce récit graphique que de tenter d'arrêter le temps mais sans le figer totalement : il s'agit plutôt de permettre une resaisie des instants restés gravés dans la mémoire mais avec leur lumière, leur rayonnement particuliers, leur résonance émotionnelle spécifique... Silences, jeux d'ombres et de lumière, changement de point de vue, zoom avant ou arrière, rêves éveillés et cauchemars nocturnes, peurs et interrogations de l'enfance, émerveillements aussi, tout est rendu avec beaucoup de justesse "graphique". La fin est très forte...
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Un récit à fleur de peau, dont la maîtrise de la narration ne nuit jamais à l’émotion. Une réussite.
Lire la critique sur le site : BoDoi
De belles bande-dessinées sur l’enfance, on en voit passer. Mais celles atteignant le niveau de réussite de ce Pierre de Cristal sont infiniment rares. Car Frantz Duchazeau frappe les esprits et les yeux par la folle qualité de ce dernier ouvrage
Lire la critique sur le site : BulledEncre
Plutôt que de l'action et du spectacle, l'auteur distille des sensations et des sentiments...et une belle lumière aussi !
Lire la critique sur le site : Auracan
Un hommage graphique à l'un des épisodes les plus énergiques du rock français, à la tornade éphémère que fut la Mano Negra.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Frantz Duchazeau n’est certes pas le premier à s’inspirer des blessures de l’enfance, son approche est cependant originale et ce roman graphique est à mettre sur le dessus de la pile.
Lire la critique sur le site : BDGest
Mon père dit, quand on est enfant, on ne sait pas qu'on vit. On vit, c'est tout. Une fois adulte, on repense à son enfance avec tant de bonheur... Parfois même ça fait du mal de repenser à son enfance.
- Est-ce que les choses seront toujours là ?
- Tu veux dire le monde ?
- Oui.
- Je ne sais pas.
- Maman ? Est-ce qu'on peut figer le temps comme une photo qui arrête un moment ?
[ deux enfants ]
- On va à la rivière ?
- On va au cimetière, plutôt ?
- Oh non, pas le cimetière, c'est nul !
- Moi j'y vais souvent, je vais parler aux morts.
- Tu leur dis quoi ?
- Des obscénités.
- Des quoi ?!
- Des obscénités. Des trucs dégueu, quoi !
- Ah !
Peut-être faut-il simplement penser aux choses pour qu'elles arrivent ?
Est-ce que les choses sont belles parce qu'elles sont éphémères ?
Payot - Marque Page - Frantz Duchazeau - Les derniers jours de Robert Johnson