Jessica Blandy, tome 12 : Comme un trou dans la tête

J'ai l'habitude de choquer. C'est la faute de mon père. Il me disait toujours d'être libre contre les autres, contre les idées des autres, s'il le fallait. Et cette liberté, je l'ai prise et je ne suis pas prête à l'abandonner. Même si elle me laisse souvent seule au bord de la route.

Mon coupe-papier ! Je l'ai oublié !

Le soir tombe sur la ville. C'est un moment que j'apprécie particulièrement, comme si tout s'éloignait de vous. Les bruits, les voitures, les gens, les couleurs… Bientôt le silence. J'ai regardé la fin du film à la télé. Richard Widmark courait dans Londres. Il était traqué et Gene Tierney l'attendait en vain. J'ai éteint avant les publicités. J'avais faim. C'était le bon signe. Le silence… Ce silence qui me fait tant de bien. La foule, les autres, tous les autres sont loin à présent. Je vais pouvoir me reposer.

Il faut que je vous parle de l'appareil digestif des oiseaux. Il comprend la cavité buccale avec la langue et les glandes salivaires, l'œsophage, l'intestin et les glandes annexes. Prenons l'œsophage. C'est un tube mou qui présente parfois un renflement, le jabot. Un véritable jabot n'existe que chez les galliformes et les colymbiformes. Un faux jabot existe chez les rapaces diurnes et les ciconiiformes, à qui il sert uniquement d'entrepôt pour les aliments. Les ciconiiformes comprennent les hérons, les aigrettes, les butors, les ombrettes, les cigognes, les marabouts, les ibis, les spatules et… et… et je ne sais plus.

Je sais que vous aimeriez connaître mon nom. Je m'appelle M. Watts. Je travaille pour la compagnie Rand House depuis vingt-quatre ans. Je suis en bonne santé. J'ai tué la jeune femme et j'ai mangé du poisson. Que pouvait-il m'arriver de mieux ?

Vous devez vous tromper. On se trompe toujours en parlant des fous. […] Il ne faut pas dire des gens qu'ils sont fous. Personne n'est fou. On n'aime pas les mêmes choses, c'est tout.

Je ne suis pas seule. Big Wolf ne me mordra plus.