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Citations sur Les plaisirs et les jeux (10)

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LES ERISPAUDANTS
À LÉON COLMAR



extrait 2

 Les Erispaudants sont fouisseurs : ils creusent
de grands trous dans le sol et ravages ainsi les
territoires qui leur furent concédés au début des
temps.
 Leur langage, caractérisé par la répétition de
certaines syllabes, a, jusqu’ici, déconcerté les
philologues. Leur origine est mythique, leur
destinée vouée aux conjectures. Ils sont de
petites taille.
 Avec les années, ils subissent diverses trans-
formations, perdent leur qualité d’ Erispaudants
et deviennent des Messieurs.

p.244
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Et, tout à coup, venant des entrailles de la maison, une petite voix humaine, nette, mélodieuse, dansante, prononce des mots que l’on ne comprend pas. Une autre voix lui répond, aussi faible, aussi pure, aussi joyeuse. Les deux voix s’emmêlent, s’enroulent, s’enlacent, s’élancent. Cris, rires, chants !
Toute la maison s’étire, gronde et fait le gros dos. Les enfants sont réveillés. Les enfants ! Les enfants !
Victorieuse, la lumière se déverse dans l’âme, la lumière semblable aux eaux d’une cataracte.
Un jour à vivre !
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Un œil, un œil vrai, ce n’est rien qu’un peu d’eau, un peu de tissu, si peu. Mais, de tout l’univers matériel, l’œil est la seule parcelle où l’âme se laisse percevoir presqu’à découvert. A travers la périssable substance de l’œil, nous devinons tout l’autre monde.
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L’homme veille, allongé dans son lit. Il ne sent ni ses membres engourdis, ni le souffle de sa gorge, ni les pas mesures du fidèle gardien, dans la poitrine, ni le ruissellement du sang à travers toutes les provinces de la chair. Il veille : il est seul dans le silence et dans le noir. Il veille, et sa pensée, si sereine, si pure, est l’âme même de la nuit silencieuse.
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LES ERISPAUDANTS
À LÉON COLMAR



extrait 6

 Quand il aperçut pour la première fois un melon, le grand
chef Baba déclara : « J’en veux, de la ronde boule ! » Et quand,
fermant à demi les yeux pour mieux savourer une volupté déli-
cate, le glorieux héros mange une fraise, au printemps, il s’ex-
clame, transporté : « Oh ! c’est la première fois de ma vie que
je mange une fraise cette année.
 Le grand chef Zazou ― grand par le prestige plutôt que par
la taille ― fait un emploi capricieux des adverbes. Va-t-il au
cirque. Il estime : « C’est un beau très, très cirque. » S’il s’a-
muse du spectacle, il avoue : « C’est mieux drôle. » Comme
tous les grands chefs, il est arrogant ; lui fait-on remarquer
qu’il n’a pas réussi telle prouesse du premier coup, il répond
avec aigreur : « Si ! J’ai réussi du premier coup la troisième fois. »

p.247
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LES ERISPAUDANTS
À LÉON COLMAR



extrait 5

 Les endroits où les routes publiques croisent les voies
ferrées portent en Erispaudantie, le nom de « passages
animaux », sans doute parce que la circulation y est ani-
mée. Le ciel sera baptisé « le plafond du dehors » et
l’instrument que nous dénommons, chez nous, le baro-
mètre, deviendra, pour les membres du clan, « la pendule
du beau temps ».
 Qu’un Erispaudant aperçoive du sable, et il s’écrie avec
enthousiasme : « Oh la belle petite poussière ! » Qu’un
Erispaudant cueille une fleur de véronique, une fleurette
d’azur, et il dira, sans hésiter : « Elle s’appelle Mes Yeux. »


p.246-247
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LES ERISPAUDANTS
À LÉON COLMAR



extrait 4

 Comme tous les peuples primitifs, les Erispaudants
disposent, pour exprimer leurs sentiments et leurs
idées, de mots peu nombreux dont les acceptions
demeurent incertaines et le groupement syntaxique
assez arbitraire. Ils inventent, à l’occasion, des termes,
des tournures, des images. Exemples : le cheval, cette
noble conquête de l’ Erispaudant, est parfois appelé
« écureuil », parce qu’il habite dans les écuries, comme
chacun sait.


p.246
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LES ERISPAUDANTS
À LÉON COLMAR



extrait 3

[…]

 les Erispaudants sont farouches ;

[…]

 Les Erispaudants répugnent au régime monar-
chique, car grande est leur superbe et pointilleuse
leur indépendance. Ils revendiquent, tous à la fois,
les titres, les privilèges, les prérogatives de la
royauté. Ils forment une démocratie exception-
nelle dont chaque citoyen fait valoir plusieurs
fois par jour ses droits au trône. Ils n’échappent
cependant pas au principe d’autorité : ils obéissent,
bon gré, mal gré, à des chefs qui ne sont ni choisis
ni reconnus, mais que leur voix perçante signale
et qu’elle prédestine aux honneurs.
 Les plus connus d’entre ces chefs s’appellent
Baba, Zino, Zazou, Poupi, Titi, Coco.

p.245-246
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LES ERISPAUDANTS
À LÉON COLMAR



extrait 1

 À l’extrémité orientale du jardin, par delà les
pelouses, derrière les troènes toujours verts,
entre les framboisiers et la roseraie, habitent les
Erispaudants. C’est un peuple vindicatif, redouté
des explorateurs, peu connu des historiens. Les
coutumes des Erispaudants sont mystérieuses,
leurs exploits légendaires. Par des chants guer-
riers et d’incessantes rumeurs de querelles, ils
jettent le trouble chez les populations limitrophes.
Ils se nourrissent exclusivement de tout ; certains
d’entre eux, au dire des étrangers, ingurgitent
même des boutons de culotte, des crayons, des
billes d’agate ; d’autres absorbent des haricots par
la voie nasale ; d’autres encore, s’il faut en croire
l’éminent professeur Barnabé, semblent trouver
un principe alimentaire dans la succion prolongée
de leur pouce.


p.243-244
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