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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un livre qui porte bien son titre !! Tout y est monstrueux, l'amour, la haine, les humains et les actes ! Un livre psychédélique qui malgré son côté sans tabou et sans retenue est accrocheur et fascinant !

Les parents Binewski ont de grandes idées pour faire marcher leur cirque ambulant : la mère se défonce avec tout ce que son mari trouve, du speed à l'alcool en passant par les anti-dépresseurs et les radiations, afin de donner naissance à des monstres qui seront attractifs !

L'ainé est une sorte de larve dotée de nageoire, d'un caractère déterminé, manipulateur et sans scrupule ; les puinées sont siamoises, musiciennes aux caractères opposés et Olly, la naine albinos sans talent particulier au regard de sa famille ! Chick, à priori normal, rejoindra la troupe familiale un peu plus tard et sa monstruosité ne sera pas sans conséquence, même si elle n'est pas visible !

Lu en lecture commune, à des vitesses diverses et même si les avis divergent un peu, la fascination exercée fut la même ! Une envie d'aller plus loin dans la découverte de ce dont cette famille est capable, voir jusqu'où l'auteure peut aller sans tomber dans le voyeurisme. le tout est totalement immoral, sans concession sur la bêtise humaine et la manipulation des uns par les autres. le tout est très déjanté mais bien écrit et sait retenir l'attention à moins d'avoir choqué les sensibilités que certains peuvent avoir.

Pour moi c'est une très bonne lecture, j'ai été scotchée du début à la fin ! Je remercie mes co-lectrices avec lesquelles j'ai passé de bons moments !

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Lecture Commune Cricri08 – Krissie78 – Sharon - VALENTYNE
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La rentrée littéraire commence doucement sur le blog avec le roman le plus original de cet évènement, un roman comme on en lit une ou deux fois dans sa vie, un roman qui mélange l'étrange, l'émotion et même parfois le thriller. La collection Americana des éditions Gallmeister se pare d'un nouveau roman qui ne pourra que vous surprendre : Amour Monstre ou Geek Love pour les intimes.

Imaginez qu'un père décide de fabriquer ses enfants, avec le consentement d'une mère elle aussi excitée à cette idée : créons des monstres et redonnons ses couleurs au cirque du genre ! "Comme elle disait souvent : Quel plus beau cadeau peut-on faire à ses enfants que la capacité intrinsèque à gagner leur vie en étant simplement eux-mêmes ?". Quelle idée bizarre voire malsaine me direz-vous ! Et j'ai pensé exactement la même chose : est-ce de l'amour ou de la folie ? Pourtant c'est ce sentiment si fort d'appartenance à l'extraordinaire qui fait de cette famille, une famille unique... Mais la compétition est rude pour être le premier dans le coeur des parents et des spectateurs...

La narratrice est Oly, une naine bossue et albinos. Atypique non ? Et cependant elle est considérée comme la moins intéressante de la fratrie, comme celle qui ne sert qu'à présenter les autres, à les mettre en avant. Peu lui importe car elle est fascinée à l'extrême par son grand frère, Arturo l'Aquaboy, ce dernier complètement rongé par sa jalousie et son désir d'être admiré. Un désir qui le mènera parfois à vouloir tuer la concurrence... Il y a bien sûr les deux parents : la mère qui aime tant ses enfants et le père qui souhaite aller toujours plus haut et plus loin et qui refuse toute forme de normalité. Il y a les soeurs siamoises : fascinantes et attirantes pour ceux qui aiment le style. Il y a aussi le petit nouveau : Chick... le lecteur est ainsi tiraillé entre répulsion et fascination, attaché parfois à certains personnages et puis d'un seul coup écoeuré par certains de leurs agissements. C'est vraiment très bien maitrisé par l'auteure !

Ce que j'ai aimé par dessus tout dans ce livre c'est sûrement le fait de suivre Oly des années plus tard alors qu'elle vit dans le même immeuble que sa fille (qui ne connait pas son existence) et sa mère (qui ne la reconnait pas du fait de sa déficience visuelle). Elle se rattache à ce qui fût et le lecteur ne peut que se demander quel a été le drame qui a amené la mort des autres membres de la famille Binewski. C'est une histoire remplie de sentiments très forts, de mystère quant au dénouement de l'histoire passée et de celle présente. le balancier entre ce qui fut et ce qui est, est ce que j'ai préféré durant cette lecture.

Jacques Mailhos, un des grands maitres de la traduction Gallmeister, est au meilleur de son art et réussit avec maestria à retranscrire l'écriture, le style fluide et addictif de Katherine Dunn. Cette grande romancière est décédée cette année mais a laissé derrière elle une oeuvre immortelle dont ce sublime roman.
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Découvert au détour du Challenge Etats-Unis auquel je participe, ce roman a été une franche surprise, jusqu'à se hisser dans mes coups de coeur lecture de l'année – et je dois dire qu'il n'y en a pas beaucoup en 2019, gageons que les derniers mois changent la donne – .

Nous sommes projetés dès le premier chapitre dans un univers carnavalesque qui met en question les notions d'altérité et de monstruosité, et ce par l'intermédiaire d'un ton on ne peut plus noir et grinçant. Ce ton, c'est celui d'Oly, cadette de la famille Binewski, dont Al, le père, possède un cirque qui voyage à travers les Etats-Unis, cirque familial qui va devenir une foire aux monstres éminemment célèbre. Naine et albinos en raison d'expérimentations chimiques faites durant les grossesses de sa mère, Lil, – les autres enfants ont également leur propre altérité physique ou psychique -, elle nous raconte en effet l'histoire de sa famille hors norme, de sa naissance par l'arrivée du premier enfant, Arturo, jusqu'à sa chute par le drame dont le même Arturo va se rendre responsable environ deux décennies plus tard. Entre les deux, une série d'évènements qui mettent au centre l'amour fraternel et l'orgueil poussés à leur extrême le plus glauque, et qui renversent tous les codes de la normalité telle que l'entendent les « normos », ceux qui ne font justement pas partie de la famille ou de son entourage.

Tout au long du roman, l'on oscille entre passé et présent, entre l'histoire de la famille au sein du cirque jusqu'au drame, et l'histoire d'Oly après ce même drame – je n'en dirai pas plus pour ne pas gâcher trop d'éléments de l'intrigue -, entre acceptation, voire glorification, et rejet de la monstruosité dont la majorité des personnages du roman est tributaire. Cette oscillation se fait avec beaucoup de fluidité et m'a rendu la lecture franchement captivante, au point d'avoir du mal à laisser de côté le roman pour vaquer à mes autres occupations. Je suis d'ailleurs ressortie étonnamment émue de cette histoire douce-amère, m'étant attachée à Oly et à sa famille au fil de son récit, comme si, au fur et à mesure, le renversement des codes décrit dans le roman s'était insinué en mon esprit et me faisait prendre à nouveau conscience de la relativité des êtres et des choses…
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Lire "Amour monstre", c'est un peu comme faire plusieurs tours de grande roue à deux cent à l'heure et en ressortir le cerveau décapé, les repères au diable vauvert et les constructions mentales complètement chamboulées : une expérience de lecture absolument unique, à de nombreux égards.
D'abord parce que sur le thème du freak, du cirque, on ne s'attend vraiment pas à un tel niveau de qualité littéraire. Cela a été ma première grande surprise de découvrir dès les premières pages un récit finement construit, original dans ses angles narratifs, servi par une plume pleine de caractère et d'épaisseur. Impeccable sur la forme, donc.
Ensuite, parce qu'un auteur qui se permet de renverser les codes à un tel point, ça ne se croise pas tous les jours. Se faire culbuter les croyances et décoiffer les biais cognitifs, à partir d'un certain niveau ça ne se refuse pas.
Jugez-en plutôt, et ce sera mon troisième égard : parce que l'histoire en elle-même est une trouvaille dingue et géniale, et qui plus est elle donne à réfléchir.

Naine et bossue, Olympia porte le lourd poids d'être une enfant un peu ratée : elle n'a pas les puissantes nageoires de son grand-frère, la singularité de ses soeurs siamoises ni la capacité d'agir physiquement sur n'importe quelle chose de son petit frère Chick. Mais elle a Miranda, sa fille, si belle et si séduisante avec sa petite queue. Quand cette dernière, devenue adulte, se laissera convaincre de se la faire enlever, Olympia entre en scène. Et raconte comment tout en est arrivé là.
Et nous voilà partis dans l'histoire de cette famille de monstres, créés en toute conscience par les parents pour disposer d'attractions uniques pour le cirque itinérant qu'ils dirigent. Naîtront tour à tour les susnommés, l'affaire prendra de l'essor à mesure que l'aîné prend le pouvoir sur la famille et sur la cohorte de spectateurs "normos" qui viennent l'acclamer comme le nouveau messie.
C'est là que réside tout le génie de cette parabole déjantée sur la nature humaine : ce ne sont pas que les aspects esthétiques qui sont renversés mais aussi les valeurs, les croyances, les aspirations : aux yeux de la famille Binewski, ce sont eux qui rayonnent au milieu des "normos" affligeants de banalité, le mal est bon, la manipulation des foules parfaitement honorable, et plus l'aîné devenu gourou malmène ses adeptes, plus ils viennent en masse se faire charcuter orteils, puis pieds, puis membres entiers dans un élan cathartique halluciné.

Jubilatoire, malaisante, estomaquante, troublante, mais aussi touchante histoire d'une fratrie et famille aimante et soudée pour le meilleur, mais surtout pour le pire : malgré quelques longueurs, j'ai adoré.
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Livre culte aux États-Unis depuis sa publication en 1989 et roman préféré de Tim Burton, Amour monstre de Katherine Dunn nous présente la famille Binewski, les propriétaires d'une fête foraine itinérante qui ont engendré volontairement des enfants monstrueux pour éviter de faire faillite.
Mais ne vous méprenez pas : aucun voyeurisme malsain ni mélo larmoyant dans ce roman mais une manière fantaisiste, satirique, exubérante et profondément romanesque d'interroger la normalité.

La narratrice est Oly, une naine chauve et albinos qui voue un culte malsain à son frère homme-poisson cruel et manipulateur. La famille se compose également de deux parents "normaux", de deux soeurs siamoises belles et musiciennes et d'un petit frère doté d'étonnants pouvoirs.
Mis à part ces particularités physiques, la famille Binewski est une famille américaine classique. Les parents sont emplis d'amour et les surnomment " nos jolis rêves", ils mangent des céréales au petit déjeuner et font tourner leur entreprise avec bienveillance envers le personnel.
Tout juste à la marge, lorsqu'ils envisagent d'abandonner dans une station service un bébé au physique un peu trop normal !
En inversant les codes, l'auteure interroge avec talent sur la monstruosité et la normalité, la beauté et la laideur, l'ordinaire et l'extraordinaire. D'ailleurs ces freaks ne sont des monstres que parce qu'ils sont exhibés comme tels . Et on est très loin de l'exploitation obscène d'un John Merrick ou de la cruauté voyeuriste des foires aux monstres.
Ils tirent profit de leur monstruosité parce que c'est leur mode de vie, mais n'en souffrent pas. Oly déclare ainsi :
" Chacun d'entre nous est unique. Nous sommes des chefs-d'oeuvre. Pourquoi voudriez-vous que je souhaite que nous devenions des produits fabriqués à la chaîne ? Vous la seule manière dont on peut vous distinguer les uns des autres, c'est grâce à vos vêtements. "

Bien plus que les infirmités, Katherine Dunn nous montre une famille en proie à des sentiments exacerbés, des rivalités entre fratrie, des jalousies et des haines qui débouchent sur des comportements monstrueux.
Combien de familles de" normos" comptent dans leurs rangs des incestueux, des parricides ou des fratricides ?
Si les comportements de la famille Binewski peuvent choquer, ce n'est pas tant parce qu'ils sont physiquement difformes, mais tout simplement parce qu'ils sont humains et que, confrontés à des traumatismes ou des circonstances exceptionnelles, un humain peut se transformer en monstre.

On retrouve ce questionnement de la normalité dans le récit de l'arturisme, cette secte fondée par Arturo, l'Aqua Boy.
Devenu predicateur charismatique et manipulateur professionnel, il enregistre des milliers de disciples qui souhaitent ardemment se faire mutiler. Tous se soumettent avec extase à des opérations chirurgicales, visant à se couper des membres les uns après les autres jusqu'à la perfection spirituelle de l'homme-tronc.
La monstruosité physique comme apothéose de l'individu et remède au mal-être ?

Dans ce roman flamboyant et burlesque, dans cette saga familiale hors- normes qui interroge, on retrouve la fantaisie et la lucidité d'un John Irving.
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Une lecture parfois éprouvante mais toujours fascinante.
J'ai lu deux fois le chapitre 1 tellement il est dense. Il concerne la présentation des personnages : Arty (Arturo) est un enfant poisson ; Iphygenia et Elly (Electra) sont des soeurs siamoises. La narratrice Olympia (Oly) est une naine albinos. Chick (Fortunato) est un enfant normal : il a failli être abandonné à la naissance tellement son père et sa mère voulaient un « monstre ». Ces parents « indignes » sont responsables d'un cirque et pour eux avoir des enfants « monstrueux » est un gagne-pain. Nous sommes donc aux USA dans les années 80, dans un monde séparé avec d'un côté les freaks, de l'autre les « normos ».

Le deuxième chapitre se passe bien plus tard : Oly, la narratrice vit dans une pension.
Sa mère tient cette pension mais, aveugle, elle ne sait pas que la pensionnaire de la chambre 21 est sa fille. On y append aussi que Miranda, la pensionnaire de la 35, est la fille de la narratrice mais ne sait pas non plus que la narratrice est sa mère.
On apprend aussi très rapidement que tous les frères et soeurs d'Oly sont morts (mais on ne connaît pas les circonstances).

Comme cela cela a l'air alambiqué mais l'auteure sait très bien nous faire naviguer d'une époque à l'autre.

Dans le présent, Olympia nous raconte sa rencontre avec Miranda.
Les souvenirs d'enfance sont eux racontés de façon chronologique.

C'est un roman parfois un peu glauque mais qui m'a fait me poser des questions sur la notion de « normalité »
Arty par exemple est monstrueux aussi bien sur le plan physique que moral. le petit frère Chick est normal sur le plan physique mais assez effrayant sur le plan psychologique (en même temps avec la famille qu'il a, difficile de s'en sortir indemne) . Il est touchant et on a envie de la secourir.
Au fil des chapitres, on sent donc monter le drame, inéluctable et impressionnant.

Bref un roman époustouflant…
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L'intrigue de ce roman est assez simple : al et Lil Binewski, un jeune couple follement amoureux, se débattent pour sauver l'entreprise de Al, un carnaval itinérant. le plan d'al est basé sur une stratégie solide de marketing : il va donner aux gens ce qu'ils veulent en créant son propre spectacle de monstres.
Son épouse, Lil, est une acrobate qui a été forcée d'abandonner sa carrière après une chute. Tous deux sont de vieille souche yankee, avec l'autodétermination et l'indépendance comme devise, la sécurité financière en tête de leur liste d'objectifs de vie.
Le roman commence par l'archétype du bonheur familial : les enfants incitent leur père à raconter l'histoire de la façon dont il a conçu pour la première fois l'idée de traiter Lil avec des médicaments et des isotopes radioactifs afin qu'elle donne naissance à ses "rêves", c'est-à-dire des enfants avec des anomalies congénitales majeures.
En effet Electre et Iphigénie sont des jumelles siamoises, Arty une créature sans bras et sans jambes avec deux paires de nageoires, Olympia un nain albinos bossu et Chick, tellement normal au premier coup d'oeil, que les Binewski (qui méprisent tellement les normes) sont sur le point d'abandonner.
Tous font partie du spectacle et pour seulement un dollar supplémentaire, les curieux peuvent découvrir les résultats d'expériences infructueuses, dont six flottent dans les bocaux d'une exposition spéciale, le sanctuaire de la famille Binewski : Leona, « la fille lézard » ou Janus à deux têtes …
C'est un roman vraiment fascinant avec des oppositions entre normalité et anormalité, la religion traditionnelle (pour l'éducation de Miranda) et le culte sectaire d'Arty, et avec le développement de critiques non déguisées de la société américaine (capitalisme, culte de l'apparence et féminisme extrémiste de Miss Lick).
Le style, le ton ironique de la narratrice Oly et le vocabulaire choisi sont eux aussi remarquables, car là aussi, ce n'est pas la norme. L'autrice n'emploie ni les tournures, ni les termes habituels ou les plus courants lorsque les personnages s'expriment, ajoutant un décalage lexical au décalage visuel.
Quant aux relations entre les membres de la famille, c'est … à lire car je ne peux rien dévoiler !
Bref une lecture commune très agréable (merci mes co-lectrices 😉), dérangeante certes mais que je vous recommande !
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Venez rencontrer la vie et le destin de la famille Binewski, propriétaire et conceptrice du cirque qui développe ses propres monstres de foire ! Rires et frissons garantis – et une curieuse sensation songeuse en prime.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2016/08/13/note-de-lecture-amour-monstre-katherine-dunn/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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C'est l'histoire d'une famille de monstres de cirque. En fait, le père et la mère, pour être certains que leurs enfants aient une stabilité financière dans le job, ont expérimenté avec des pesticides ou assimilés pour que tous leurs enfants soient déformés physiquement. L'histoire est racontés du point de vue d'Olympia, la naine bossue et albinos. Cela alterne entre des flashbacks où elle raconte l'histoire de sa famille, et le présent où elle espionne sa fille (presque) physiquement normale, qu'elle a confiée à un orphelinat autrefois, sans oser lui avouer qu'elle est sa mère.

Ca a l'air sordide dit comme ça, et ça l'est. Mais très vite, les événements, quoique toujours soumis à une logique interne, deviennent tellement imprévisibles que l'aspect réaliste est en quelque sorte perdu (malgré, de temps en temps, quelques phrases assez dures et lucides sur comment la société voit la difformité). On se retrouve dans un symbolisme effréné, qui permet que l'horreur qu'on ressent devant les personnages détestables, les disputes familiales, l'inceste, l'amoralité, les détails physiques glauques, soit très réjouissants pour l'imagination.

Aussi, c'est vraiment très bien écrit. Ce n'est pas de l'anglais facile, mais il en vaut la peine.

Cela a été traduit en français dans une série horreur/fantastique, et ha ha, je comprends que ça n'ait pas trouvé son public, parce que ce n'est pas une aventure, juste l'histoire d'une famille complètement dysfonctionnelle, mais avec des moments de tendresse presque choquants tant ils sont inattendus ; avec une méditation, qui part parfois en délire, sur les différentes façons d'être un monstre.

Le seul reproche que j'aurai à faire est que la fin est un peu brutale. En fait, les deux fins sont un peu brutales : celle des flashbacks et celles du temps présent. A ces deux moments, j'aurais aimé sortir du cadre strict de ce que sait Olympia.
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Amour monstre... quel meilleur titre Katherine Dunn aurait-elle pu trouver, il y a plus d'un quart de siècle, pour le roman auquel elle aura consacré une bonne partie de sa vie (elle est aujourd'hui décédée) ?

Difficile à imaginer, tant son roman parle d'amour, tout autant que de monstruosité !

"Entrez ! Entrez !" pourrait rugir le bonimenteur que je suis pour vous inciter à entrer dans cette oeuvre monstre. "Venez découvrir l'indescriptible, l'innommable, l'inmontrable ! "

Et si, lecteur potentiel, fasciné par mon boniment et la quatrième de couverture, vous pénétrez sous le chapiteau de ce récit unique, exceptionnel, vous n'allez pas en sortir indemne !

Mené à la première personne du singulier sur 500 pages très denses et sur deux époques par Oly, naine, chauve et bossue, un des nombreux enfants du couple Binewski, le récit de cette famille de freaks fabriqués volontairement par des parents indignes va vous retourner l'esprit et les boyaux.

Si vous êtes normal - vous ! - la violence insoutenable de certaines descriptions et péripéties vous mènera vers la sortie en quelques chapitres, incapable que vous serez d'affronter une histoire auprès de laquelle tous les films d'horreur réalisés depuis un siècle paraîtront de simples récits enfantins.

Si vous avez - comme moi, et sans doute beaucoup d'autres humains - une part d'étrange et d'animal en vous, vous lirez jusqu'au bout cette aventure où l'amour (celui d'Oly, pour son frère, d'abord, et pour sa fille, plus tard) le plus désintéressé côtoie la haine la plus absolue - celle de son frère Arturo, l'absurde homme poisson aux talents multiples.

Brrrr... quel roman étrange, unique, qui aurait sans doute fasciné les romantiques (qu'en aurait pensé Mary Shelley, après qu'elle eut écrit son Frankenstein ?) !

Lire la suite de ma critique sur le site le Tourne Page
Lien : http://www.letournepage.com/..
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