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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Rien, Katherine Dunn ne se refuse rien dans Amour monstre. Ressemblant à un immense moment de liberté, ce bouquin raconte l'histoire d'une famille à la tête d'un cirque qui parcourt l'Amérique. Une famille déjantée et hors norme, des véritables phénomènes de foire qui mettent à profit leurs tares génétiques pour susciter chez le public un engouement irrationnel voire dérangeant.
Si le récit se déploie dans un mouvement de balancier entre deux périodes suggérant que les Binewski aux tempéraments exacerbés ont quelques centaines de pages plus tard périclité, on est avant tout fasciné par le portrait et l'ascension de cette famille extravagante. Une famille soudée dont on suit jusqu'à la démesure les débordements affectueux autant que les luttes intestines et laissent le sentiment de contempler une toile aux couleurs féroces.
Katherine Dunn ne nous épargne rien : une écriture franche et sans inhibition, des remarques étonnantes et des scènes détonantes, l'ensemble témoigne d'une belle assurance. Mais pas suffisamment pour bien maîtriser la construction du récit. En tout cas pas assez pour neutraliser le lien un peu lâche entre les deux époques, un lien qui ouvre sur une autre intrigue un peu moins convaincante.
L'auteure américaine aurait pu se contenter de décrire uniquement la folle destinée des Binewski, leurs guerres et étonnants sursauts nourrissant l'essentiel du récit. Il n'en fallait pas plus pour alimenter la morale qui se cache à peine dans cette fiction. Car bien entendu c'est le genre de récit qui invite à une réflexion sur la normalité et le regard que l'on porte sur la différence. Les monstres et les misérables ne sont pas forcément ceux que l'on croit.

Lecture agréable ?...hmm difficile à dire. Katherine Dunn introduit tant d'étrangeté dans le roman que l'on sort de cette lecture un peu désarçonné. L'auteure exploite sans scrupule les clichés sur les «freaks», tirant parti de la fascination que ces être difformes exercent et l'idée qu'ils incarnent une forme de déviation, de perversion, ou encore de communauté à part. Vraisemblablement Dunn ne recherche pas l'empathie, ce qui fait que les personnages ne prétendent surtout pas à l'affection du lecteur. C'est bien ça le plus perturbant, écrit sans aucune limite, ce roman ne convoque nullement l'humanité des personnages et nous met dans la position de voyeur malmené.
Roman qui exerce une force d'attraction réellement déconcertante.
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Qu'est-ce que la « normalité » ? C'est la grande question que nous pose Katherine Dunn lorsqu'elle écrit « Amour monstre » en 1989. Ce roman, devenu culte et publié tardivement en France (en 20016), raconte l'histoire d'une famille hors norme. Aloysius (dit Al) et Crystal (dite Lil) dirigent un cirque itinérant : le Binewski's Carnival Fabulous. En visitant une roseraie, ils ont l'idée de fonder une famille de « phénomènes ». Usant et abusant de drogue, radiation et autres méthodes pour le moins originales, ils vont donner naissance à une fratrie détonante : Arturo (Arty), l'homme-poisson, Electra (Elly) et Iphigénie (Iphy), les magnifiques siamoises jointes par la taille et partageant une seule paire de jambes, Olympia (Oly), naine albinos et chauve, et Chick, le petit dernier pas si normal qu'il y parait.

C'est Oly qui nous raconte leur parcours. Nous la découvrons 20 ans après les faits qu'elle va nous livrer. Vieille avant l'âge, elle habite incognito un appartement miteux d'un immeuble géré par une vieille dame qui semble frappée d'Alzheimer et dont l'autre appartement est habité par une belle jeune femme Miranda. Nous apprenons rapidement qu'Oly veille ainsi sur sa mère et sa fille sans que ni l'une ni l'autre ne sache qui est Oly. Chaque partie commence par des « notes pour l'instant présent » que la narratrice écrit pour sa fille Miranda, avant de nous plonger dans la chronologie de ses souvenirs.

Rapidement le lecteur est happé par ce récit d'un monde où l'anormalité est la norme. Élevés dans l'amour, le partage et la solidarité malgré leurs divergences, les enfants Binewski se révèlent attachants. Après une entrée en matière en forme de douche froide on va découvrir progressivement l'univers et les secrets de cette famille. L'habile construction de l'histoire par Katherine Dunn nous distille petit à petit le quotidien du cirque tout en restant extrêmement centrée sur la psychologie des différents membres de la famille Binewski, comme s'ils étaient en autarcie. Entre curiosité et voyeurisme on se demande ce qui fait qu'on n'a pas envie de lâcher ce livre. Car l'écriture est dense, le texte très serré, certains passages s'avèrent difficiles à lire, à appréhender, à digérer. Et si l'amour est omniprésent au sein de la famille, la jalousie ne l'est pas moins. On est fasciné par la cohésion au sein de cette famille, au sein du « Fabulous ». Alors que la famille se transforme, qu'une forme de religion ou de comportement sectaire se met en place autour d'Arty, on se dit que les plus barges ne sont peut-être pas les « phénomènes » mais ceux qui sont prêts à n'importe quel sacrifice pour intégrer leur monde et se faire aimer d'Arty, que les « normos » sont peut-être plus « anormaux » que les « monstres » de la famille Binewski.

Le style de Katherine Dunn est souvent cru, parfois poétique (comme ces titres de chapitre souvent à double sens). Prenant des accents parfois lyriques ou surréalistes, elle dresse le portrait d'une famille monstre (et non pas monstrueuse) par la taille de l'amour qui les soude et par la puissance des sentiments qui va les briser. Par là-même c'est une humanité mise à nu qui instille au sein du lecteur un trouble parfois dérangeant. Et finalement, au-delà du regard que nous posons sur ces « monstres » n'est-ce pas celui que nous posons sur le handicap dans notre société qui est questionné ?

Si la troisième m'a semblé trainer un peu en longueur et que j'ai regretté qu'il n'y ait pas plus de « notes pour l'instant présent », lesquelles donnent au roman un petit goût de polar, j'ai été touchée, parfois bouleversé, parfois horrifiée, par ces destins incroyables, hallucinants, tout en étant émue par un final où culmine l'amour qui a présidé à la naissance de la fratrie des Binewski.

Bref, une lecture aussi hors norme que les personnages qui y sont évoqués, qui me laisse une forte impression et des sentiments mitigés, mais que je recommande fortement. Sans oublier le plaisir de l'avoir partagée avec @Cricri08, @Zazaboum @Valentynem et @Sharon

NB : Extrait de Wikipédia :
« Un monstre humain désigne, dans le langage courant, un être humain atteint de malformation congénitale, ou d'un désordre génétique, du développement, ou une maladie causant des formes extrêmes de difformité ; Joseph Merrick, dit « l'homme éléphant » étant un exemple représentatif de ce dernier cas. Les « monstres » ont été présentés ou se sont produits dans des spectacles forains, des cirques ou des zoos humains en tant que phénomène de foire ou curiosités médicales. Jugées dégradantes, ces exhibitions ont été interdites en Europe, à la fin du XIXe siècle, elles perdurent aux États-Unis sous le terme de freak show. L'étude des différents cas de monstruosité humaine entre dans le cadre de la tératologie."
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Je viens tout juste de terminer ce pavé et je flotte encore... Une plongée dans l'univers intime d'une famille qui sillonne l'Amérique avec leur cabinet des curiosités. C'est que les parents Binewski ont fait bien des expériences avec diverses substances, afin de s'assurer d'avoir les enfants les plus étranges. Il y a d'abord l'aîné, Arty, qui est muni de nageoires et qui se donne en spectacle dans un grand bassin d'eau. La narratrice, Oly, naine chauve albinos. Et puis les siamoises, deux têtes, deux bras, deux jambes, collées à jamais par le bassin... Et puis le p'tit dernier, Chuck, qui lui a la capacité de déplacer les objets... Une drôle de famille, mais aussi une drôle de dynamique. Un père qui pense aux entrées, une mère qui décline jusqu'à la folie, le plus vieux, un brin tyrannique et qui, par la force des choses, deviendra le symbole de la diversité, des laissers pour compte... Mais ce livre est une ode à la particularité, peu importe de quelle façon elle se manifeste... Et nous parle d'une très belle façon de l'acceptation de soi et du laisser aller face aux préjugés et regards des autres... Encore un très bon Gallmeister...
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Laissez-moi vous présenter une famille américaine hors du commun : les Binewski. Pourtant, si l'on se contente de dresser leur état civil, ils peuvent passer pour une affaire ordinaire : le père, la mère et les cinq enfants, deux garçons et trois filles. La maman a pris de nombreux traitements pour avoir ses enfants, et c'est là que l'on commence à sortir de la norme de l'american way of life. En effet, elle a absorbé tout ce qui était absorbable pour avoir des enfants hors du commun, monstrueux pour reprendre le titre : un fils sans membres mais avec nageoires, des siamoises, une naine bossue et albinos... Un seul garçon paraît normal, heureusement pour lui, il ne l'est pas : ses parents ont un souci avec la norme. Dernier point : ils sont des artistes de cirque et leurs enfants sont, en quelque sorte, les membres les plus fameux de leur troupe.
Nous les suivons, entre passé et présent. C'est Oly, naine et bossue, qui nous conte l'histoire de sa famille, nous fait rentrer dans leur intimité, sans rien nous cacher. Pour certains passages, il faut être bien accroché, ne pas être (trop) sensible. Chick, le petit dernier, l'est. Il est très attachant, je tiens à le dire. J'ai souvent eu l'impression qu'il était négligé, incompris, lui qui semble, extérieurement, si ordinaire.
Le présent, c'est Oly, toujours. Oly rencontre une femme qui est elle aussi un pur produit de l'Amérique. Miss Lick est riche, très riche, grâce à l'entreprise de son père, et elle s'est mis en tête de faire le bonheur d'autres femmes. Féministe ? Je vous laisserai juge, si vous avez le courage de lire ce livre : dans ma PAL depuis sa sortie (soit 2016), il m'a fallu deux faux départs puis une lecture commune qui s'est avérée salvatrice pour réussir à le terminer !
Amour monstre, un livre qui porte très bien son titre.
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"Amour monstre" ne va forcément pas plaire à tout le monde. C'est un livre dérangeant, mais j'ai rarement été aussi absorbée que pendant sa lecture.
Les Binewski, grands artistes de cirque, ont décidé de créer leur propre famille de freaks, à coups de radiations et de cocktails pharmaceutiques. Et le succès est au rendez-vous, au point que les enfants grandissent dans l'idée que la normalité est une tare qui afflige la plupart des gens, les "normos". Leur différence, leur arme contre le monde, va pourtant se dresser entre eux. Car il restent terriblement humains, et la jalousie s'installe, l'envie d'être encore plus exceptionnel...
Difficile de résumer tous les sujets abordés par ce roman dense et hypnotique. le lecteur se retrouve comme l'un des spectateurs du spectacle, à contempler sans pouvoir détourner les yeux le ballet des liens familiaux, des jeux de pouvoir et de manipulation, qui se tendent jusqu'à la rupture...
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Fascinant. le seuil de lecture est assez long à franchir car se déroule dans le présent de la protagoniste, alors que la majorité du livre retrace son passé et celui de sa famille ; il est cependant à la réflexion nécessaire pour bien mettre en place les enjeux et surtout l'ambiance, glauque, oppressante mais marquée de petits moments lumineux, qui nous suivra pendant tout le roman. L'écriture est magnifique même dans les moments les plus trash et horrifiants ; la narratrice reste difficile à cerner tout du long, alternant entre se dévoiler et nous échapper complètement, en un bel écho de tout le thème du livre.
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Dans ce roman, Katherine Dunn (1945-2016), l'auteur nous raconte l'histoire d'Olly et de sa famille.

La narratrice est Oly, naine bossue et albinos, généreuse et emplie d'admiration pour son frère Arty (l'Aquaboy). Mais les membres de sa famille, les Binewski sont jaloux les uns des autres et prêts à tout pour obtenir le plus de succès auprès du public.

Arty est une sorte de gourou suivi par des milliers d'admirateurs voulant devenir un monstre comme lui. Il a du charisme, de l'ambition et une jalousie dévorantes.

Autour de lui gravitent le Dr P, chirurgien de l'extrême, Horst, un dresseur de fauves, Mac Gurk un inventeur de génie, Norval Sanderson, un journaliste, l'homme au sac etc...

En lisant ce roman un peu loufoque j'ai pensé à la Famille Adams, au "Magasin des suicides" de Jean Teulé, et à des passages de romans de Boris Vian...


Lien : http://www.unebonnenouvellep..
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Ce roman m'a laissé une grosse sensation de malaise.
Je suis entrée dans l'intrigue tout de suite, j' ai beaucoup aimé l'ambiance, la plume, les personnages.
Et puis, à partir du moment où, autour du frère aîné, se crée une secte d'amputés volontaires, j' ai trouvé que ça partait vraiment en sucette et ça m'a mise très mal à l'aise.
Ce roman, magique et merveilleux au début, voire parfois drôle et absurde, devient glauque, malsain, sombre au fil des pages et le demeure jusqu'à la fin.
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L histoire d une famille de cirque parcourant l Amérique a un énorme détails prêt la famille est une famille de Freaks rappellant un peu le genialisime film de tod browning des années 30 .
Un livre tout comme ce film que l on ne peut oublier satisfait ou pas
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Roman violent, pour lectorat prévenu.

En effet, si vous désirez savoir comment soigner un cheval dont les sabots ont pourris, lisez ce livre. Pour comprendre comment un assassin, ayant raté son assassinat, puis ayant raté son suicide, devient un monstre de foire, ce texte est fait pour vous. Si vous désirez apprendre quelques trucs de chimie de base afin d'envoyer aux cieux votre "meilleure amie", une nageuse deux fois plus grande que vous, alors trouvez la recette dans la 4e partie du récit. Pour comprendre comment des gens en viennent à vouloir se faire amputer des orteils pour leur propre bonheur, arrachez vos méninges et laissez tomber le bon sens en tournant les pages de ce conte gothique. Si la description de monstres flottant dans le formol ne vous effraie pas, c'est entre les pages 65 et 75 que vous trouverez votre bonheur.
Je continue?

Texte brutal, mettant parfois le lecteur mal à l'aise, tant pas le choix des mots employés que par les images qu'il permet d'imaginer, GEEK LOVE dans son titre original, pose finalement la question de savoir qui est le monstre et qu'est ce qui fait le monstre? Les monstres sont-ils capables d'amour? Ont-ils, de manière générale, des sentiments?

Construit sur deux périodes, la jeunesse itinérante d'Olympia Binewski (0-19 ans) puis la vie d'animatrice radio de la même, désormais connue sous le nom de Hopalong McGurk (38 ans), le récit monte en puissance dans l'abject et le glaçant, les descriptions se faisant plus morbides et plus crues au fil des pages. On saute entre les deux périodes, la secondes étant affublée de l'étiquette 'considérations actuelles' en tête de chapitre. Chapitres qui, soit dit en passant, ont des titres très inspirés... Je vous laisse voir.

Globalement, le récit se tient et l'intrigue, bien que capillotractée, se déroule sans à-coup. On sent toutefois que certains personnages ont été créées pour permettre au récit d'avancer d'une cinquantaine de pages; c'est un peu dommage, même si cela donne un peu plus d'ampleur au livre (je pense par exemple à l'histoire de Vern, qui pourrait être totalement retirée sans que cela ne change grand-chose à l'histoire dans sa globalité).

Bref, UN AMOUR DE MONSTRES est un sympathique divertissement, proposant quelques juxtapositions de mots éclatantes, et qu'il faudrait lire deux fois pour bien en saisir toute la profondeur. Problème: je ne sais pas si j'ai envie de remettre le nez dans les désirs tératologiques d'Aloysius Binewski...
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