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EAN : 9782203389816
71 pages
Casterman (23/10/2001)
4.04/5   12 notes
Résumé :

Cartonné. Quadrichromie. Marie-Ange, Museline, Monique : trois jeunes et jolies tapineuses, qui bossent pour le compte d'un sale type. Museline accouche d'un petit garçon qu'elle laisse aux bonnes soeurs, largue le père, et les trois copines tuent le mac. Quelques 30 ans plus tard, on retrouve les trois femmes à Bordeaux. Marie-Ange a élevé Raphaël, le fils de Museline, elle-même toujours prostituée ; Monique a... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Un ENORME plaisir à lire cette BD !
Y a pas à dire, ils ne font pas dans le délicat Nicolas Dumontheil & Eliane Angeli ; ça gueule, ça bastonne, ça s'insulte copieusement mais ça forme une sacré communauté.
Le lecteur est projeté "dans le bain" dés la première...bulle !
En ce mauvais jour de 1975 un mac annonce à ses trois "filles" qu'il les transfère à Bordeaux. Museline hurle qu'elle n'ira pas et se fait tabasser. Enceinte "jusqu'aux yeux" elle accouchera en urgence. L'enfant, elle dira à son proxénète qu'il est mort mais ses deux copines savent ce qu'il en est. Donc elles iront à Bordeaux, par le train. Museline y tuera son mac. Fin du prologue : les pièces du drame sont mises en place.
La suite, ce sera vingt six ans plus tard, dans le quartier de Bacalan, quartier où la misère et la racaille trouvent asile sous le pont d'Aquitaine.
C'est un quartier interlope dont chacun des personnages est décrit tant par le dessin que par le texte avec humanité ; même en utilisant les clichés, en forçant la caricature , ils sont crédibles avec leurs trognes et attachants avec leurs tares. C'est de la graine de racaille : ils sont sur leur terrain et leurs vies ne manquent pas de piquant. "La Museline c'est le centre économique du quartier", la star ! Et comme une star, son entrée dans le récit est particulièrement ...percutant ! Elle est dégoulinante de graisse et brillante d'intelligence. le drame va se nouer un soir de concert de rap dans un bar du coin. de tableau caricatural on bascule dans la tragédie.

C'est très noir et très haut en couleurs. Nicolas Dumontheuil nous fait passer de l'éclat doré de la journée aux bleus gris glauques de la nuit
Chacun des personnages est attachant ; j'avoue une tendresse particulière pour Denis le soulard perpétuel et perpétuel papa-poule de ses triplés noir d'ébène.
La mise en scène est savamment orchestrée comme dans un excellent film noir. Les indices sont aux bons endroits, aux bons moments, sauf que le lecteur ne les voit pas, et pourtant ils sont les moteurs du drame.
Les dialogues sonnent vrais, un peu comme ceux d'un certain Michel Audiard et en quelques mots c'est un désespoir qui se glisse simplement dans une réplique.
Alors se découvre toute la délicatesse qu'ont su apporter ce duo d'auteurs bien cachée au creux d'une intrigue policière qui n'est pas que sordide.
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Bon, je l'admets, dans la veine des poétiques sensibles qui me font me bidonner, avec Fred et Renaud Dillies, Nicolas Dumontheuil est vraiment un chouchou. J'aime tout chez ces gens-là, quelle qu'en soit la période, des prémices au dernier cru, tout est délicieux, permissif et raffiné. Même dans le salé ! "Le Singe et la Sirène" n'y coupe pas.

En matière de salé, on est servi ici. Huit insultes dès la première page. La discourtoisie est de sortie, alliée au bestial, au licencieux et à l'incivil. Ça secoue les carcasses d'entrée de jeu, et pour quel plaisir de lecture ! On se laisse attraper dès l'entame du livre. Un guet-apens subtil, d'autant qu'un deuxième tome existe. Malin le singe.

La première prouesse se trouve ici : on aime ce monde trépidant, en proie à une continuelle agitation ! C'est fou de brosser des personnages grossiers, caractériels, benêts et misérables, sans qu'ils ne provoquent de rejet de la part du lecteur. On y adhère complètement. On en veut toujours plus, tout connaître d'eux, suivre leurs déboires. Les destins sont tragiques, les mistoufles tenaces, peu importe, l'attrait est tel qu'on se met à les aimer ainsi, le trait est tel qu'il fait tout passer, peines et vacheries.

Le ton du livre n'est donc en rien celui d'un drame lourd, l'atmosphère ne pèse pas, on ne s'embourbe jamais, au contraire, tout sonne comme un pamphlet social lumineux, impertinent, un brassage vivant, électrique, énergique et crédible, de petites gens aux abois, bien décidés à trouver une solution au "Métro, boulot, bistro, mégots, dodo, zéro" de Pierre Béarn.

Autre joie appréciable, côté dialogues, les phrasés sont travaillés, la langue généreuse. L'argot des anciens côtoie la culture urbaine d'aujourd'hui. Rap, chansons paillardes, jargons ethniques, tout sonne juste, on s'en régale. Ça sent le vrai et participe à l'immersion dans cette banlieue de Bordeaux.

L'intrigue est noire, cruellement noire, la trame contemporaine et savoureuse. Une belle brochette de tarés, qu'on espère retrouver dans "Le Singe et la Dame blanche" avec autant de précision. En attendant, cette proposition se lit avec gourmandise, construite et bouclée, elle se suffit à elle-même. Un belle collaboration entre Eliane Angeli et Nicolas Dumontheuil.
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Bien sûr que le sujet est glauque mais il mérite qu'on s'y intéresse pour peu qu'on éprouve un peu de compassion pour ceux qui vivent dans les difficultés de la banlieue. Il est vrai que cela peut faire cliché par moment avec des expressions bien de la cité sur fond de rap.

Je suis époustouflé par la dureté de cette histoire. Point de concession infantilisante ! C'est également l'un des récits les plus tristes que j'ai pu lire jusqu'ici.

Cette bd mérite amplement le détour même si le dessin est difficile dans son approche. Pour un public averti !

Le second tome est cependant celui de trop, plutôt décevant par rapport au premier opus. Conseil au lecteur: s'arrêter après le premier tome qui se suffit à lui-même pour éviter la désillusion...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
- Kalash il est de mèche avec la Mafia ?
- Tous les russkofs c'est la Mafia ! Kalash, c'est le chef ! A la bonne vôtre !
- Il a jamais pu piffer les négros ! Les chinetoks c'est pire ! Et les youpins c'est même pas la peine !
- Y a des juifs , ici ?
- C'est Charles Bronson Kalash ! Il a mangé des noirs un jour ! En Afrique ! Ouais ! Il m'a raconté !
- Charles Bronson il mange des noirs ?
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- Un parricide ! C'est un parricide !
- Qu'est-ce y a ?
- C'est les triplé qu'ont fait le coup !
- Quel coup ?
- Voilà ce que c'est ! Mes propres fils qui me volent ! Chez moi ! ...Alors qu'on s'est saigné aux quatre veines pour eux ! Aux cinq veines même !
- Tes fils...Tes fils...C'est vite dit !
- Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Monique et toi, vous avez fait des noirs !?
- Et alors ?! Tas de foireux ! Le METISSAGE ça s'appelle !
- ça s'appelle COCU!
- QUOI ?
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- On vole ses vieux ? On fait accuser un pote ? On baise avant l'entraînement ?
- Le vol, c'est pas un vol ! L'argent des vieux c'est comme le nôtre ! La famille, c'est sacré !
- Et les potes ?
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L'amour est la Sirène, entraînant le pêcheur qu'ensorcelle son chant, vers le sable sans fond.
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